La décision de classer le Polisario dans la liste des organisations terroristes constituera un vrai tournant dans le bras de fer que se livrent le Maroc et le régime algérien sur le Sahara marocain. Elle aura un impact direct sur ce régime en le transformant aux yeux du monde comme un pays parrain du terrorisme.
Le Polisario, bientôt sur la liste des organisations terroristes internationales ? C’est le nouveau frisson politique du moment. Il parcourt la région du Maghreb avec une forme d’inéluctabilité susceptible de changer et d’accélérer le cours de l’histoire. La raison. Des personnalités américaines de premier plan appellent à le mettre sur cette fameuse liste des organisations. En concomitance avec cette évolution, des médias américains d’importance à la crédibilité incontestable confirment l’existence de liens militaires entre la machine de guerre iranienne et les séparatistes du Polisario.
Ces dernières révélations sur l’intérêt stratégique que porte Téhéran au Polisario via Alger confirmées par de nombreuses sources sont largement suffisantes pour dresser le portrait et l’identité terroriste des milices du Polisario. Malgré leurs dénégations officielles, les Iraniens avaient intégré le Polisario dans la gamme de leurs proxys militaires dans le cadre d’une stratégie d’influence régionale. Aux côtés du Hezbollah libanais, des Houtis du Yémen, des brigades populaires d’Irak, le régime iranien ajoutait le Polisario à son arsenal de guerre. Cela s’est fait, selon les médias américains, à travers des camps d’entraînement des centaines d’éléments du Polisario dans la Syrie de Bachar El Assad, cela s’est poursuivi à travers l’envoi des experts militaires du Hezbollah libanais en Algérie pour transmettre leur savoir-faire et leurs expertises militaires aux éléments du Polisario. Les techniques de la guérilla urbaine, la fabrication d’engins volants et d’explosifs, la construction de tunnels… tout le savoir faire guerrier acquis par le Hezbollah dans sa guerre (perdue depuis) contre Israël.
La décision de classer le Polisario dans la liste des organisations terroristes constituera un vrai tournant dans le bras de fer que se livrent le Maroc et le régime algérien sur le Sahara marocain. Elle aura un impact direct sur ce régime en le transformant aux yeux du monde comme un pays parrain du terrorisme. Il faut dire qu’à propos de cette accusation, Alger n’est pas en reste. Dans son conflit avec les pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina), le régime algérien est ouvertement accusé d’abriter, de protéger, d’aider des organisations terroristes dont le seul objectif est de déstabiliser cette région du Sahel.
Avec le Polisario officiellement organisation terroriste, le régime algérien sera sous les projecteurs internationaux comme un pays qui alimente le terrorisme, la déstabilisation et le chaos et sera inéluctablement soumis à un régime de sanctions internationales. Alger sera sommé de choisir entre le démantèlement des milices du Polisario ou les malédictions internationales.
Mais cette décision ne se limitera pas aux conséquences immédiates sur le régime algérien. Elle aura un impact majeur sur la vision du monde entier sur ce conflit du Sahara. À commencer par les rares pays qui continuent de manifester leur soutien à l’aventure séparatiste du Polisario, à leur tête l’Afrique du Sud et le Venezuela. Ces pays réfléchiraient à deux fois avant de continuer investir politiquement sur une aventure terroriste.
L’autre impact à surveiller est celui qui va frapper de plein fouet une organisation comme l’Union africaine. La fantomatique république sahraouie créée de toutes pièces par le régime algérien et implantée à force de valises de pétrodollars au sein des instances de cette organisation africaine sera, avec cette qualification terroriste, l’objet de tous les rejets. Déjà de nombreuses voix s’étonnaient de voir une entité virtuelle, ( RASD), sans aucune réalité politique ou géographique siéger au sein de l’Union africaine. Cette adhésion compliquait déjà le dialogue de l’Union africaine avec les autres grandes structures internationales. Comme l’ont déjà montré les tensions dans les rapports de l’Afrique avec le Japon, la Chine, la Russie ou la Ligue arabe pour ne citer que ceux-là. Avec un label terroriste fixé au fronton du Polisario, son expulsion de l’Union africaine sera largement facilitée, voire désirée par beaucoup, y compris par ceux qui dans le passé lui ont accordé leur soutien.
Avec cette évolution vers la qualification du Polisario comme organisation terroriste, le régime algérien sera acculé à choisir entre l’acceptation d’une solution politique validée par la communauté internationale autour de l’application de l’option de l’autonomie proposée par le Maroc, ou la rupture spectaculaire avec son voisinage avec à la clef une coûteuse fermeture d’un pays qui va se recroqueviller sur lui même au risque de se transformer en une pâle copie méditerranéenne de la Corée du Nord.