DNES à Tanger Mohamed Nait Youssef
Le festival national du film de Tanger, c’est aussi les débats autour de l’industrie du cinéma au Maroc. Pour ce faire, une première table ronde sur l’écriture de scénarios pour enfants a réuni, mardi 22 octobre, un parterre de chercheurs et de professionnels du 7ème art. Un sujet toujours d’actualité et d’une importance urgente.
Cette thématique, estime le journaliste et animateur de la rencontre, Karim Douichi, est nouvelle et novatrice. « C’est un sujet nouveau dans le cinéma marocain. », a-t-il révélé dans son mot de présentation, tout en soulignant les défis en termes de l’écriture pour enfants. En d’autres termes, la thématique est assez complexe et compliquée.
Dans son intervention, Ismael Ferroukhi, réalisateur et scénariste, a mis l’accent sur le choix de la cible et des catégories et de différentes tranches d’âge des enfants. « Il y a des films pour de différentes catégories et tranches d’âge sachant qu’on n’utilise pas les mêmes codes. Le travail de la cible est essentiel. », a-t-il affirmé.
Un champ de transmission des valeurs…
De son côté, Latifa Baqa, écrivaine et enseignante, a souligné, que l’écriture pour enfant est un exercice difficile. « Écrire pour enfants a des spécificités et des règles, en s’intéressant beaucoup plus au côté pédagogique. », a-t-elle révélé.
Ce genre d’écriture, dit-elle, n’était pas toujours innocent. Au Maroc, poursuit-elle, le souci pédagogique freine ce côté créatif et libre. « C’est un champ miné. Il faut qu’il y est des gens spécialistes qui écrivent spécialement pour enfants. C’est un champ de transmission de valeurs humaines et citoyennes. À vrai dire, le but sera essentiellement éducatif. », a-t-elle précisé.
De la nécessité d’un cadre institutionnel…
Mohamed Lamouissi, scénariste, a indiqué qu’il y a un mélange au niveau du champ. Car, dit-il, il y a un cinéma destiné aux enfants et un cinéma où on trouve l’enfant.
Selon lui, il est nécessaire de créer un cadre institutionnel qui s’intéresse au cinéma d’enfants.
Mustapha Fekkak, créateur de contenu, a insisté sur le fait de distinguer entre le cinéma d’animation et le cinéma destiné aux enfants. D’après lui, il faut miser sur le côté créatif parce qu’il y a, selon ses dires, un problème de valeurs. Or, la culture, a-t-il affirmé, est incarnée dans le style d’écriture.
Par ailleurs, Fekkak a pointé du doigt sur l’absence d’un cinéma pour enfants. « Il y a un long chemin encore à parcourir. En outre, il faut miser d’abord sur la quantité pour avoir de la qualité. », a-t-il fait savoir.
Mohamed Hamrass, président du festival du cinéma « Camera Kids », est revenu sur l’expérience du Caméra kits, tout en invitant tous les acteurs à penser la chose. « Le cinéma est un levier des valeurs humaines et citoyennes. », a-t-il a expliqué.
L’intervenant a mis l’accent sur le volet de la formation des enfants en matière de l’écriture du scénario. Le plus important, a-t-il indiqué, c’est d’initier les enfants à la création.
L’écriture pour enfant, un défi majeur
Il faut dire qu’il existe non seulement une écriture pour enfants, mais des écritures selon des normes et des standards bien précis.
Dans cette optique, le réalisateur Ismael Ferroukhi a précisé qu’il existe des standards au niveau de l’écriture. « Je démarre sur une histoire qui m’amène à la réflexion. En revanche, l’idée c’est d’enrichir et de cultiver l’enfant. », a-t-il fait savoir.
Toutefois, la romancière, Latifa Baqa a rappelé que l’écriture pour enfant est une ‘’responsabilité pédagogique et éthique’’. « Il faudrait des spécialistes qui ont une expérience et une vision pour se pencher sur la chose.», a-t-elle insisté.
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