Les travaux de la première édition du Congrès International des Mines du Maroc ont débuté ce 3 décembre et se poursuivent jusqu’au 5 à Marrakech. Dans cette dynamique, les experts sont à pied d'œuvre pour affûter des stratégies, afin de faire du Maroc un acteur pérenne dans l’exploitation minière mondiale.
Les portes de Marrakech se sont ouvertes, ce mardi 3 décembre, pour accueillir une véritable ruée d'experts et de professionnels du secteur minier, réunis pour la première édition du Congrès International des Mines du Maroc. Pendant trois jours, la cité ocre devient le creuset des idées, où chaque échange et chaque débat forge des solutions pour faire du Maroc une plaque tournante de l’industrie minière durable, au service de la transition énergétique. Cette première édition, organisée par la Fédération des Minéraux Industriels du Maroc (FDIM) et soutenue par le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, le ministère de l’Industrie et du Commerce, ainsi que l’AMDIE, a permis d’aborder les enjeux du secteur en présentant le cadre d’investissement minier au Maroc. Elle a également offert l’opportunité d’informer les participants sur les réformes passées et en cours, tout en extrayant des solutions innovantes pour financer les projets miniers de demain. Le Royaume valorise son potentiel minier : L’objectif de cette manifestation est d’affiner les stratégies pour optimiser la chaîne de valeur, notamment par le traitement local des produits miniers. En parallèle, il s’agit de forger des synergies entre le secteur minier et l’énergie, tout en conciliant exploitation minière, protection de l’environnement, développement communautaire et valorisation des contenus locaux. Elle entend également poser les bases du premier Salon d’investissement minier panafricain en Afrique du Nord, un véritable carrefour pour le réseautage et le développement des affaires, où les relations d’affaires se transforment en alliances stratégiques. Lors de son allocution, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique, a souligné l'importance des métaux critiques comme le cobalt et le phosphate dans la transition énergétique mondiale. Abondantes au Maroc, ces ressources renforcent sa position stratégique sur la chaîne de valeur mondiale, notamment dans les stratégies de développement 2025-2050. La ministre a également abordé la question de la sécurité des travailleurs dans le secteur minier, soulignant l’importance de prévenir les accidents et de garantir leur protection. Elle a insisté sur la nécessité d'une transparence totale en ce qui concerne les permis et les licences, tout en appelant à un contrôle rigoureux en cas de non-respect des réglementations. Enfin, elle a mis en avant le caractère écologique et durable des produits miniers extraits au Maroc, soulignant leur conformité aux standards environnementaux. S’exprimant au micro de « L'Opinion », Abderrazzak Gmira, Vice-président de la FDIM, a déclaré : « Le Congrès s'inscrit pleinement dans la stratégie du pays pour le développement du secteur minier. Il est essentiel de souligner que le Royaume demeure une plaque tournante pour cette industrie, grâce à sa richesse géologique, ses ressources minières et la qualité de ses ressources humaines ». Dans ce même sillage, le congrès a évoqué la révision de la Loi 33.13 pour améliorer les subventions aux investisseurs et aux communautés locales. Des mesures concrètes seront prises pour simplifier les démarches administratives et favoriser la compétitivité des entreprises locales. Innover pour miner durablement : En parallèle des présentations et panels, des stands ont été installés, où les professionnels du secteur minier ont dévoilé leurs solutions innovantes pour valoriser le secteur au Maroc. Parmi les innovations, Ahmed Elazzaoui, directeur de “Labomine”, a présenté des lampadaires solaires 100% marocains, fabriqués à Agadir, qui captent les rayons du soleil pour éclairer les mines sans être perturbés par la poussière. Plusieurs outils et technologies de pointe ont également été exposés pour explorer les profondeurs des mines et analyser les ressources souterraines. Le congrès mêle également échanges dynamiques, ateliers pratiques et moments de networking conviviaux. Les participants auront l'opportunité de découvrir des projets miniers phares au Maroc, et d'explorer maintes innovations et défis directement sur le terrain. Au programme de cette rencontre figurent aussi des sessions portant sur les thématiques de "l’industrie minière et la transition énergétique : stratégies et benchmark 2025-2050", "l’industrie minière au service de la souveraineté industrielle", "les métaux critiques au service de la transition énergétique", "quel modèle innovant pour une durabilité responsable de l’industrie minière ?", "comment le Maroc réussit à se positionner sur la chaine de valeur ? Cas du phosphate et du cobalt", "quelles exigences ESG pour un secteur minier durable et exemplaire" et "le modèle de financement de projets de valorisation des ressources minérales".
3 questions à Abdennabi El Hattaf “Les drones équipés de capteurs géophysiques révolutionnent l'exploration minière”
Quels sont les principaux défis auxquels le secteur minier marocain est confronté aujourd'hui en termes de durabilité et de gestion des ressources naturelles ? Le secteur minier fait face à plusieurs défis majeurs, dont deux principaux. Le premier est le stress hydrique, étant donné que le Maroc connaît une pression accrue sur ses ressources en eau. La valorisation de certains minerais utilise des procédés hydrométallurgiques qui nécessitent de grandes quantités d'eau, un facteur qui pourrait devenir problématique à long terme. Pour y faire face, il est essentiel d'innover en développant des procédés de valorisation plus économes en eau, voire sans eau du tout. Le second défi est économique, lié à la volatilité des prix des matières premières. Les opérateurs doivent être agiles et diversifier leur portefeuille de minerais afin de s’adapter aux fluctuations des coûts. Un autre aspect crucial pour contrer cette volatilité est de maximiser la valorisation des ressources, en visant la production de produits finis plutôt que de simples matières premières. Quelles sont les principales innovations technologiques actuellement adoptées dans le secteur minier ? Il y a un progrès significatif dans l'intégration des nouvelles technologies tout au long de la chaîne de valeur minière, tant dans la recherche et l'exploration que dans la valorisation. En exploration, l'utilisation des drones équipés de capteurs géophysiques est l'une des principales innovations. Ces drones permettent de couvrir rapidement de vastes zones, y compris des zones difficilement accessibles et dangereuses. Ils accélèrent les phases d'exploration et facilitent l'intégration des données, notamment grâce aux logiciels de modélisation avancés. Cette technologie émerge comme l'une des plus prometteuses pour le secteur minier, et certaines entreprises marocaines ont déjà commencé à l'adopter. Comment les laboratoires optimisent-ils l'exploration minière à travers l'analyse et la caractérisation des minerais ? En tant que membre des laboratoires, je peux dire que ces derniers jouent un rôle crucial dans la chaîne de valeur minière. Ils accompagnent les opérateurs tout au long du processus, depuis les premières étapes de recherche et d'exploration minière, jusqu'à la valorisation, le traitement et l'exportation des minerais. En quelque sorte, les laboratoires agissent comme "l'œil de la mine", fournissant des résultats précis et fiables qui permettent aux opérateurs de mieux évaluer la quantité et la qualité de leurs gisements dès la phase d'exploration. Ils sont également essentiels lors du traitement des minerais et de l'exportation, en délivrant des certificats de qualité qui facilitent les négociations commerciales et garantissent des transactions transparentes.