Les grands oubliés du Mérite national : Le cas N’Golo Konaré !

Si la reconnaissance de mérite est censée être tributaire de la contribution au développement du pays, le cas de N’Golo Konaré, un non-voyant au parcours exceptionnel suscite des interrogations. Surtout en ce Mois de la Solidarité et de la Lutte contre l’Exclusion ! Malgré son engagement indéfectible aux secteurs de l’éducation et de la musique […]

Les grands oubliés du Mérite national : Le cas N’Golo Konaré !
   maliweb.net
Si la reconnaissance de mérite est censée être tributaire de la contribution au développement du pays, le cas de N’Golo Konaré, un non-voyant au parcours exceptionnel suscite des interrogations. Surtout en ce Mois de la Solidarité et de la Lutte contre l’Exclusion ! Malgré son engagement indéfectible aux secteurs de l’éducation et de la musique au Mali, ses efforts demeurent  ignorés par qui de droit, à savoir la patrie. Responsable de l’Unité d’Allemand au Centre des Langues de Badalabougou, N’Golo a encadré plusieurs cadres maliens en partance en Allemagne pour des études, dont l’actuel président de la transition, Assimi Goïta. Auteur, compositeur et arrangeur, il a accompagné plusieurs stars de la musique malienne en dehors du Mali, malgré son handicap. Né à Djibouroula, dans la préfecture de Néguela, N’Golo Konaré est un pionnier parmi les personnes en situation de handicap. Il est le premier élève non-voyant à avoir été inscrit à l’Institut des Jeunes Aveugles (IJA), fondé en 1973. Malgré les défis inhérents à son handicap, Konaré a su franchir les étapes de son éducation avec une ténacité impressionnante. Après avoir obtenu son Certificat d’Etudes Primaires en 1979, il a décroché le Diplôme d’Études Fondamentales en 1982, suivi du Baccalauréat série Langues Littérature avec mention Bien en 1985. Il a ensuite poursuivi ses études à l’École Normale Supérieure (ENSUP), obtenant une Licence en allemand, là encore avec mention Bien. Depuis 1990, N’Golo Konaré enseigne l’allemand au Centre des Langues de Badalabougou. Il a encadré de nombreux cadres, civils et militaires, dont l’actuel président de la transition, Assimi Goïta, ainsi que des étudiants partis poursuivre leurs études en Allemagne. Sa contribution dans le domaine de l’éducation est indéniable. Pourtant, malgré ses 16 années d’études sans redoublement et une carrière d’enseignant au service de la nation, N’Golo Konaré n’a, à ce jour, reçu la moindre distinction nationale. Lauréat du prix UNESCO 1995 En dehors de l’enseignement, Konaré a également marqué le domaine musical. Auteur, compositeur et arrangeur, il a à son actif deux albums, dont le célèbre morceau «Kanbè Kanbè chérie». Ancien membre des orchestres Yango et Miria de l’IJA, il a accompagné la diva Amy Koïta lors du Festival Panafricain de la Musique à Brazzaville. Lauréat du prix UNESCO en 1995, Konaré a aussi signé le générique du «Mini Actualité» de l’ORTM dans les années 1980. Et continue de donner des cours d’allemand tout en assurant depuis quatre ans le poste de responsable de l’Unité d’Allemand au Centre des Langues de Badalabougou. En 2002, il a bénéficié d’une bourse d’études en Allemagne grâce à l’intervention du président fédéral allemand Johannes Rau, une expérience qui l’a conduit à l’Université Philip de Marbourg. Cependant, malgré ce parcours brillant sur les plans académique, musical et professionnel, N’Golo Konaré reste dans l’ombre, sans la moindre reconnaissance nationale. Son cas soulève des questions sur l’inclusion et la valorisation des personnes en situation de handicap dans la société malienne. Le mérite et le talent ne devraient  être conditionnés au dévouement à travers des réalisations  et leur impact sur la société. A quand la fin de cette flagrante injustice ? Le Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion est l’occasion  de la réparer. Par Drissa Togola