Mohamed Nait Youssef
Un véritable patrimoine écologique, culturel et historique national et mondial. Les khettaras, symbole du savoir-faire ancestral, de la culture et de l’histoire de leurs créateurs, sont bien plus qu’un simple système d’irrigation. Elles représentent un patrimoine vivant, une source de vie et un levier de développement durable pour les générations futures. Actuellement, leur préservation et leur mise en valeur sont des enjeux majeurs non seulement pour les régions du Sud marocain, mais aussi pour l’Humanité.
Un patrimoine écologique, culturel vivant :
Les khettaras, témoignage des expertises et pratiques ancestrales des populations des régions du Sud du Maroc, constituent un héritage immatériel précieux et un système ingénieux d’approvisionnement en eau et de drainage des eaux souterraines. En effet, ces ouvrages exceptionnels ont toujours joué un rôle central dans le développement du Sud marocain, en particulier dans la région de Tafilalet. L’eau, c’est la vie! Depuis des siècles, les khettaras ont été une source indispensable d’eau pour l’irrigation des oasis, des cultures et la production agricole locale. Aujourd’hui, et grâce à leurs valeurs à la fois économique, écologique, culturelle et historique, de nombreuses voix s’élèvent pour demander l’inscription de ces systèmes impressionnants sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.
Les khettaras : un système vital pour la survie des oasis
Aujourd’hui, les khettaras, conçues pour répondre aux besoins en eau des populations et lutter contre l’aridité et la sécheresse, font face à des défis majeurs, notamment la désertification et les changements climatiques. En revanche, ce système ancestral a permis aux communautés locales de passer de l’utilisation des eaux de surface à l’exploitation des ressources souterraines, offrant ainsi une solution durable à la pénurie d’eau. Dans le Sud marocain, en particulier à Tafilalet, les khettaras jouent un rôle crucial dans la survie des oasis, le développement des activités agricoles et touristiques, et la promotion de l’économie locale et nationale. Elles incarnent également le génie humain, grâce à un système de gestion de l’eau adapté aux spécificités des écosystèmes oasiens.
Gestion équitable et développement durable
Le système des khettaras repose sur deux composantes essentielles : la collecte et la distribution de l’eau. En effet, les eaux souterraines sont captées par un canal de plusieurs kilomètres de long, légèrement incliné, situé en amont. Ce canal, équipé de puits verticaux pour l’entretien et la ventilation, permet de ramener l’eau à la surface. Pour qu’une khettara soit opérable, il est essentiel que la nappe phréatique se situe à un niveau plus élevé que les champs à irriguer. Malgré les contraintes naturelles, les populations locales de Tafilalet se sont traditionnellement concentrées autour des oasis, sources de vie. Au fil des siècles, elles ont établi des règles et des «droits d’eau» pour assurer une gestion fluide, équitable et durable des ressources hydriques. Ces pratiques témoignent d’une organisation sociale et d’une sagesse collective qui ont permis de préserver ce système millénaire.
Les khettaras, une opportunité touristique à préserver
Développées par diverses civilisations, les khettaras sont aujourd’hui confrontées à des défis croissants. À vrai dire, la préservation et la valorisation de ce patrimoine ancestral sont donc essentielles. Des programmes de sauvegarde, initiés par des organismes marocains et internationaux, ont été mis en place pour protéger ces systèmes agricoles uniques dans les oasis du Sud marocain. Par ailleurs, les khettaras représentent également une opportunité pour le développement du tourisme culturel, écologique et agrotouristique dans la région. Ainsi, leur valeur historique, écologique et patrimoniale en fait une attraction majeure pour les visiteurs. Situées dans une région stratégique, entre les paysages enchanteurs d’Errachidia, les gorges du Toudgha, les dunes dorées de Merzouga et la ville historique de Rissani, les khettaras de Tafilalet offrent un potentiel touristique immense. En valorisant ce patrimoine, la région pourrait développer un tourisme scientifique et écologique, générateur de revenus pour les populations locales.
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