Alors que le régime algérien ne cesse de mettre en cause le voisin marocain de mener des activités d’espionnage à l’intérieur de son territoire, il s’avère que le premier responsable de l’appareil censé lutter contre l’espionnage est marié à une marocaine naturalisée espagnole. Enjeux et impacts d’une «liaison fatale».
Jusqu’ici, le secret était bien gardé. Personne n’a entendu parler du mariage, en secondes noces, du général Abdelkader Haddad, alias Nacer El-Djen, le patron de la sécurité intérieure qui a défrayé la chronique par ses innombrables crimes commis à l’intérieur de la caserne de Ben-Aknoun, sur les hauteurs d’Alger, durant la décennie rouge. Un mariage coutumier et donc officieux contracté en Espagne avec une hispano-marocaine, selon le rite musulman. Il ne pouvait être enregistré sur l’état civil espagnol faute de certificat de célibat. Le mariage civil étant à l’époque programmé au Maroc, le temps que notre colonel déserteur qui venait d’acquérir une villa en terre ibérique payée avec les mirobolantes primes engrangées durant la guerre civile, expédie ses affaires avant d’aller trouver refuge au Royaume Chérifien où il comptait s’expatrier. « Nacer El-Djen encaissait 250.000 dinars algériens soit 25 millions de centimes par tête abattue de sang froid en dehors de l’enceinte de la caserne du Centre Principal Militaire d’Investigation, CPMI par abréviation, et 150.000 DA (soit quinze millions de centimes) pour les détenus abattus à l’intérieur de la caserne. Nacer se shootait aux psychotropes avant chaque opération. Il lui arrivait de liquider dix à vingt personnes en une journée, en leur tirant une balle dans la tête», affirme le sergent-chef Houari qui agissait sous ses ordres. Ces liquidations ont fait de lui le criminel le plus sanguinaire sur terre, mais également le militaire le plus fortuné de l’armée algérienne. Un milliardaire qui n’a jamais investi un centime dans son entreprise criminelle. « Il ne sait pas combien de personnes il a assassiné de sang-froid. Tellement, il en a tué des innocents», témoigne l’un de ses anciens collègues. Ce passé sanguinaire a fait craindre le pire à Nacer El-Djen dès l’avènement du « hirak ». Avec son compère Hocine Boulahya, autre criminel du CPMI, ils prennent la poudre d’escampette, direction l’Espagne. Il y a moins d’Algériens et l’immobilier est beaucoup moins cher qu’en France. Le colonel déserteur se voit faire de vieux os dans la péninsule ibérique. Son passé sinistre et sanguinaire le condamnant à ne plus penser au retour. Il devait, donc, se faire établir des papiers. L’achat d’un bien immobilier ne suffit pas pour obtenir un titre de séjour. Le mariage s’avère la solution idoine. Il n’attendra pas longtemps pour tomber sur la seconde moitié tant rêvée : Une espagnole d’origine marocaine dont il ne pouvait espérer trouver meilleur parti, pour plusieurs raisons. La plus essentielle de ces raisons est qu’un mariage avec une hispano-marocaine lui ouvrait deux portes, lui permettant de faire d’une pierre deux coups. Tout d’abord, cette union lui permettait d’obtenir une carte de résident en Espagne et prétendre même à la nationalité espagnole, après quelques années de mariage. Ensuite, la même union lui ouvrait également les portes du Maroc comme pays de refuge au cas où son extradition serait demandée par l’Algérie au gouvernement espagnol. Au Maroc, il se voit déjà accueilli à bras ouverts en sa qualité de colonel des services secrets algériens porteur de tant de secrets sur la hiérarchie militaire et notamment celle des services de sécurité. Nacer El Djen était prêt à se vendre sans la moindre négociation. Il en allait de sa vie et de son avenir. Il n’avait qu’à se rendre au «Royaume ennemi» en compagnie de sa dulcinée pour célébrer le mariage civil dans une mairie d’une ville marocaine loin des yeux des curieux. Mais alors qu’il définitivement désespéré de reprendre du service, l’Algérie qui devait entrer dans une nouvelle ère débarrassée de prédateurs qui l’ont enfoncé dans le gouffre de la pauvreté, la corruption, le vol, le népotisme, les crimes en tous genres, est assaillie par une nouvelle horde de voyous sans foi ni loi. Cette même espèce à laquelle appartient Abdelkader Haddad alias Nacer El-Djen. Evidemment, il a sa place dans cette « Nouvelle Algérie » où l’arbitraire, le vol, le crime et la répression sont les seuls instruments de gouvernance des anciens sous-fifres du régime de Bouteflika. Les nouveaux seigneurs du pays sont plus cruels que leurs anciens maîtres. Nacer El-Djen est appelé à la rescousse pour mâter le hirak et toutes les voix qui s’élèvent pour barrer la route à ce « gang » comme il s’est auto-qualifié par la bouche de son géniteur le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et vice-ministre de la Défense nationale. Il va évoluer dans cette « Nouvelle Algérie » comme un requin dans l’eau. Il sera promu général et désigné à la tête de la sécurité intérieure. Il sera l’un des nababs d’un régime érigé par la fraude et la répression. Il fera partie du « gotha » des décideurs puisqu’il siègera au Haut Conseil de Sécurité du pays. Un statut dont il n’avait jamais rêvé, lui le petit criminel qui se shootait aux psychotropes pour tuer des Algériens, pieds et poings liés, en gros et en détail. D’un niveau scolaire moyen, cet inculte qui n’a jamais lu un livre, comme il s’en vante, reflète le véritable niveau de ceux qui l’ont désigné aux plus hautes responsabilités. Ne nous étonnons pas, alors, d’apprendre, par la voix d’une presse stipendiée qui agit sous la dictée des services du général Nacer El-Djen, l’arrestation d’un réseau d’espion marocains à Tlemcen. Comme si les espions agissaient en groupe. Ou cette énième aberration d’imposer le visa d’entrée aux sujets marocains sous le prétexte aussi absurde que fallacieux de la prolifération en Algérie d’espions marocains et israéliens porteurs des passeports verts du Royaume du Maroc. Pourtant, celui qui est aux commandes de l’appareil du contre-espionnage et qui s’évertue aujourd’hui, comme hier, à diaboliser le Maroc et les marocains était lui-même sur le point de se vendre aux services secrets marocains. Son épouse hispano-marocaine occupe toujours l’un de ses biens immobiliers qu’il avait acquis en Espagne et attend son retour. Au final et à l’instar de tous ses acolytes du gang du pouvoir algérien qui savent leurs jours comptés, Nacer El-Djen n’oublie pas de garder précieusement cette sortie de secours en vue d’une éventuelle évasion forcée, en cas de coup dur.