Entretien avec Plamen Tzolov, Ambassadeur de Bulgarie au Maroc
Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef
L’ambassade de Bulgarie au Maroc et la galerie INEX By Chaoui Bois organisent, jeudi 21 novembre, l’exposition ‘’Art4diplomatie’’ rassemblant les œuvres de l’artiste bulgare Petya Ilieva et de l’artiste plasticienne marocaine Fouziya Saidi. En effet, l’événement artistique donne à voir deux univers picturaux différents, deux sensibilités singulières, où les toiles dévoilent des ressemblances qui dépassent les différences culturelles, linguistique et géographiques.
«Notre objectif est de montrer qu’il n’y a pas de frontières pour l’art, quelles que soient les différences culturelles dans les différents coins du monde. », souligne Plamen Tzolov, Ambassadeur de Bulgarie au Maroc.
Par ailleurs, les travaux de Petya Ilieva et de Fouziya Saidi révèlent cet aspect universel de l’art, tout en mettant l’accent sur les similarités, notamment dans les motifs folkloriques bulgares et ceux de la culture amazighe.
« L’exposition actuelle s’inscrit dans le cadre de l’inscrit au Programme triennal de coopération dans les domaines de la culture, de l’éducation, de la science et du sport entre la Bulgarie et le Maroc, signé le 10 janvier de cette année lors de la visite au Royaume du Maroc de Mme Maria Gabriel, alors Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères de Bulgarie. », précise l’ Ambassadeur de Bulgarie au Maroc. Entretien.
Al Bayane : L’ambassade de Bulgarie au Maroc et la galerie INEX By Chaoui Bois organisent, jeudi 21 novembre, l’exposition ‘’Art4diplomatie’’. Parlez-nous un peu de ce projet artistique qui réunira les travaux de l’artiste bulgare Petya Ilieva et de l’artiste plasticienne marocaine Fouziya Saidi, et dans quel cadre s’inscrit-il ?
Plamen Tzolov : La galerie INEX est l’une des nombreuses galeries à Rabat, et celles dans toutes les grandes villes du Maroc, qui font découvrir au public les œuvres d’auteurs des beaux-arts. Elle a son public fidèle, et de nombreux artistes marocains célèbres y exposent leurs œuvres. Je suis ses activités de très près et je pense que c’est l’une des galeries d’art de qualité qui fait une bonne sélection des artistes à présenter. L’exposition actuelle de l’artiste bulgare Petya Ilieva s’inscrit dans le cadre de la coopération entre la galerie INEX et l’Ambassade de Bulgarie et notre objectif est de montrer qu’il n’y a pas de frontières pour l’art, quelles que soient les différences culturelles dans les différents coins du monde. En fait, à travers cette exposition, nous trouverons plus de similarités que de différences dans les motifs folkloriques bulgares et ceux de la culture amazighe ici au Maroc. J’ai déjà entendu de nombreux avis selon lesquelles les toiles de Petya Ilieva avec des motifs folkloriques sont extrêmement proches aux motifs folkloriques du patrimoine amazigh.
L’exposition est parallèle et conjointe à celle de l’artiste marocaine Fouzia Saidi, qui est également très originale dans la présentation de figures humaines et de sujets de la vie de tous les jours à travers le style de l’art naïf. Contrairement à l’art folklorique populaire « pur », l’art naïf ne définit pas nécessairement un contexte culturel ou tradition différents. Cet art « naïf » exprès est reconnu dans le monde entier comme un style original qui imite souvent la simplicité et la franchise des enfants, mais qui est aussi porteur de fort messages. Je voudrais profiter de votre tribune pour exprimer des remerciements particuliers à la direction de la Galerie INEX et en particulier à son propriétaire entrepreneur M. Chaoui, ainsi qu’à M. Najib Mtoul, avec qui nous travaillons ensemble pour la préparation opérationnelle de l’exposition en cours.
Deux univers picturaux différents, deux sensibilités artistiques singulières. Mais dans les œuvres des deux artistes, on trouve des ressemblances qui dépassent les différences culturelles, linguistiques, géographiques… A votre avis, comment l’art et la culture, le patrimoine pourraient-ils contribuer à l’approfondissement des relations historiques entre les deux pays ?
L’art est une activité typiquement humaine et n’existe pas dans le monde animal. C’est une interprétation de la réalité qui nous entoure, de nos perceptions humaines du monde, de nos sentiments humains et de notre besoin de beauté, de nos relations humaines sous tous leurs aspects. Les beaux-arts ne font pas exception. Il affecte par l’originalité des formes et la vibration des couleurs, leur combinaison d’une manière unique qui nous pousse à contempler, mais aussi réfléchir. Le créateur d’art est comme une femme enceinte, il doit maitre au monde ce qu’il y a dans son âme et son esprit, pour l’exprimer, quoi qu’il soit accepté et compris ou non. Le temps est le seul juge de la qualité d’un artiste. La différence dans les perceptions des auteurs d’art et le public est naturelle. Tant que ces différences sont minimes dans l’objectif de l’auteur artiste est abouti. D’un autre côté, le patrimoine culturel influence inévitablement les artistes. C’est pourquoi les éléments de similitude entre les cultures et les civilisations se reflètent également dans la similitude dans l’interprétation de la réalité environnante. À première vue, l’art abstrait fait exception, mais même en lui, on peut découvrir le lien subconscient avec le passé et avec la culture d’un tel peuple ou un autre.
Il faut noter que l’exposition actuelle s’inscrit dans le cadre de l’inscrit au Programme triennal de coopération dans les domaines de la culture, de l’éducation, de la science et du sport entre la Bulgarie et le Maroc, signé le 10 janvier de cette année lors de la visite au Royaume du Maroc de Mme Maria Gabriel, alors Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères de Bulgarie. Les relations amicales entre nos deux pays ne datent pas d’aujourd’hui. Ils datent de 62 ans et sont en développement constant et durable.
Quid des relations culturelles entre la Bulgarie et le Maroc. Et comment l’art pourrait renforcer les liens culturels entre les deux pays sachant qu’ils ont signé, le 10 janvier 2024 à Rabat, deux accords de coopération dans les domaines cinématographique, de l’éducation et de la recherche scientifique ?
Je peux dire que l’art et la culture ont toujours été le lien vivant entre les peuples et les sociétés. Ici, les considérations et les intérêts politiques restent au second plan, car les gens ont besoin et s’efforcent de se connaître directement à la base de leur nature humaine. Dans ce sens, la culture a toujours été un pont vers la paix et l’amitié.
Les accords signés dans les domaines du cinéma et de la culture, de l’éducation, de la science et du sport entre nos deux pays illustrent cette vérité. Rappelons que lors de la visite de Mme Maria Gabriel au Maroc, un Centre d’Éducation et d’enseignement bulgare a été ouvert à Rabat, dont la tâche principale est de promouvoir les opportunités pour les jeunes Marocains d’étudier en Bulgarie et d’obtenir des diplômes reconnus dans l’UE en différents spécialisations.
Dans ce contexte, je voudrais mentionner également les deux visites de délégations académiques bulgares au Royaume du Maroc en 2022 et 2024, qui ont réalisé des rencontres fructueuses avec des universités et des institutions marocaines, parmi lesquelles le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation en premier lieu.
Tout cela nous encourage et nous fait travailler avec ténacité pour la présentation de la culture de chacun de nos pays dans les deux sens. A ne pas manquer de mentionner que actuellement un groupe folklorique bulgare est en visite au Maroc pour participer au Festival international «Visa pour la musique – Festival de musique d’Afrique et du Moyen-Orient », qui aura lieu du 20 au 23 novembre de cette année à Rabat. De nombreux groupes folkloriques marocains y participent également dans des festivals et fêtes folkloriques en Bulgarie. Chaque année, au moins un groupe marocain de danse folklorique se rend dans notre pays pour participer à des événements similaires. Il est à mentionner également la participation de 7 photographes bulgares au Festival international de photographie « Rabat-Lumière » en juillet 2022 qui a été couvert par la télévision nationale bulgare. Une exposition marocaine de vos photographes a été présentée cette année à Sofia et Bourgas lors de la célébration du 25ème anniversaire de la Fête du Trône, fête nationale du Royaume du Maroc.
Autrement dit, la culture et les arts contribuent au renforcement des liens entre les peuples. Quelle est votre stratégie afin de développer les relations culturelles entre les deux pays?
La communication et la connaissance de la culture bulgare ici au Maroc et de la culture marocaine en Bulgarie sont l’une de nos tâches principales en tant qu’ambassade ici dans votre pays. Nous percevons la communication culturelle comme faisant partie de la diplomatie. Ce n’est pas par hasard que l’exposition actuelle de Mme Petya Ilieva est intitulée « L’art pour la diplomatie » – Art4diplomacy. Moi, personnellement, je connais de bons artistes et galeristes marocains qui sont intéressés et disposés à coopérer avec la Bulgarie et leurs collègues bulgares. L’année dernière, une exposition d’artistes bulgares a été présentée dans la galerie du Centre culturel de Bouskoura, à laquelle j’ai assisté avec un grand plaisir. Elle a été initiée par un excellent artiste marocain – Khaled El Bekay et l’artiste bulgare Daniel Yordanov qui a participé. Nous sommes également en communication avec la galerie « Al Marsa » de Casablanca, qui s’intéresse également aux expositions d’artistes bulgares. Si les circonstances et le moment nous le permettent, nous envisageons d’organiser une exposition du célèbre et talentueux aquarelliste bulgare Stefan Sofroniev.
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