Dès que son père est décédé, il réclamait sa part de l’héritage. Mais son frère aîné s’abstenait arguant qu’ils ne le partageront pas tant que leur mère est en vie. Une divergence qui a fini mal.
Ce jeune homme, âgé de trente-et-un ans, se tient au box des accusés, à la salle d’audience de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca, tout en exprimant son regret d’avoir tué son frère. Un regret qui ne sert rien et surtout qui ne console en aucun cas cette pauvre mère éplorée qui se tient parmi l’assistance, qui est venue de perdre ses deux fils, l’un a été enterré et l’autre devant la justice et ce, après avoir perdu leur père qui a rendu l’âme, il y a à peine quatorze mois. Celui-ci continue d’exprimer son regret, mais le président de la Cour lui explique qu’il doit répondre à ses questions afin de savoir les circonstances dans lesquelles il a perpétré son crime.
En effet, il ne nie pas son crime de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner selon les dispositions de l’article 403 du code pénal qui stipule que «lorsque les blessures ou les coups ou autres violences ou voies de fait, portés volontairement mais sans intention de donner la mort, l’ont pourtant occasionnée, la peine est la réclusion de dix à vingt ans». Il avoue qu’il était pressé de partager l’héritage et qu’il ne pouvait attendre le décès de leur mère.
Cet héritage se résumait à un appartement et quelques champs agricoles qui se situent dans la région de Doukkala.
«Mon frère me demandait de ne plus parler de l’héritage tant que notre mère est en vie», précise-t-il devant la Cour.
Sa mère qui est appelée par le président de la Cour afin de lui demander des explications sur le crime que son fils avait commis contre son frère se contente de lui dire: «Je n’ai rien à dire d’autre que j’ai perdu mes deux fils… Je pleure aussi bien le jour que la nuit, M. le président ». Mais celui-ci lui explique qu’elle doit aider la Cour pour trancher équitablement l’affaire avant de lui demander si l’auteur du crime s’adonnait à la drogue, s’il était agressif et si le défunt l’a provoqué pour arriver à commettre l’irréparable. Et elle a répondu que depuis le décès de son mari, l’héritage est devenu le sujet essentiel pour le mis en cause qui ne se drogue pas.
Mais, elle précise qu’il était nerveux et agressif y compris envers elle tout en ajoutant qu’elle n’a pas assisté au crime parce qu’elle était chez sa sœur, à Doukkala. Mais, selon les déclarations du mis en cause consignées dans le procès-verbal de son audition, une conversation entre les deux frères a porté une fois encore sur le partage de l’héritage. Toutefois, le frère aîné, à savoir le défunt, lui a confirmé qu’il ne le partagera pas tant que leur mère est en vie. S’ensuivit une conversation houleuse. Perdant tout contrôle de ses nerfs, le mis en cause s’arme d’un couteau de cuisine et donne un coup au défunt qui est évacué vers le service des urgences à l’hôpital Ibn Rochd où il rend l’âme deux jours plus tard.
«Je n’avais pas l’intention de le tuer, mais juste de le blesser afin qu’il soit conscient de ce que je peux faire s’il ne partage pas l’héritage», essaie-t-il de justifier son acte criminel.
Verdict : dix ans de réclusion criminelle.