Lutte contre Tuta absoluta : innovations et recherches récentes

Les pertes économiques engendrées par Tuta absoluta sont considérables, rendant indispensable l’adoption de stratégies de lutte efficaces. Bien que la lutte chimique contre Tuta absoluta soit largement utilisée au Maroc, elle doit être menée de manière raisonnée pour éviter la sélection de populations résistantes. L’alternance des produits appartenant à des familles chimiques différentes, l’application correcte […]

Lutte contre Tuta absoluta : innovations et recherches récentes
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Les pertes économiques engendrées par Tuta absoluta sont considérables, rendant indispensable l’adoption de stratégies de lutte efficaces. Bien que la lutte chimique contre Tuta absoluta soit largement utilisée au Maroc, elle doit être menée de manière raisonnée pour éviter la sélection de populations résistantes. L’alternance des produits appartenant à des familles chimiques différentes, l’application correcte des doses, le suivi des populations et la combinaison avec des méthodes de lutte complémentaires sont des clés pour préserver l’efficacité des insecticides disponibles et maintenir une gestion durable de ce ravageur dans les cultures de tomate. Stratégies de lutte et innovations récentes La lutte chimique C’est la méthode la plus répandue dans la gestion de Tuta absoluta au Maroc, en raison de son efficacité immédiate sur les populations de ce ravageur. Cependant, l’utilisation intensive et non raisonnée de certains insecticides a rapidement conduit à l’apparition de résistances chez Tuta absoluta, un phénomène déjà observé dans plusieurs régions du monde, y compris l’Amérique du sud et le bassin méditerranéen. Pour maximiser l’efficacité des traitements et prolonger la durée de vie des produits disponibles, il est essentiel de suivre des pratiques rigoureuses de gestion des pesticides. 1. Choix et alternance des insecticides La rotation des familles d’insecticides est une stratégie clé pour limiter l’apparition de résistances chez Tuta absoluta. Il est recommandé d’alterner les produits appartenant à des groupes chimiques différents, identifiés par leurs modes d’action (classification IRAC). Voici quelques modes d’actions des principales familles d’insecticides utilisées : – Blocage de la libération de calcium dans les muscles des insectes, ce qui provoque leur paralysie, – Provoquer la paralysie neuromusculaire, – Provoquer une activation excessive des nerfs de l’insecte. – Agir sur le système nerveux central des insectes. L’utilisation des mêmes produits de manière continue favorise la sélection d’individus résistants. Ainsi, il est vital d’alterner les produits d’une application à l’autre en utilisant des insecticides appartenant à des familles différentes, afin de limiter la sélection des résistances. Les recommandations consistent généralement à ne pas appliquer deux fois de suite un produit du même groupe, même si la période de traitement est rapprochée. 2. Dose et mode d’application L’une des erreurs fréquentes dans la lutte chimique est l’application de doses incorrectes d’insecticides. Une sous-dose peut favoriser l’apparition de résistances car elle ne tue pas tous les insectes, permettant à certains individus de survivre et de se reproduire. Il est donc essentiel de respecter scrupuleusement les doses recommandées par le fabricant. Par ailleurs, une application excessive n’augmente pas l’efficacité, mais nuit à l’environnement et aux insectes utiles tout en augmentant le coût de production. De plus, l’application doit être faite de manière uniforme pour garantir que toutes les parties de la plante, en particulier le dessous des feuilles, soient bien couvertes. Les formulations d’insecticides sous forme de micro-émulsions et de granulés dispersibles sont souvent plus efficaces pour cette raison. 3. Moments d’application et interventions raisonnées Les applications d’insecticides doivent être basées sur un suivi rigoureux des populations de Tuta absoluta dans la culture. L’utilisation de pièges à phéromones permet de détecter les premiers signes d’infestation, ce qui est crucial pour déterminer le meilleur moment d’intervention chimique. L’application doit être réalisée dès l’apparition des premiers adultes dans les pièges ou des premiers signes de galeries sur les feuilles. Les traitements doivent également tenir compte des stades de développement de l’insecte, les larves étant les plus vulnérables aux insecticides. Une surveillance régulière et l’utilisation de seuils d’intervention sont essentielles pour éviter des traitements inutiles, qui augmenteraient le risque de résistance et les coûts de production. La recherche s’oriente vers des insecticides plus ‘’Soft’’ de nouvelle génération qui interfèrent avec le cycle de vie du ravageur tout en ayant un impact réduit sur les auxiliaires et l’environnement. 4. Gestion des résistances En cas de détection de résistances, il est crucial de suspendre immédiatement l’utilisation des produits concernés dans la zone touchée pour une durée d’au moins une saison de culture. Une rotation stricte entre les différents modes d’action doit être instaurée, et la lutte chimique doit être combinée avec des méthodes non chimiques comme les rotations culturales et la mise en place de cultures pièges. 5. Combinaison avec d’autres méthodes Le recours à des méthodes biologiques, telles que l’introduction de prédateurs naturels ou l’utilisation de biopesticides, permet de réduire la pression exercée sur les populations de Tuta absoluta et donc de retarder l’apparition de résistances. L’introduction des agents de contrôle, combinée à la conservation des habitats naturels, permet de mieux gérer les populations de ce ravageur dans les cultures sous serre. Les biopesticides à base de bactéries (exp Bt) et de champignons entomopathogènes (Metarhizium anisopliae et Beauveria bassiana) offrent des alternatives aux insecticides chimiques. Ces solutions s’avèrent efficaces tout en étant respectueuses de l’environnement. De nouvelles formulations ont vu le jour récemment, avec des performances améliorées en matière de persistance sur les cultures et de ciblage spécifique des larves de Tuta absoluta. L’utilisation de pièges à phéromones est déjà largement répandue dans les zones affectées par Tuta absoluta. Les récentes innovations dans les formulations des attractifs phéromonaux ont permis une capture plus sélective et prolongée des mâles adultes, contribuant ainsi à limiter la reproduction. La confusion sexuelle est une autre méthode de lutte biologique qui consiste à saturer l’air de phéromones sexuelles synthétiques, perturbant ainsi la capacité des mâles à localiser les femelles pour s’accoupler. Lorsque cette technique est bien mise en œuvre, les producteurs ont observé une réduction notable de la pression du ravageur. Recherches récentes Les recherches récentes sur la lutte contre Tuta absoluta offrent de nouvelles perspectives prometteuses grâce aux avancées technologiques et aux techniques novatrices. Parmi celles-ci, l’utilisation de caméras de détection en temps réel dans les serres représente un tournant majeur. Développées par des entreprises spécialisées, ces caméras surveillent en continu les populations de nuisibles, fournissant des données précises sur l’activité et la localisation des ravageurs. Cette approche, intégrée à des programmes de lutte intégrée (IPM), permet de réduire l’usage de produits phytosanitaires en ajustant les interventions de manière plus ciblée et efficace. En parallèle, la Technique de l’Insecte Stérile (TIS) a été testée comme méthode complémentaire de lutte. Elle consiste à relâcher des mâles stériles de Tuta absoluta dans les serres pour limiter la reproduction des populations. Bien que prometteuse, cette technique reste coûteuse et plus adaptée aux environnements confinés, tout en nécessitant d’être combinée à d’autres méthodes pour une efficacité maximale. Au niveau régional, des initiatives de lutte coordonnée, comme celles mises en place en Espagne, pourraient également s’avérer bénéfiques pour le Maroc. Ces stratégies incluent la surveillance collective des populations de ravageurs, la rotation des insecticides pour éviter la résistance, et des libérations massives d’insectes stériles ou de biopesticides à l’échelle d’une région. L’application réussie de telles approches dépend de la formation des producteurs, du soutien gouvernemental et de l’engagement des agriculteurs, comme cela a été démontré dans la région d’Almería, où les pertes économiques liées à Tuta absoluta ont été considérablement réduites grâce à une gestion intégrée et coordonnée. #TutaAbsoluta #ProtectionDesCultures #LutteChimique #GestionDesRavageurs #AlternanceDesInsecticides #AgricultureDurable #Biopesticides #PiègesÀPhéromones #ConfusionSexuelle #PrédateursNaturels #AgricultureSousSerre #PréservationEnvironnement #TechniquesAgricoles #LutteBiologique #SécuritéAlimentaire #InnovationsAgricoles ionIntégrée #ProduitsPhytosanitaires #SystèmesDeSurveillance #ExportMaroc