Macron et l’Algérie, la grande impasse !

Il est vrai que le president Abdelmajid Tebboune garde toujours la possibilité de gracier Boualem Sansal pour raison médicale et humanitaire. Sans doute va-t-il le faire pour tenter de reprendre langue avec Emmanuel Macron. Il choisira sans doute le moment pour le faire pour donner l’impression aux Algériens qu’il n’a cédé ni aux menaces ni […]

Macron et l’Algérie, la grande impasse !
   aujourdhui.ma
Il est vrai que le president Abdelmajid Tebboune garde toujours la possibilité de gracier Boualem Sansal pour raison médicale et humanitaire. Sans doute va-t-il le faire pour tenter de reprendre langue avec Emmanuel Macron. Il choisira sans doute le moment pour le faire pour donner l’impression aux Algériens qu’il n’a cédé ni aux menaces ni aux pressions françaises. Depuis le début de la grande crise entre Alger et Paris, deux tendances traversaient l’approche gouvernementale française. La première est celle incarnée par le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau qui propose d’aller au rapport de force avec le régime algérien quitte à recourir à des mesures de sanctions fortes et dissuasives. La seconde est portée par le ministre des affaires étrangères Jean-Noël Barrot et dans une moindre mesure le président Emmanuel Macron qui consiste à privilégier le dialogue politique et la négociation avec le régime algérien pour le convaincre en douceur d’accomplir les concessions voulues. Ce sont ces deux visions du rapport avec le régime algérien qui ont dominé la séquence de cette crise inédite avec Paris. Et c’est le résultat politique de ce bras de fer, à savoir la libératIon de l’écrivain franco-algerien Boualem Sansal qui allait déterminer la pertinence et la viabilité de chacune des perceptions. Qu’il soit libéré et c’est la tendance modérée et réaliste du rapport avec Alger qui aura gagné. Qu’il soit gardé en prison et cela donne raison à tous ceux qui prônaient que le seul langage que le régime algérien comprend est celui du rapport de force. Aujourd’hui alors que les festivités du 5 juillet algérien n’ont pas apporté la bonne nouvelle désirée par tous, une énorme pression est en train de s’exercer sur les autorités françaises, notamment les tenants du dialogue avec Alger, pour pointer leur incapacité et leurs incompétences à arracher Boualem Sansal des geôles algériennes. Le mince espoir auquel l’Elysée et le Quai d’Orsay s’accrochent aujourd’hui est celui de la grâce présidentielle pour raison médicale. Il est vrai que le president Abdelmajid Tebboune garde toujours la possibilité de gracier Boualem Sansal pour raison médicale et humanitaire. Sans doute va-t-il le faire pour tenter de reprendre langue avec Emmanuel Macron. Il choisira sans doute le moment pour le faire pour donner l’impression aux Algériens qu’il n’a cédé ni aux menaces ni aux pressions françaises. Histoire de se forger une stature d’un homme qui tient tête à l’ancienne puissance coloniale. Une manière pour lui de tenter d’acquérir une légitimité politique, la même qui lui fait tant défaut puisque non réellement élu par les Algériens, mais nommé à son poste de président par le cénacle militaire du pays, le véritable détenteur du pouvoir. Beaucoup a été écrit dans la grande négociation franco-algérienne autour de la libération de Boualem Sansal. Surtout les exigences fantaisistes du régime algérien. Les réseaux sociaux bruissent des conditions implicites posées par Alger pour desserrer son étau. À commencer par une demande récurrente à Paris de revenir sur sa décision de reconnaître la marocanité du Sahara, suivie d’une exigence de livrer à Alger les principaux opposants qui dévoilent en permanence les turpitudes de la dictature militaire. Deux autres demandes aussi farfelues les unes que les autres sont mises dans la balance des négociations. La première concerne la démission du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau et la seconde concerne la suspension des procédures judiciaires lancées à l’encontre de diplomates algériens en poste à Paris accusés d’être impliqués dans des opérations d’enlèvements et d’agressions d’opposants algériens en France. Quelle que soit l’issue de ce bras de fer, l’homme qui apparaît acculé à réagir n’est autre que le président Emmanuel Macron. Il est directement concerné par cette fameuse réponse graduée brandie par les autorités françaises pour traiter cette entêtement algérien. Ironie de l’histoire, le président français le plus pro-algérien de ces dernières décennies sera sans doute celui qui sera amené à enclencher une thérapie dissuasive à l’égard du régime algérien. Passer de l’homme qui a énormément investi dans la réconciliation mémorielle entre les deux pays durant son premier mandat pour finir comme celui qui va punir ce régime algérien agressif et défiant à l’encontre de Paris est une grande transformation politique. D’ailleurs même si Emmanuel Macron veut observer un statu quo dans sa relation avec Alger, il ne pourra pas le faire. Tant la pression interne est grande. Tant la mobilisation partisane est clivante. Entre une extrême gauche qui joue les porte-parole du régime algérien et une droite républicaine et extrême qui veut engager un rapport de force avec le régime algérien, Emmanuel Macron ne peut pas rester spectateur de sa propre impuissance devant un régime dont l’humiliation de la France est devenue le principal fonds de commerce politique. Recevez les dernières actualités d’Aujourd’hui Le Maroc directement sur WhatsApp