Managem clôture 2024 sur d’excellentes performances et amorce un virage stratégique vers 2030

Le groupe Managem a achevé l’exercice 2024 sur une dynamique positive, marquée par une progression notable de ses indicateurs financiers et une accélération de ses projets structurants, tant au Maroc qu’à l’international. Le résultat net part du groupe (RNPG) s’est établi à 620 millions de dirhams, en hausse de 21 % par rapport à 2023, sur fond de conditions de marché plus favorables et d’une stratégie de développement désormais pleinement déployée. Lors de la présentation des résultats financiers du groupe, tenue le 27 mars à Casablanca, le président-directeur général de Managem, Imad Toumi, a souligné que « l’année 2024 marque l’achèvement d’une phase importante de notre plan stratégique lancé en 2020, et amorce en même temps une nouvelle trajectoire vers 2030, fondée sur la diversification et la montée en puissance de nos projets structurants ». Cette trajectoire s’est traduite dès 2024 par une croissance significative du chiffre d’affaires, qui s’est élevé à 8,86 milliards de dirhams, soit une augmentation de 18 % par rapport à l’année précédente. Ce résultat reflète à la fois une hausse des volumes vendus et un effet prix favorable, notamment sur l’or (+19 %), l’argent (+14 %) et le cuivre (+12 %). L’activité a également été portée par la reprise des opérations au Soudan et la performance du projet Pumpi (cuivre), en République démocratique du Congo. En parallèle, l’excédent brut d’exploitation (EBE) s’est renforcé à 2,65 milliards de dirhams, en hausse de 11 %, traduisant la solidité de l’activité opérationnelle. Toutefois, la charge fiscale a connu une progression notable (+212 millions de dirhams), sous l’effet conjugué de la réforme de l’impôt sur les sociétés au Maroc et de l’amélioration des résultats de certaines filiales. Le groupe a proposé la distribution d’un dividende de 40 dirhams par action au titre de l’exercice, un niveau qui témoigne de la confiance du conseil d’administration dans les perspectives de croissance de Managem. L’exercice 2024 a été marqué par des investissements exceptionnels, atteignant 7 milliards de dirhams, soit le niveau le plus élevé de l’histoire du groupe. Ces ressources ont été prioritairement orientées vers les projets d’expansion structurants, notamment les projets Tizert (cuivre, Maroc) et Boto (or, Sénégal), qui entreront en production commerciale au second semestre 2025. Selon Mouna Mahfoud, directrice du contrôle de gestion du groupe, « ces investissements matérialisent notre stratégie de développement à long terme. Ils sont soutenus par une structure financière solide, confortée en 2024 par une augmentation de capital réussie de 3 milliards de dirhams, qui a bénéficié d’un fort engouement de la part des actionnaires institutionnels ». Sur le plan de l’endettement, Managem clôture l’année avec un encours de 10 milliards de dirhams, dont 90 % à moyen et long termes. Cette dette reste maîtrisée au regard des perspectives de génération de cash-flow à partir de 2025. Recentrage stratégique et internationalisation Managem a poursuivi son recentrage stratégique autour de ses activités prioritaires. Après la cession de SAMINE en août 2024, le groupe prévoit la vente de la société CMO (Oumjrane) dès janvier 2025. En parallèle, l’acquisition du projet aurifère Karita en Guinée renforce sa présence en Afrique de l’Ouest, où Managem ambitionne de devenir un acteur de référence dans l’or, avec une production visée de 500.000 onces par an d’ici 2028. La production d’or au Soudan a repris son rythme nominal malgré un contexte géopolitique instable. « Notre implantation dans l’extrême nord du pays nous a permis de maintenir une activité continue dans des conditions de sécurité acceptables », a précisé M. Toumi. Le site dispose encore d’un potentiel de développement, notamment avec le projet WG03, pour lequel le groupe attend une amélioration du climat sécuritaire avant de lancer les travaux. En Guinée, la mine de Tri-K affiche une durée de vie prolongée à 12 ans, avec une production annuelle stabilisée entre 130.000 et 140.000 onces. Le groupe prévoit d’y développer de nouvelles fosses d’extraction pour accompagner cette montée en puissance. 2024 a également marqué une diversification majeure avec l’entrée de Managem dans le secteur de l’énergie, via l’acquisition de Sound Energy Morocco East Ltd, désormais rebaptisée MANA ENERGY. Ce projet gazier, situé à Tendrara, vise une première production de 100 millions de mètres cubes dès la fin de 2025, destinée principalement à l’industrie nationale. Une deuxième phase, en cours de développement, pourrait porter la capacité à 450 millions de mètres cubes par an, soit environ 70 % de la production nationale actuelle de gaz. Dans le même esprit de valorisation des ressources locales, Managem poursuit son engagement dans la production de métaux critiques pour la transition énergétique, notamment le cobalt, le graphite et le manganèse. Le projet de sulfate de cobalt à Guemassa, dont la phase d’homologation est prévue fin 2025, s’inscrit dans cette stratégie. Il sera suivi d’un projet similaire dans le manganèse, dont les études de faisabilité sont achevées, avec un lancement prévu dans les mois à venir. « Notre ambition est de fournir à l’industrie des batteries des métaux de haute pureté, tout en maximisant la valeur ajoutée locale au Maroc », a souligné M. Toumi. Le partenariat stratégique avec l’OCP dans la future fonderie de cuivre, actuellement en phase d’étude, vise également à renforcer l’intégration industrielle au niveau national. Projet phare du groupe au Maroc, Tizert représente un investissement de plus de 4,5 milliards de dirhams. Il entrera en production commerciale dans les mois à venir, avec une capacité annuelle de 30.000 tonnes de cuivre en métal. Ce site constituera la plus grande mine de cuivre du Royaume, avec une durée de vie estimée à plus de 17 ans. Il s’agit également du premier site industriel du groupe à être totalement connecté et numérisé. Managem prévoit, dans une seconde phase, la construction d’une fonderie de cuivre au Maroc, en partenariat avec l’OCP. Ce projet, encore à l’étude, nécessiterait un investissement de 10 à 15 milliards de dirhams et permettrait de transformer localement les concentrés de cuivre, tout en valorisant les sous-produits industriels tels que l’acide sulfurique. Perspectives 2025-2030 : vers une nouvelle dimension industrielle Avec les démarrages annoncés de Boto et Tizert en 2025, Managem entend franchir un nouveau cap. La production totale devrait doubler à partir de 2026 et atteindre, selon les projections du groupe, 350.000 à 500.000 onces d’or annuelles à l’horizon 2028. L’objectif est de positionner Managem parmi les producteurs d’or les plus diversifiés du continent africain, avec des actifs répartis entre le Maroc, le Soudan, le Sénégal et la Guinée. Sur le segment des métaux pour batteries, l’ambition est de construire un écosystème intégré couvrant l’extraction, la transformation et la livraison de produits semi-finis répondant aux exigences des marchés internationaux. Enfin, dans le gaz naturel, la stratégie vise à renforcer la souveraineté énergétique du Maroc en développant un hub gazier à l’Est du pays. La première production de gaz est attendue dès fin 2025, avec un potentiel de contribution significatif à la consommation nationale. Une gouvernance renforcée et un engagement ESG renouvelé Le groupe a également présenté sa nouvelle feuille de route ESG à l’horizon 2030, reposant sur une centaine d’indicateurs couvrant les volets environnementaux, sociaux et de gouvernance. Cette démarche vise à assurer une transparence accrue auprès des parties prenantes et à répondre aux nouvelles exigences des industriels internationaux, notamment dans le secteur des batteries. Parmi les engagements figurent l’atteinte de 100 % d’énergie renouvelable sur les sites marocains, la réduction de l’usage de l’eau potable industrielle via le recyclage des eaux usées, et la traçabilité complète des métaux critiques. L’année 2024 marque pour Managem une phase de consolidation et de transition vers une nouvelle échelle. La montée en puissance de ses projets stratégiques au Maroc et en Afrique, l’entrée dans les secteurs du gaz et des métaux pour batteries, ainsi que la mise en œuvre d’une feuille de route ESG ambitieuse, positionnent le groupe comme un acteur industriel régional majeur à l’horizon 2030. « Nous sommes à l’aube d’un nouveau cycle de croissance pour Managem, soutenu par une diversification accrue, une discipline financière rigoureuse et une vision industrielle tournée vers l’avenir », a conclu M. Toumi, en soulignant que l’année 2025 serait déterminante dans la réalisation de cette ambition. Selim Benabdelkhalek The post Managem clôture 2024 sur d’excellentes performances et amorce un virage stratégique vers 2030 appeared first on La Nouvelle Tribune.