Modibo Mao Makalou au sujet de la COP29 : « Avec une agriculture dépendant à 90% de la pluviométrie, l’Afrique est plus affectée par le changement climatique»

Forum multilatéral de prise de décision sur les changements climatiques dans le monde, la COP29 a démarré à Bakou, en Azerbaïdjan, le 11 novembre et se poursuivra jusqu’au au 22 novembre 2024. En attendant les décisions, l’économiste malien Modibo Mao Makalou nous livre ce que peuvent être les enjeux pour les pays africains en général […]

Modibo Mao Makalou au sujet de la COP29 :   « Avec une agriculture dépendant à 90% de la pluviométrie, l’Afrique est plus affectée par le changement climatique»
   maliweb.net
Forum multilatéral de prise de décision sur les changements climatiques dans le monde, la COP29 a démarré à Bakou, en Azerbaïdjan, le 11 novembre et se poursuivra jusqu’au au 22 novembre 2024. En attendant les décisions, l’économiste malien Modibo Mao Makalou nous livre ce que peuvent être les enjeux pour les pays africains en général et le Mali en particulier, qui fut frappé de plein fouet par les conséquences du changement climatique, à travers notamment les inondations. Le Témoin : Qu’est-ce que la COP29 ? Modibo Mao Makalou : La COP29 signifie la 29ème session de la Conférence des Parties (COP) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), un traité international adopté en 1992, et traité parent de l’accord de Paris de 2015. La Cop 29 est la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques organisée à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024. Les Conférences des Nations Unies sur les changements climatiques ou COP ont lieu chaque année et constituent le seul forum multilatéral de prise de décision sur les changements climatiques au monde à rassembler presque tous les pays de la planète. LT : Quels sont ses objectifs et quels sont les enjeux pour les pays africains en général et le Mali en particulier ? M.M.M : La COP est la conférence à laquelle les Nations-Unies invitent ses pays membres pour convenir des mesures à prendre pour faire face à la crise climatique, comme limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius, aider les communautés vulnérables à s’adapter aux effets des changements climatiques et parvenir à des émissions nettes nulles d’ici à 2050. La COP29 réunira des dirigeants politiques et des négociateurs des États membres ou Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques afin de faire avancer le progrès mondial. Le secteur privé, les experts, et la société civile partageront leurs points de vue et les meilleures pratiques afin de renforcer l’action climatique mondiale, collective et inclusive. Parmi les principales priorités de la COP29 figurent la définition d’un nouvel objectif pour le financement de l’action climatique, la garantie que chaque pays dispose des moyens nécessaires pour prendre des actions climatiques plus fortes, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le développement de communautés résilientes. La COP29 sera principalement axée sur le financement, car des milliers de milliards de dollars sont nécessaires pour que les pays réduisent considérablement leurs émissions de gaz à effet de serre et protègent les vies et les moyens de subsistance contre l’aggravation des effets des changements climatiques. L’accent sera également mis sur le prochain cycle de plans d’action climatique nationaux ou CDN, actuellement en cours d’élaboration par les pays avant la date limite de 2025 ainsi que sur la nécessité de veiller à ce que ces stratégies et cibles plus audacieuses, pouvant être pleinement mises en œuvre et leurs financements mobilisables pour l’ensemble de l’économie se concentrent sur la transition vers une sortie des combustibles fossiles et maintiennent le monde sur la voie d’un réchauffement contenu à 1,5 degré. L’Afrique est le continent le plus affecté par les bouleversements causés par le changement climatique car l’agriculture africaine dépend à plus de 90% de l’agriculture pluviale. Aussi, l’Afrique est le continent où les températures sont les plus élevées sans compter celui qui est le plus vulnérable suite aux chocs exogènes (sécheresses, inondations, …). De surcroît, l’Afrique est le continent le moins éclairé du monde avec environ 40% de la population africaine qui n’a pas accès à de l’électricité. La transition vers les énergies propres paraît inéluctable pour la transformation structurelle et la diversification économique de l’Afrique. La transition énergétique s’accélère et rapporte déjà d’énormes dividendes à ceux qui agissent rapidement, en créant notamment des emplois et en stimulant les économies.  LT : Qu’est-ce que la finance climatique et quels sont ses outils ? M.M.M : Le financement climatique fait référence aux financements locaux, nationaux ou transnationaux, provenant de sources de financement publiques, privées et alternatives, qui visent à soutenir les mesures d’atténuation et d’adaptation qui permettront de lutter contre le changement climatique. Les sources de ces financements sont diverses : publiques ou privées, nationales ou internationales, bilatérales ou multilatérales. Différents instruments sont par ailleurs utilisés dont les subventions et dons, les obligations vertes, les participations en actions, les échanges de dette, garanties, prêts concessionnels, entre autres. Tous ces moyens financiers peuvent appuyer différentes activités, notamment celles visant l’atténuation, l’adaptation et le renforcement de la résilience. Un financement substantiel est nécessaire pour aider les pays à faibles revenus à s’adapter au changement climatique. Selon de nombreux experts et rapports, la lutte contre l’intensification des effets du changement climatique nécessite des milliers de milliards de dollars, un coût qui est loin d’être à la portée des pays les plus pauvres. Le nouvel objectif de financement est destiné à remplacer l’objectif annuel de 100 milliards de dollars (95 milliards d’euros, ndlr) fixé en 2009, qui a été atteint de justesse en 2022, avec deux ans de retard. Selon un rapport de la Climate Policy Initiative, le financement mondial de la lutte contre le changement climatique approchait les 1 300 milliards de dollars, soit 1 200 milliards d’euros, par an en moyenne en 2021/2022 contre 653 milliards de dollars, 619 milliards d’euros, en 2019/2020. D’autres organisations estiment que le montant nécessaire est de 1 000 milliards de dollars, soit 948 milliards d’euros, par an. Selon certains groupes d’experts, le montant du financement nécessaire pour lutter contre le changement climatique devrait atteindre 9 000 milliards de dollars d’ici à 2030. Pour répondre à ces énormes besoins monétaires, les gouvernements du monde entier explorent diverses options, notamment l’impôt sur la fortune, les taxes sur le transport maritime et l’endettement. Propos recueillis par Amidou Keita