Moussa Mara : Et pourtant…

Si quelqu’un, aujourd’hui, est de bon conseil pour les autorités de la Transition, et qu’elles devraient écouter, c’est bien Moussa Mara. Il suffit qu’il ouvre la bouche pour qu’une horde lui tombe dessus. Au point que l’on se demande si on prend vraiment le temps de l’écouter et d’analyser ses propos. Il est vrai que […]

Moussa Mara :  Et pourtant…
   maliweb.net
Si quelqu’un, aujourd’hui, est de bon conseil pour les autorités de la Transition, et qu’elles devraient écouter, c’est bien Moussa Mara. Il suffit qu’il ouvre la bouche pour qu’une horde lui tombe dessus. Au point que l’on se demande si on prend vraiment le temps de l’écouter et d’analyser ses propos. Il est vrai que depuis l’avènement de la Transition, il y a un quiproquo. Pour certains, d’autres, dès lors qu’ils ont eu “leur tour”, n’ont plus droit à la parole, ou devraient être écartés. Moussa Mara, depuis l’avènement de la Transition, n’a jamais tenu de propos acerbes contre elle. Bien au contraire, il est parmi ceux qui ont été de bons conseils, ceux qui ne se sont pas mis à l’exercice de la brosse à reluire, mais, qui, à chaque sortie, avise contre les dangers qui nous guettent dès lors qu’on n’analyse plus avec la raison. Moussa Mara, du haut de son expérience d’ancien Premier ministre, d’ancien ministre, d’ancien maire, d’ancien député et d’ancien président de parti, a quand même de la légitimité pour donner un avis éclairé. Dès lors qu’il le fait publiquement, il ne peut être soupçonné de malice ou de volonté d’induire en erreur. Mieux, il sait que ces avis pourraient lui être opposés un jour, si jamais, justement, il ne parlait avec ses convictions. Il a à peine dit qu’il renonce à ses indemnités d’ancien Premier ministre, en ces temps difficiles, pour qu’on lui mette sur le dos tous les péchés d’Israël. Il suggère que le timing mal choisi pour créer des généraux, on va fouiller dans les placards pour sortir des inimitiés ou des ressentiments que ces aïeux auraient. Le meilleur conseil est celui qui vient de ceux que vous considérez camp adverse. Mieux, au Mali d’aujourd’hui, il faudrait un débat sur “le patriotisme” et les nouvelles acceptions qu’il prend dans notre contexte. Car, on a l’impression que, dès lors que quelqu’un n’applaudit pas, il est un ennemi de la nation, un apatride. Les militaires qui gèrent la Transition aujourd’hui seraient bien avisés de s’inspirer de notre histoire politique contemporaine. Que n’a-t-on pas sorti comme épithète pour ATT ou IBK ? Aujourd’hui, ceux qui se réclament d’eux se compteraient sur les doigts d’une seule main ! Il y a une constante au Mali qui a faussé tous les jeux au niveau de la République. La course aux strapontins. Ils sont nombreux ceux qui soutiennent par calcul que par conviction, et cela, depuis longtemps. Et, à cet exercice, il n’y aucun obstacle insurmontable, rien qu’ils ne feraient pour vous prouver leur dévotion. La Refondation a besoin de Moussa Mara, de celui qui va dire tous les jours à Assimi, comme il le fait, “ne les écoutez pas. Ils l’ont fait avec vos prédécesseurs. Ne les suivez pas, ils vous abandonneront à la première occasion, ne les écoutez pas, vous n’êtes pas un Dieu comme ils tentent de vous le faire croire, vous êtes un simple mortel”. L’autre aspect du discours de Moussa Mara est dirigé contre les contrefaçons de l’histoire et les falsifications. Certains, entraînés par l’euphorie, sont tentés de faire croire aux princes du jour que le Mali voit le jour avec eux. Moussa Mara, chaque fois qu’il a les preuves, rétablit des faits, nuance, équilibre. Dès lors, il apparaît comme le mouton noir du troupeau et, naturellement, reçoit les tirs groupés. Ces sorties ne vont jamais attaquer ces propos, mais, tout est fait pour le dénigrer, le discréditer, et souvent, ramener le débat au raz des pâquerettes naines. Et pourtant, écoutez Moussa Mara !   Alexis Kalambry