Des experts militaires ont affirmé à "Erem News" que l'incursion actuelle d'Israël dans le sud du Liban vise à établir une extension d’une zone tampon du Liban à la Syrie pour protéger ses frontières, tout en soulignant qu'Israël provoque de temps en temps l'affrontement avec l'armée libanaise pour réimposer de nouvelles règles d'engagement.
Un colonel libanais à la retraite, Jamil Abou Hamdan, a déclaré qu'Israël poursuivait son projet d'établir une zone tampon le long de la frontière avec le Liban en incendiant et en faisant exploser complètement les villes frontalières. Il a déclaré que cela se faisait sans aucun respect pour l'accord de cessez-le-feu, qui stipule la cessation des actions militaires des deux parties et la préparation du retrait israélien en échange du déploiement de l'armée libanaise dans les zones frontalières sud après le retrait du Hezbollah, au moins de la région sud, dans un premier temps. La même source ajoute qu'Israël fait actuellement ce qu'il n'a pas pu faire lors de la récente guerre avec le Hezbollah, et qu'en même il (Israël) cherche à provoquer au maximum l'armée libanaise dans le but de l'entraîner dans des affrontements séparés qui retardent le retrait. Abou Hamdan a expliqué qu'Israël souhaite imposer de nouvelles règles d'engagement, précisant que l'un des objectifs d'Israël est également d'entraîner le Hezbollah dans des opérations militaires contre lui, ce qui exposerait une fois de plus le Liban au cycle de bombardements, de raids et de destructions, et placerait le parti devant deux options: la première est de reprendre les armes et d'en supporter les conséquences, quelles qu'elles soient, et la deuxième option est de faire profil bas et de se contenter de déclarations médiatiques contenant des menaces contre Israël si les opérations menées par la machine militaire dans le sud se poursuivent. Affaiblir l’Iran et empêcher Hezbollah de se relever Par ailleurs, un expert militaire, Yahya Muhammad Ali, estime pour sa part, qu'Israël s'efforce de gagner du temps pour établir une zone tampon s'étendant de la côte libanaise jusqu'à la région de Quneitra et du Mont Hermon en Syrie. Cette zone étendue au sein des territoires libanais et syriens assurera la sécurité des zones correspondantes sur le territoire israélien, et permettrait à l’armée israélienne de disposer de nouvelles capacités pour surveiller de près tout mouvement hostile. Toujours selon "Erem News", l'expert militaire a ajouté lors de son entretien que la poursuite de l'incursion israélienne n'est pas seulement liée à la zone tampon, mais constitue plutôt une tentative de gagner du temps jusqu'à ce que le président américain élu Donald Trump prenne officiellement ses fonctions. Il a expliqué qu'Israël compte sur la nouvelle administration américaine pour accroître la pression sur l'Iran et ses bras armés, en particulier le Hezbollah, pour l'affaiblir autant que faire se peut et le plus rapidement possible pour l’empêcher de se relever et de reconstruire ses capacités militaires dans le sud ou dans toute autre région libanaise. Concernant la possibilité de conditions militaires tendues et d'affrontements directs entre les armées israélienne et libanaise ou avec elles, Mohammed Ali a déclaré que cette question est totalement improbable à l'heure actuelle en raison de l'insistance internationale à empêcher toute opération militaire et à poursuivre les négociations politiques et diplomatiques, processus visant à mettre fin aux causes du conflit, ce sur quoi insistent les délégués internationaux lors de leurs visites successives pour le Liban.
Le maire d'un village du plateau syrien du Golan a indiqué lundi à l'AFP avoir rencontré des représentants de l'armée israélienne, qui effectue des incursions dans cette région et a ordonné aux habitants de remettre leurs armes. Mohammad Mazen Mreiwel, le maire de Jabata al-Khachab, a précisé s'être réuni avec des militaires israéliens, à leur demande, à trois reprises aux abords du village où l'armée israélienne est stationnée depuis le mois dernier. Le 8 décembre, jour de la chute de Bachar al-Assad, l'armée israélienne avait annoncé s'être déployée dans la zone tampon démilitarisée du Golan, dans le sud-ouest de la Syrie, à la lisière de la partie de ce plateau occupé par Israël depuis 1967 et annexé en 1981. Selon le maire, "il y a eu une première réunion au cours de laquelle ils ont dit qu'ils voulaient que les armes leurs soient remises dans un délai de 48 heures". Il a expliqué "qu'après l'effondrement de l'armée syrienne, des armes se trouvaient dans les positions militaires" abandonnées aux alentours du village, et "des habitants avaient pris ces armes". Le maire a précisé que l'armée israélienne avait "fixé un point où les gens ont remis ces armes". Au cours de sa dernière réunion avec l'armée israélienne dimanche, "nous leur avons dit que nous n'avions plus d'armes et que si nous en avions, nous les remettrions au gouvernement syrien", a-t-il dit. Il a souligné avoir dit aux Israéliens que "nous ne sommes pas autorisés à vous rencontrer", la Syrie et Israël étant toujours en état de guerre. Son village est situé dans cette zone tampon où sont déployés les Casques bleus de la Force des Nations unies pour l'observation du désengagement (Fnuod). Dans la rue principale de Jabata al-Khachab, des patrouilles israéliennes circulent de temps à autre. Dans la ville voisine d'al-Baath, des chars israéliens sont postés dans le centre de la localité, a constaté un correspondant de l'AFP. Les forces de l'ancien pouvoir avaient subitement abandonné leurs positions dans le sud de la Syrie avant même l'arrivée des groupes rebelles à Damas le 8 décembre. L'ONU considère la prise de contrôle de la zone tampon par Israël comme une "violation" de l'accord de désengagement de 1974.