Amadou Ba n’est pas parvenu à conserver son titre de chef de l’opposition. Il ne sera pas, non plus, chef de l’opposition parlementaire. La faute à son ancien patron. L’ancien Président Macky Sall a pesé de tout son poids sur le scrutin de ce dimanche. Rien que pour ne pas se faire dribbler, ne pas se faire doubler par son ancien poulain et ex-Premier ministre. Tout était clair dans la tête de pas mal d’observateurs que l’ancien chef de l’Etat, ancien patron de la défunte Coalition Benno bokk yaakaar (Bby), en a toujours après le candidat malheureux de l’élection présidentielle, qu’il avait lui-même choisi avant de le combattre activement pour le conduire à la débâcle le dimanche 24 mars dernier.
Depuis lors, Macky Sall n’en démord pas. Il n’a pas, donc, lâché le morceau. Réputé être un leader politique opiniâtre, très obstiné et très coriace quand il s’agit pour lui de mener un combat politique, il s’est affiché devant le camp d’en face, incarné par le leader de la «Nouvelle Responsabilité». Ne laissant aucune place au dialogue, encore moins aux concessions, Macky Sall a posé des actes. Cela transparaît da ns sa contestation de la liste de «l’inter-coalition» mise en place à Guédiawaye et composée de son jeune frère Aliou Sall, ancien maire de la ville du même nom et son ancienne ministre de la Jeunesse, Néné Fatoumata Tall. A cette dernière, le président du parti Alliance pour la République dont elle est membre de la première heure, déniera sa qualité de responsable de son organisation politique. L’ancien Président Macky Sall poussera même le bouchon plus loin, en donnant une consigne à ses militants et à ses sympathisants. Celle-ci consistait, ni plus ni moins, à ne pas exprimer, au soir du dimanche 17 novembre, son devoir citoyen devant l’urne en faveur de cette liste dont les composantes proviennent des coalitions «Jamm ak njariñ» et «Takku Wallu Senegaal». Conséquence : la mayonnaise a apparemment pris et Macky Sall a obtenu ce qu’il a visé et voulu. Il a battu campagne et fait battre campagne contre… son frangin.
Les élections législatives sont des élections majeures. Elles entrent dans l’histoire politique. C’est une autre étape dans la carrière politique de l’ancien Premier ministre. Au point de susciter en lui pas mal d’interrogations. A l’heure du bilan de cette étape de son parcours politique parsemé d’embûches et de crocs-en-jambe, Amadou Ba est appelé à se reconstruire. A se repositionner afin d’arriver à se tailler une place de choix dans un landerneau politique en reconfiguration continue.
La marche risque d’être longue. L’heure des grands travaux a sonné pour le leader de la «Nouvelle Responsabilité». Comment se défaire d’un adversaire aussi coriace que Macky Sall. Un adversaire politique qui n’avance pas masqué. Qui n’a pas encore rangé les armes. Puisqu’en perspective des prochaines élections locales, il n’est pas exclu que l’ancien locataire du palais de la République revienne à la charge par la magie d’un autre plan «mackyavelique» dont il a le secret. Macky Sall n’a pas été Maoïste pour rien. Pour les observateurs qui l’oublieraient, l’ancien maire de Fatick a tété au biberon d’And-jëf/Mrdn, devenu Aj/Pads sous la férule de son ancien allié, Landing Savané, avant de rejoindre la demeure politique du pape du Sopi, Me Abdoulaye Wade. Tout ce parcours formate l’ancien gauchiste devenu libéral et forge son caractère politique. Au point de le pousser à parvenir à priver celui qu’il avait «invité» au «banquet» de l’Alliance pour la République, d’un probable, qui sait, «Grand soir», sept mois après son départ mouvementé de l’Etat.
Avec sa performance d’hier, Macky Sall a les moyens de se repositionner sur l’échiquier politique. N’étant pas le maître du jeu, il pourra se montrer incontournable et «intraitable» pour d’éventuelles alliances à nouer en vue des prochaines joutes électorales.
Par Mamadou T. DIATTA – [email protected]
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