La licence de pêche démersale côtière a été suspendue par les autorités sénégalaises depuis 2006. Cette licence, qui comporte trois options (chalutiers-crevettiers, chalutiers poissonniers-cépalopodiers, palangriers de fond), n’a pas été non plus renouvelée cette année. Cette situation a aujourd’hui causé des problèmes au niveau des accords de pêche entre le Sénégal et la Gambie. «D’ailleurs, il y avait une négociation que le Sénégal menait avec la Gambie sur les accords de pêche. Le Sénégal avait oublié de mentionner cet aspect dans les négociations et a négocié avec la Gambie pour des accords de réciprocité. Mais, dans cet accord, le Sénégal avait oublié de signaler que pour la pêche démersale côtière, aucun Sénégalais ne peut y accéder. Or, dans l’accord, les bateaux, comme les pirogues sénégalaises, peuvent aller pêcher ces espèces en Gambie, et vice-versa. Des bateaux chinois qui étaient au Qatar, qui avaient des licences en Guinée-Bissau ou en Gambie, ont profité de cette brèche pour bénéficier de ces accords entre le Sénégal et la Gambie afin de pêcher ces espèces dont le Sénégal a suspendu les licences depuis 2006», rappelle Alassane Dieng, Secrétaire général du Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (Gaipes).
Il a également souligné un autre aspect sur les licences de pêche démersale profonde où l’espèce la plus prisée dans cette zone reste le merlu. Le Centre de recherches océanographiques Dakar-Thiaroye (Crodt) a estimé le potentiel du Sénégal à 3 mille tonnes. Les accords de pêche que le Sénégal a signés avec l’Union européenne, et qui prennent fin au mois de novembre 2024, s’élèvent à 1750 tonnes. «Cela veut dire que pour cette licence de pêche démersale profonde option poisson, le reste est estimé à 1250 tonnes pour les Sénégalais. Alors, le Sénégal a pris plus de 50 bateaux et leur a donné des licences pour qu’ils pêchent les 1250 tonnes qui restent. Imaginez qu’un seul bateau puisse pêcher tout de suite ce qui reste. Ce qui fait que les bateaux chinois naturalisés récemment sénégalais n’ont pas de licence. Dans cette licence, il y a une option crevette, c’est un quota qui est très clair. Donc la licence démersale profonde option poisson reste la seule possibilité pour avoir une licence de pêche pour ces espèces. Et la plupart du temps, les bateaux prennent comme couverture cette licence, mais ne pêchent pas pour cette licence. D’ailleurs, c’est ce qui avait causé des problèmes avec ces bateaux, car ils pêchaient dans la zone réservée à la pêche artisanale», soutient le Secrétaire général du Gaipes.
D’ailleurs, à défaut de la ressource, plusieurs navires pêchent dans des zones non autorisées. Plus de 70% des arraisonnements survenus ces derniers temps ont été effectués dans la zone interdite, où ils n’ont pas le droit de pêcher.
8 à 30 millions de francs Cfa de sanctions
En plus d’entrer dans les zones non autorisées, certains navires n’hésitent pas à éteindre leur Vms, alors que cette pratique est interdite par la loi. «Dans le cas d’espèce, le navire peut être sanctionné à hauteur de 5 à 8 millions. Parce que le bateau peut éteindre sa balise, prendre tout son temps, pêcher sans être repéré, pour ensuite récolter cette petite amende. Si le bateau pêche dans une zone interdite, la sanction est de 20 à 30 millions. Toutefois, il y a des situations où on peut saisir la cargaison et la vendre pour la rajouter à la sanction. En cas de récidive, le ministre de la Pêche et de l’économie maritime a le droit de retirer la licence. Dès lors, le bateau ne pourra plus pêcher dans les eaux sénégalaises», avertit Alassane Dieng.
Le chef de la brigade Veille du Port rajoute que dans le cadre de la pêche Inn, les sanctions sont plus lourdes. «Donc, quand tu commets une infraction, par exemple tu as fait une pêche illicite, c’est-à-dire quand on te dit que tu dois te limiter à cette zone ou bien le filet doit être de 70mm, tu mets un filet de 50 mm, si tu es pris, les circonstances peuvent faire qu’on peut te laisser vendre le produit, mais tu peux écoper d’une amende de 20, 30, voire 50 millions. Si les circonstances sont aggravantes, le produit est saisi, en plus d’une amende», indique l’inspecteur des Pêches.
Aujourd’hui, toutes les pirogues qui ont une licence au Sénégal ont des Vms. «Chaque jour la Marine fait des patrouilles : de la zone centre du Cap Manuel jusqu’à la frontière avec la Gambie, ensuite du côté sud comme du côté nord. Donc nos côtes sont très bien surveillées», renseigne Diamé Ndiaye.
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