Première marocaine de « Everybody Loves Touda » au FIFM
DNES à Marrakech Mohamed Nait Youssef
Après avoir été présenté dans la sélection officielle du Festival de Cannes 2024,«Everybody Loves Touda», le dernier long-métrage de Nabil Ayouch a été projeté, mercredi 04 décembre, en première marocaine, dans le cadre de la 21ème édition du festival international du film de Marrakech. Cette œuvre cinématographique de 103 minutes, choisie pour représenter le Maroc aux Oscars 2025, dans la section « Meilleur film international », plonge le public dans l’univers Touda, une femme artiste rêvant devenir une Cheikha expérimentée dans une réalité dure et pleine de défis.
« Après la présentation à Cannes, on a attendu 6 mois pour le montrer au public marocain. Et ce n’est pas rien ! Ce film, c’est des récits de rencontres et d’histoires de femmes auxquelles j’ai parlé pendant des mois et des mois pour essayer de comprendre leurs histoires, solitudes, leurs souffrances, leurs rêves, leurs espoirs. Ces femmes sont fortes, courageuses, guerrières, elles sont à l’image de cette actrice. Elles ont hanté mes films depuis Razzia, les Chevaux de Dieu.», a révélé Nabil Ayouch lors de la présentation du film. Et d’ajouter : « ces femmes me hantent, et je ne les admire pas par hasard ; elles ont joué un rôle dans l’histoire de ce pays depuis 19ème siècle. Elles ont été les premières à pouvoir oser chanter en public.»
Ces chanteuses, affirme le réalisateur, sont porteuses d’une très belle tradition de l’art de l’Aïta, une poésie chantée. « Elles étaient les premières à chanter l’amour, le corps et le désir, et j’avais envie parce que je trouve qu’il y a une forme d’injustice dans l’image qu’elle véhicule et j’avais envie de leur rendre hommage et leur donner un statut et une dignité à travers ce film. », a-t-il expliqué.
Un cri, une quête de soi et de dignité…
Tout commence par un cri. Une scène festive qui tourne mal. Après une longue scène de respiration, le film s’ouvre sur un cri de Touda victime d’un viol alors qu’elle participait à une fête au milieu de la nature. La joie des uns ne fait pas forcement le bonheur des autres. Touda est une Cheikha, une artiste défiant les regards critiques de la famille et de toute une société méprisant la Cheikha à la fois bien-aimée et mal-aimée.
« C’est le premier rôle que j’ai travaillé toute la période avec Nabil qui m’a tout donné pour réussir ce rôle. J’ai tant attendu la réaction du public marocain, parce que Touda est marocaine, et seuls les marocains vont la comprendre. », a confié NisrinErradi ayant incarné le rôle de Touda.
De la campagne à Casablanca, Toudaa essayé de fuir la pauvreté et de vivre dignement de son art. La chanteuse erre dans les nuits casablancaises, longues et animées à la recherche d’une place au soleil.Dans «Tout le monde aime… Touda », Nabil Ayouch présente à la fois un personnagecomplexe, tendre, fort, fragile, rêveur, joyeux et mélancolique. Il nous présente à la fois une diva dans toute sa splendeur et une Cheikha souffrante dont la voix et la musique sont venues des entrailles de la terre. Le réalisateur opte pour une fin ouverte, voire inachevée où l’artiste continue son périple de quête d’affirmation de soi et surtout de dignité.
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