Pour une durabilité des ressources : Les acteurs de la pêche se jettent à l’eau

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Pour une durabilité des ressources : Les acteurs de la pêche se jettent à l’eau
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La raréfaction des ressources halieutiques est due à des problèmes conjoncturels et structurels. Les acteurs du secteur, comme la Conaped, conscients de la détérioration de l’écosystème, ont décidé de se mouiller pour aboutir à une pêche durable. La Coalition nationale pour une pêche durable (Conaped), qui fédère beaucoup d’acteurs de la pêche, compte porter le plaidoyer pour une pêche durable. Selon Abdoulaye Ndiaye, chargé de projets à Blue Ventures (partenaire de la Conaped), les autorités, qui ont déjà signé la Charte pour une pêche durable, sont d’accord pour son application. «Pour la gestion faunique, nous devons rappeler aux autorités que la sardinelle n’habite pas le Sénégal, il va en Gambie, en Guinée-Bissau, pour ensuite revenir au Sénégal. Si la Mauritanie prend des mesures pour sauvegarder cette ressource et que les autres pays ne font pas la même chose, il n’y aura pas de résultats. Donc, ça, ce ne sont pas les pêcheurs ou les mareyeurs qui peuvent le faire, mais c’est l’Etat qui doit prendre les mesures nécessaires. A chaque occasion, il faudra rappeler à l’Etat les engagements qu’il a pris pour la gestion de la ressource», conseille Abdoulaye Ndiaye. Par ailleurs, il invite les pêcheurs à porter le plaidoyer pour qu’ils soient reconnus par l’Etat. «J’ai toujours dit que les pirogues ont plus de valeur que les pêcheurs qui sont les propriétaires des pirogues. Parce que la pirogue est immatriculée, elle existe et est reconnue par l’autorité, tandis que le pêcheur n’est pas reconnu, il n’a pas de carte, ni rien qui peut l’identifier. Le métier de pêcheur n’est pas reconnu. Donc, les coordonnateurs, les pêcheurs doivent porter le plaidoyer. Du côté de l’Etat, il faut savoir que les pêcheurs sont des êtres humains, il leur faut une reconnaissance. Si les pêcheurs ne portent pas leur combat, qui va le faire ?», s’interroge-t-il. Selon lui, l’Etat connaît le nombre de pêcheurs et leur contribution dans le secteur de la pêche, rappelant qu’ils ont payé, cette année, comme permis de pêche, 200 millions F Cfa. Cette somme est jugée dérisoire, car deux bateaux seulement paient une licence à plus de 200 millions. «Si les pêcheurs jouaient vraiment leur rôle, il y aurait plus d’accords de pêche au Sénégal. Regroupons-nous pour que chaque pirogue donne 10 mille francs, et nous aurons plus de 10 milliards ; ce qui fait que si nous portons le plaidoyer, nous pourrons développer ce secteur. Mais, nous sommes plus portés sur des querelles de positionnement. Cela n’a pas de sens», regrette Abdoulaye Ndiaye. Pour une gestion concertée de la ressource, la Conaped invite l’Etat à ne plus donner de licence de pêche tant que le Crodt n’a pas confirmé la disponibilité des espèces. «On ne doit pas octroyer des licences de pêche comme on veut. Par exemple, quand le ministre reçoit la commission qui octroie les licences de pêche pour lui demander son avis, cette dernière se contente de donner juste son avis, elle se limite à ça. Le ministre peut dire oui, mais faire le contraire, qu’est-ce que cette commission peut y faire ? Rien. Pour mettre fin à cette pratique, au sein de la Conaped, nous avons proposé que l’avis du Crodt puisse compter pour l’octroi de la licence», dit-il. Evaluation des accords de pêche avant tout octroi de licence A quelques jours de la fin des accords de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne, la Conaped a émis un certain nombre de recommandations. «Il faut d’abord faire l’évaluation des accords de pêche. Cette évaluation pourrait être négative comme positive. D’ailleurs, les acteurs ont vu sur le terrain les évaluateurs. Au terme de cette évaluation, nous invitons l’Etat à partager les résultats avec les acteurs. C’est à l’issue de cela que le Sénégal pourra signer ou non les accords de pêche», propose le chargé de projets à Blue Ventures. Il poursuit : «Les pêcheurs doivent savoir que ce n’est pas le Sénégal qui gère la pêcherie de thon, c’est plutôt l’Icad dont le siège se trouve en Espagne. C’est cette structure qui dit au Sénégal, tu dois donner tant de tonnes à pêcher pour l’année. Que le Sénégal le prenne ou non, c’est ce que l’Icad lui donne. S’il épuise le stock qu’on lui a donné, il n’a pas le droit d’outrepasser. Maintenant si le Sénégal n’a pas les moyens pour pêcher le thon, qu’est-ce qu’il faut faire ? Si le Sénégal le veut, il peut le donner à d’autres pays. C’est cela les accords de pêche. Maintenant si l’Etat le voulait aussi, il pourrait appuyer le Gaipes ou le Caps en moyens pour pêcher ce thon. C’est aussi possible. Mais dans ce cas, nous n’accepterons pas que des accords de pêche soient signés avec d’autres pays pour cette espèce.» Aujourd’hui, la Conaped assure qu’elle n’est pas contre les accords de pêche. Mais, elle précise : «ce sont les politiques de pêche qui ne sont pas conformes à nos lois. Nous voulons que la valorisation de toutes les ressources soit renforcée, comme le stipule la lettre de politique sectorielle. Le thon, c’est une ressource sénégalaise, si des gens peuvent le valoriser, on doit leur donner ça. A défaut, donnons ça à ceux qui peuvent le faire. Mais quoiqu’il en soit, il faut évaluer avant de signer», conseille M. Ndiaye. Par ailleurs, l’Association des communicateurs en pêche des radios communautaires et généralistes (Acprcg) a bénéficié d’une formation pour être sensibilisée sur les zones de pêche mais aussi sur la durabilité de la ressource. Selon Omar Diaw, président de l’Acprcg, leurs membres sont appelés à faire des émissions sur la pêche. «Il est normal que nous soyons capacités sur certains aspects liés à ce secteur. Aujourd’hui, ce sont les zones de pêche qui sont parfois sources de conflits. Les radios communautaires peuvent jouer un rôle très important, à savoir sensibiliser les communautés à travers nos émissions pour mettre fin aux conflits entre la pêche artisanale et la pêche industrielle», déclare Omar Diaw. Quant à Malick Fall, coordonnateur de «Pour une pêche durable», qui fédère plusieurs acteurs, il admet beaucoup de manquements de leurs membres. «C’est à nous de régler les problèmes, et pour y arriver, il faut qu’on le fasse avec tous les acteurs. Les journalistes jouent un grand rôle, car ils peuvent parler aux acteurs et ils sont très écoutés aussi par ces derniers. Nous avons espoir que la pêche va renaître de ses cendres parce que déjà la Conaped a initié une charte de 13 points à laquelle le gouvernement a adhéré. Cette charte a été faite par plusieurs organisations afin de travailler pour le retour de la ressource dans nos eaux et que d’ici 2030, nous ayons une pêche durable», souhaite Malick Fall. Par A.B. [email protected] L’article Pour une durabilité des ressources : Les acteurs de la pêche se jettent à l’eau est apparu en premier sur Lequotidien - Journal d'information Générale.