Au cœur de la traque des biens mal acquis sous la Présidence Macky Sall en tant que Garde des sceaux, ministre de la Justice, Aminata Touré exprime toute son opposition à la médiation pénale. Une idée émise à l’Assemblée nationale par l’actuel ministre de la Justice, Ousmane Diagne, lors de la dernière séance «Questions d’actualité» au gouvernement. Mme Touré milite plutôt pour une application de la loi dans toute sa rigueur à propos des procédures judiciaires relatives au détournement de deniers publics.
Par Dieynaba KANE – Il faudra s’afficher avec des arguments plus convaincants pour persuader Mme Aminata Touré que la médiation pénale doit être approuvée comme démarche judiciaire dans le cadre des procédures relatives au détournement de finances publiques. Invitée de l’émission En vérité sur la Rts, Aminata Touré, Haut-représentant du président de la République Bassirou Diomaye Faye, a, en effet, exprimé son opposition à la médiation pénale dans les affaires de détournement de fonds publics. Ancienne ministre de la Justice sous le régime de Macky Sall, étant au cœur de la traque des biens mal acquis lancée par le Président Sall dès son accession au pouvoir en 2012, Aminata Touré a fait part de sa position pour une application de la loi dans toute sa rigueur. «Je ne suis pas d’accord sur ce point, et depuis 10 ans, je le dis. Ce serait trop facile. Cela veut dire que si vous nommez une personne et qu’elle détourne 50 milliards, si on l’attrape, elle peut proposer de rendre 30 milliards et s’en sortir ainsi. Les gens en feraient un métier si tout se terminait par une médiation pénale. Même la loi ne dit pas cela. Selon moi, on doit les remettre à la Justice et ensuite récupérer l’intégralité de l’argent», a déclaré Mme Touré.
Au-delà de la lutte contre la corruption, l’ancienne Première ministre a aussi souligné la nécessité de rétablir la confiance entre la Justice et les citoyens. «N’oubliez pas qu’on était dans une situation extrêmement difficile. L’actuel président de la République a été libéré de prison quatre jours après le début de l’élection présidentielle, avec le Premier ministre. Plus de 1000 personnes étaient emprisonnées pour des raisons politiques. Donc la réconciliation et le rétablissement de la confiance vont prendre du temps, mais je pense que les Sénégalais le savent : nous sommes sur le bon chemin», a-t-elle fait savoir.
Avec sa position sur la médiation pénale, Aminata Touré prend le contrepied du ministre de la Justice Ousmane Diagne. Lors du face-à-face entre le gouvernement et les députés pour les besoins des questions d’actualité, le ministre de la Justice, évoquant les éventuelles poursuites contre les personnes présumées incriminées par le rapport de la Cour des comptes, avait émis l’idée d’avoir recours à la médiation pénale. D’après Ousmane Diagne, en dehors des poursuites, ce qui est plus important, c’est de surtout «faire en sorte que ces deniers publics puissent être récupérés». Dans ce cadre, il avait annoncé qu’il est envisagé «de mettre en branle des systèmes de règlements tels que la médiation pénale qu’il va falloir améliorer».
Il avait en outre estimé que «l’action de la Justice serait quelque peu vaine, si on ne parvient pas d’une façon ou d’une autre à récupérer ces importants montants qui ont été dissipés et dont le pays a le plus grand besoin». Depuis leur avènement à la tête du pays, les autorités de l’Etat ne cessent de marteler leur ferme volonté et leur détermination à lutter contre la corruption et pour la reddition des comptes. Depuis quelques semaines, elles se sentent confortées dans leur position par le dernier rapport de la Cour des comptes, qui présente une situation économique et financière très peu reluisante du pays. Un état des finances publiques qui est loin d’être partagé par les membres de l’ancien régime.
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