L’Agence Nationale de l’Assurance Maladie (ANAM), avant la promulgation de la loi créant l’Agence du médicament, avait signé une convention engageant plusieurs dizaines de milliers de dirhams pour l’élaboration de protocoles thérapeutiques standardisés. Cette convention associe le ministère de la Santé et de la Protection sociale, l’Ordre National des Médecins et la Société Marocaine des Sciences Médicales (SMSM). Si l’initiative de l’ANAM est louable, puisqu’elle vise à rationaliser les dépenses en médicaments et à assurer la pérennité du système d’assurance maladie obligatoire, des questions de fond se posent. Notamment, quelle est la valeur ajoutée scientifique réelle de la SMSM dans un domaine aussi crucial que l’élaboration de protocoles thérapeutiques ? Un protocole thérapeutique n’est pas un simple document administratif. Il s’agit d’un ensemble de recommandations structurées, basées sur les données scientifiques les plus récentes, qui visent à uniformiser les pratiques médicales et à optimiser la prise en charge des patients. Ces protocoles permettent non seulement d’améliorer la qualité des soins, mais aussi de réduire les variations injustifiées dans les pratiques, et par conséquent, les coûts inutiles. Or, leur élaboration est un processus complexe, nécessitant des consultations approfondies avec des experts de spécialités médicales variées. Ces protocoles doivent être actualisés tous les deux à trois ans pour suivre les avancées scientifiques et les innovations thérapeutiques. Si la présence du ministère de la Santé, en tant qu’autorité de tutelle, et celle de l’Ordre National des Médecins, garant de l’éthique, sont pleinement justifiées, le rôle de la SMSM pose des questions. Historiquement, cette association a joué un rôle pionnier dans la formation médicale continue au Maroc. Mais aujourd’hui, le Royaume regorge de sociétés savantes spécialisées, telles que la Société Marocaine de Médecine Interne, la Société Marocaine d’Anesthésie Analgésie Réanimation (SMAAR), le societé marocaine de rhumatologie et celle de nephrologie ou encore la Société Marocaine de Cardiologie. Ces dernières, fortes de leur expertise pointue, semblent être des partenaires naturels pour l’élaboration de protocoles thérapeutiques pertinents et adaptés, sans passer par des intermédiaires, qui risque de faire perdre un temps précieux. Alors, pourquoi l’ANAM ne privilégie-t-elle pas des conventions directement avec ces sociétés spécialisées ? Cette approche pourrait garantir des protocoles plus ciblés, mieux adaptés aux réalités médicales et surtout en réduisant les délais de conception. En somme, si la SMSM souhaite maintenir sa pertinence dans ce processus, elle doit démontrer une réelle valeur scientifique ajoutée. Car dans le Maroc du Roi Mohammed VI, l’excellence et l’efficience doivent primer, également dans le domaine médical.