Une proxénète à la tête d’un vaste réseau de traite d’êtres humains a enfin été épinglée au Maroc après avoir fui Bahreïn et les Emirats Arabes Unis, et ce suite à une coopération judiciaire entres les autorités bahreïnies et marocaines.
Une proxénète marocaine qui était activement recherchée par la justice bahreïnie pour son implication dans un réseau de prostitution international a été arrêtée au Maroc et condamnée dernièrement par la chambre criminelle près la Cour d’appel à Rabat pour trafic d’êtres humains à six ans de réclusion criminelle.
L’affaire a commencé par une demande de coopération judiciaire émise par le parquet général à Manama, capitale du Bahreïn, après des mois d’enquête sur une organisation criminelle spécialisée dans l’exploitation sexuelle de jeunes femmes, principalement marocaines.
Les autorités judiciaires bahreïnies ont informé leurs homologues marocains que cette proxénète recourait à la ruse pour recruter des jeunes filles dans son réseau de prostitution avant de commencer à les menacer et les violenter. Elle a été déjà jugée et condamnée par contumace à cinq ans de prison ferme assortie d’une amende de 5.000 dinars bahreïnis, l’équivalent de 119.161,03 dirhams marocains, et d’une décision d’extradition vers le Maroc. Mais la prévenue avait réussi à fuir dans des circonstances indéterminées. Elle a été retrouvée plus tard aux Émirats Arabes Unis alors qu’elle y purgeait une peine de trois mois de prison ferme pour une affaire également de proxénétisme, avant d’être expulsée vers le Maroc. Seulement, elle a nié en bloc les accusations qui lui ont été reprochées.
Toutefois, l’enquête relancée grâce à la collaboration avec les autorités de Manama a permis de recueillir des témoignages glaçants. A titre d’exemple, l’une de ses victimes qui a été auditionnée par les enquêteurs de la police judiciaire a affirmé qu’elle a rencontré, par un pur hasard, dans un café à Salé, la mise en cause qui lui a proposé un emploi dans une entreprise établie à Dubaï. En guise de garantie et pour qu’elle ne prenne pas la fuite une fois arrivée, elle a exigé de lui remettre un chèque de 100 mille dirhams. Une fois à Dubaï, a-t-elle précisé dans ses déclarations aux limiers de la PJ, elle a été confiée à un Egyptien qui l’a conduite dans une maison abritant plusieurs femmes de diverses nationalités.
Deux mois plus tard, elle a été envoyée à Bahreïn, où un autre jeune homme, un Marocain, cette fois-ci, l’a emmenée à un grand palace pour lui réserver une chambre. C’est alors que le chantage a commencé : la victime a raconté aux policiers avoir été forcée de se prostituer sous la menace de poursuites judiciaires pour le chèque signé à Salé. Elle a affirmé qu’elle « servait », quotidiennement, sept clients. Elle empochait chaque semaine une somme globale de 1.800 dinars bahreïnis, soit un peu plus de 42.893,93 dirhams marocains. Après quoi, a-t-elle ajouté aux enquêteurs, elle a été remise, comme une marchandise, entre les mains de la sœur de la proxénète qui exerçait la même activité.
Cette dernière a été arrêtée, selon la version de la victime auditionnée par la police, en compagnie de l’un de ses sbires, par la justice bahreïnie qui a extradé les autres victimes, toutes des jeunes femmes, au Maroc. Pour échapper aux griffes de cette proxénète, cette victime a affirmé avoir recouru à l’enregistrement d’une vidéo où elle raconte ce qui lui est arrivé tout en la diffusant sur les réseaux sociaux. Après quoi, les autorités bahreïnie ont réagi fermement, mais la proxénète avait déjà pris la fuite.
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