Allons-nous réellement vers un retour à l’ordre constitutionnel. Rien n’est moins sûr, en dépit de l’inscription du budget des élection à hauteur de 80 milliards dans le projet de loi de Finances 2025, suivie de la visite récente des deux autorités devant organiser ledit scrutin aux mairies pour constater l’évolution de la révision annuelle des listes électorales. Alors que d’aucuns tablent sur le mois de mars 2025, aux yeux d’autres observateurs avisés, la présidentielle devant consacrer la fin de la Transition pourrait encore une fois subir un autre «léger report». Et pour cause, à six petits doigts de mars 2025, on ignore toujours la nature des documents électoraux retenus pour le scrutin et la majorité des électeurs ne disposent ni de carte d’identité nationale, ni de carte biométrique encore moins de cartes d’électeurs. En attendant, a la différence des autres scrutins présidentiels, très peu de favoris se démarquent jusqu’ici du lot. Toutefois, le président de la Transition, s’il se présente, et le président de la CODEM, Housseini Amion Guindo, pourraient faire figures de plus sérieux candidats pouvant remporter la charogne peu convoitée pour l’heure.
Pour le président de la Transition – dont la candidature prend corps petit à petit – il pourrait bénéficier d’un large soutien, surtout en étant porté par l’armée malienne. Beaucoup de formations politiques, à défaut d’avoir un candidat dans leurs propres rangs pourraient être tentées d’opter pour la continuité. L’énigme reste toutefois entière sur le président Goita qui, selon nos sources, n’aurait jamais exprimé le désir de se porter candidat à la magistrature suprême. Quoi qu’il en soit, il sera difficile d’en faire avaler la pilule à la communauté internationale avec le verrou de la Charte qui rend inéligibles les responsables de la Transition aux prochaines élections. Une disposition qui, de surcroît, ne peut faire l’objet de modification.
Que le nouveau Général d’Armée mijote une candidature ou pas, il faudra compter en 2025 avec Housseini Amion Guindo, qui pourrait être un candidat plus redoutable que par le passé. En effet, à la différence de beaucoup de politiques, le président et candidat naturel de la CODEM ne traîne aucune casserole après son passage à la tête de plusieurs départements ministériels. Un atout qui explique probablement ses positions tranchées depuis l’avènement de la Transition, lesquelles lui valent aujourd’hui l’admiration dans plusieurs états-majors de formation politique. Au dernier virage, un bloc de partis politiques, notamment ceux dont les présidents sont poussés à l’exil, pourrait porter sa candidature. Et ça n’est pas tout. Il est aussi apprécié dans beaucoup de milieux religieux, notamment les partisans de Mohamoud Dicko. Reste à savoir transformer cette de sympathies en dividende électoral.
Amidou Keita