Sahara : Marasme algérien au Conseil de Sécurité [INTÉGRAL]

​Plein d’esclandres et de déclarations bruyantes, le mandat de l'Algérie au Conseil de Sécurité s'est révélé un échec, au moment où l’utilité de la MINURSO est de plus en plus contestée. Décryptage. Au crépuscule de son mandat au Conseil de Sécurité, l’Algérie tente tant bien que mal des coups désespérés de harcèlement pour se faire remarquer et soulager sa conscience vis-à-vis du Polisario pour lequel sa diplomatie n’a rien pu faire depuis son arrivée à l’instance onusienne. Dernière provocation en date : un long galimatias de l’ambassadeur algérien à l’ONU, Amar Bendjama, lors d’un débat sur le renforcement de la capacité d’adaptation des opérations de paix de l’ONU. Comme il fallait absolument parler du Sahara, le vieux renard algérien a ressassé un vieux vœu jamais exaucé : élargir le mandat de la MINURSO à l’observation des droits de l’Homme. Venant de la part d’une dictature militaire sanguinaire qui emprisonne brutalement un écrivain de 75 ans,

Sahara : Marasme algérien au Conseil de Sécurité  [INTÉGRAL]
   lopinion.ma
​Plein d’esclandres et de déclarations bruyantes, le mandat de l'Algérie au Conseil de Sécurité s'est révélé un échec, au moment où l’utilité de la MINURSO est de plus en plus contestée. Décryptage. Au crépuscule de son mandat au Conseil de Sécurité, l’Algérie tente tant bien que mal des coups désespérés de harcèlement pour se faire remarquer et soulager sa conscience vis-à-vis du Polisario pour lequel sa diplomatie n’a rien pu faire depuis son arrivée à l’instance onusienne. Dernière provocation en date : un long galimatias de l’ambassadeur algérien à l’ONU, Amar Bendjama, lors d’un débat sur le renforcement de la capacité d’adaptation des opérations de paix de l’ONU. Comme il fallait absolument parler du Sahara, le vieux renard algérien a ressassé un vieux vœu jamais exaucé : élargir le mandat de la MINURSO à l’observation des droits de l’Homme. Venant de la part d’une dictature militaire sanguinaire qui emprisonne brutalement un écrivain de 75 ans, une telle extravagance ne peut susciter que dérision. Emprisonné pour avoir rappelé une banale vérité historique, l’écrivain Boualem Sansal risque plus de dix ans de prison. Vivement critiquée à l’international, l’Algérie fait la sourde oreille et regarde vers son voisin de l'Ouest. Une attitude classique de la part d’un régime qui parle des droits des peuples tout en écrasant le Hirak qui revendique depuis longtemps le départ de la nomenklatura militaire.   Les 4 vérités  Face à l’ambassadeur, qui a failli exploser de rage au vote de la dernière Résolution du Conseil sur le Sahara, son homologue marocaine, Majda Moutchou, n’a pas manqué de lui rappeler ses quatre vérités. Elle a pourfendu cette sournoiserie qui reflète, à ses yeux, “une masterclass en manipulation politique sélective”.  “L’ambassadeur algérien a soudainement retrouvé une passion nouvelle pour les droits de l'Homme et le droit international”, a ironisé la diplomate marocaine qui a pris l’habitude de répondre aux propos farfelus de ses homologues algériens. Face aux contre-vérités de l’Algérie, la diplomatie marocaine a, en fait, remis l’église au centre du village en rappelant quelques fondamentaux sur l’essence même d’une mission de maintien de la paix. Celle-ci a vocation unique à préserver le cessez-le-feu tel que prévu par son mandat bien défini par le Conseil de Sécurité.  “Sept opérations de paix de l'ONU sur onze ne disposent pas de mandat de surveillance des droits humains”, a rappelé la diplomate marocaine. Une vieille revendication enterrée Signé en 1991, l’accord de cessez-le-feu ne contient aucune mention d'observation des droits de l’Homme dans la liste des attributions de la mission onusienne qui était chargée initialement de s’assurer que les armes se taisent au mur de la défense et d'organiser un référendum, avant que l’ONU ne reconnaisse son inapplicabilité. Les obstacles liés au recensement des populations des camps de Tindouf et l'identification du corps électoral ont condamné ce projet à l’oubli. Comme ce n’est plus à l’ordre du jour et comme le plan d’autonomie est désormais l’unique solution crédible sur la table, l’Algérie joue désespérément la carte des droits de l'Homme, singeant ainsi l'Administration Obama qui est allée sur cette piste en 2013, sans succès. Évidemment, ce genre de tentatives ne passent plus, tout le monde sait aujourd'hui que l’instrumentation des droits de l’Homme est devenue un moyen de satisfaire des agendas politiques. L’Algérie se montre soudainement attentive à la MINURSO à laquelle elle n’a eu de cesse de compliquer la tâche via le Polisario qui l’empêche de se déplacer librement dans la zone tampon au point que le Conseil de Sécurité a dû appeler, en 2023, à préserver la libre circulation des Casques bleus. La MINURSO pointée du doigt ! Ce débat intervient au moment où l’utilité de la mission onusienne est de plus en plus questionnée. A quoi sert réellement une mission qui n’a servi à rien finalement depuis sa création en 1991. Le récent rapport de l'American Enterprise Institute a sonné le glas pour cette mission qu’il faut dissoudre, selon l’auteur de l'article, l’ancien officiel du Pentagone, Michael Rubin. Ce dernier a jugé que la MINURSO s’est avérée inutile et a recommandé d’y mettre fin. Ce conseil peut avoir un écho favorable à Washington où l’Administration Trump, déjà peu convaincue de la pertinence même de l’ONU, serait très encline à retirer ses financements. En pareil cas, ce serait un coup de grâce pour la MINURSO dont les Etats-Unis sont le principal pourvoyeur. “N’oublions pas que l’Administration Trump remet en cause toute la gouvernance des Nations Unies qu’elle juge opaque et inefficace. Aux yeux de Washington, l’ONU ne sert pas à grand-chose et n’a réussi ni à régler ni à prévenir les conflits internationaux, raison pour laquelle ils remettent en cause l'existence même des missions de maintien de la paix”, explique, à cet égard, Mohamed Badine El Yattioui, Professeur d'Études Stratégiques au Collège de Défense (NDC) des Emirats Arabes Unis à Abou Dhabi. Selon notre interlocuteur, “la MINURSO est le reflet de cette mollesse de l’ONU qui n’a pas réussi à résoudre le conflit du Sahara 50 ans après son déclenchement, en dépit de toutes les initiatives qui ont été prises et malgré les évolutions positives, notamment le soutien international incontestable à la souveraineté marocaine”. “Donc, les critiques de l’Administration Trump sont, à mon avis, fondées”, convient l’expert.  La tentation américaine Washington serait d’autant plus tenté de couper le financement que c’est Donald Trump lui-même qui a reconnu la marocanité du Sahara. Aussi, la répugnance de son équipe, sous la férule d’Elon Musk, aux dépenses inutiles, renforcerait cette détermination. A l’instar du reste des missions onusiennes de maintien de la paix, la MINURSO donne l’impression qu’elle est devenue le reflet de l’impuissance des Nations Unies au moment où les appels se multiplient pour mettre fin au conflit du Sahara qui n’a que trop duré. Les Casques bleus, rappelons-le, ont assisté impuissants pendant des années au blocage du passage d’El Guerguerat qui a été finalement libéré par les Forces Armées Royales, sinon les milices du Polisario n’auraient jamais été délogées à force de tergiversations de l’instance onusienne. Tous les regards rivés sur New-York Maintenant, tous les regards sont fixés sur le Conseil de Sécurité qui abritera, en avril prochain, des consultations à huis clos. L’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies, Staffan de Mistura, en plus du chef de la MINURSO, Alexander Ivanko, présenteront leurs briefings. Un moment clé pour De Mistura dont l’avenir est de plus en plus incertain après avoir laissé entendre qu’il pourrait démissionner faute de progrès. Une démission que le Maroc ne devrait pas regretter, comme l’a fait savoir l’ambassadeur marocain à l’ONU, Omar Hilale. En fait, le diplomate italo-suédois s’est décrédibilisé lui-même en proposant la partition du Sahara, en octobre dernier. Une proposition surannée déjà refusée par le Maroc en 2002. En attendant la prochaine réunion, De Mistura continue les consultations informelles. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, lui a réitéré la position constante du Maroc lors de leur dernière rencontre. Aux yeux du Maroc, il ne saurait y avoir de dialogue en dehors du plan d’autonomie, horizon indépassable de toute discussion future à laquelle l’Algérie doit être associée.     Trois questions à Mohamed Badine El Yattioui : “L'Administration Trump croit peu à l’utilité des missions onusiennes” Le mandat de l'Algérie au Conseil de Sécurité s'approche de sa fin. Est-ce un échec ?   - C’est un échec total pour la diplomatie algérienne qui s’est montrée en décalage par rapport aux récentes évolutions au Conseil de Sécurité. Deux membres permanents, en l'occurrence les Etats-Unis et la France, reconnaissent désormais la marocanité du Sahara. Cela posait problème à l’Algérie même avant le début de son mandat et montre à quel point elle est incapable de comprendre les récentes évolutions géopolitiques et les différentes priorités stratégiques des grandes puissances. Par conséquent, la situation actuelle est tellement défavorable à l’Algérie qu’elle s’est retrouvée avec une marge de manœuvre étroite pour ne pas dire nulle au Conseil de Sécurité  où elle n’a rien pu faire pour soutenir la thèse séparatiste. Preuve en est que les dernières Résolutions du Conseil de Sécurité vont dans le sens des revendications du Maroc. L’Algérie y est désignée comme partie prenante et priée de participer aux négociations.   Aujourd'hui, la MINURSO est-elle menacée de disparition si l'Administration américaine retire son financement ?   - Il y a un risque. L'Administration Trump croit de moins en moins en l’utilité des missions onusiennes. Plusieurs membres et des think-tanks proches de l’équipe Trump ont critiqué le bien-fondé de ce genre de missions qui ne donnent souvent pas l’effet escompté. “The American Enterprise Institute a publié récemment un article très critique sur la MINURSO. Si on raisonne en termes de coût-bénéfice, on voit bien que la mission n’a réussi à atteindre aucun de ses objectifs, dont le recensement des habitants de Tindouf. Des sommes colossales ont été déboursées depuis 1991, sans résultat probant. Faute de référendum, dont l’application a été reconnue impossible par l’ONU, il n’y a eu aucune alternative. D’un point de vue politique, il est normal que l’Administration Trump soit peu convaincue de la pertinence de la MINURSO, puisqu’elle a d’ores et déjà reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara pendant son premier mandat, sachant que Joe Biden a maintenu cette décision. Quel est donc l’intérêt pour les Etats-Unis de continuer à financer une mission dont l’existence même est contraire à leur vision du conflit.    Que peut-on espérer des prochaines réunions du Conseil de Sécurité après l'arrivée de l'Administration Trump ?   - Bien évidemment, l’Administration américaine devrait rester fidèle à sa décision de décembre 2020. Par ricochet, la marge de manœuvre de Staffan de Mistura reste naturellement étroite puisqu’il risque de perdre son mandat d'émissaire onusien s’il fait obstruction à l’orientation de la France et des Etats-Unis. Il va perdre en crédibilité dans ce cas. Les prochaines réunions du Conseil de Sécurité s'annoncent animées, il serait intéressant de voir l’attitude de la Russie et de la Chine. Pour sa part, la position du Royaume-Uni reste difficile à décrypter bien qu’il soit traditionnellement aligné sur les Etats-Unis. Mais l’arrivée des travaillistes complique la lisibilité de la position britannique. Tournée régionale : Staffan de Mistura tâte le terrain Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, s’est entretenu, lundi à Rabat, avec l’Envoyé Personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara marocain, Staffan de Mistura. Cette visite, qui s’inscrit dans le cadre d’une tournée régionale, intervient à la veille des consultations informelles du Conseil de qsécurité de l’ONU prévues à la mi-avril 2025, comme l’a rappelé un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Cette rencontre s’est déroulée en présence de l’Ambassadeur, Représentant Permanent du Royaume du Maroc auprès de l’ONU, M. Omar Hilale. Lors de cet entretien, la délégation marocaine a exposé la dynamique internationale impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en faveur de la marocanité du Sahara et en appui à l’Initiative marocaine d’Autonomie. Dans ce contexte, le Souverain avait appelé les Nations Unies, à l’occasion du 49ème anniversaire de la Glorieuse Marche Verte, le 06 novembre 2024, à «prendre leurs responsabilités en mettant en évidence la grande différence entre deux paradigmes : celui qu’incarne le Maroc dans son Sahara, réaliste et légitime, et celui qui repose sur une vision sclérosée, coupée du monde réel et de ses évolutions». Selon la même source, la délégation marocaine a également réitéré le soutien du Royaume aux efforts du Secrétaire Général de l’ONU et de son Envoyé Personnel visant à parvenir à une solution politique, réaliste, pragmatique et durable sur la base exclusive de l’Initiative marocaine d’Autonomie, dans le cadre de la souveraineté et de l’intégrité terriAnass MACHLOUKH toriale du Maroc.