Sana Tabou: Mali-CEDEAO, la page est-elle tournée ?

Une délégation du Groupe intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique (GIABA), de six membres en mission de quatre jours à Bamako, a été reçue le vendredi 4 octobre 2024 par Premier ministre, Dr Choguel Kokalla MAÏGA, en présence du ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni SANOU, du ministre de la Justice et […]

Sana Tabou: Mali-CEDEAO, la page est-elle tournée ?
   maliweb.net
Une délégation du Groupe intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique (GIABA), de six membres en mission de quatre jours à Bamako, a été reçue le vendredi 4 octobre 2024 par Premier ministre, Dr Choguel Kokalla MAÏGA, en présence du ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni SANOU, du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, garde des Sceaux, Mamadou KASSOGUÉ, et du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général de Brigade Daoud Aly Mohammédine. L’objectif de la visite dans notre pays était de s’assurer de l’implication et de l’appui, au plus haut niveau des autorités politiques de la transition au GIABA dans la perspective du troisième cycle de l’évaluation mutuelle des pays membres. En effet, anciennement membre de la CEDEAO, le Mali, est toujours sous surveillance du Groupe d’Action financière (GAFI), duquel il bénéficie de l’appui constant dans sa lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ce partenariat stratégique vise à aider notre pays à améliorer sa conformité aux normes internationales en matière de régulation financière. C’est quoi le GIABA, Groupe intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique ? ‘‘Le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a été établi en 2000 par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La création du GIABA est une réponse majeure et la contribution de la CEDEAO à la lutte contre le blanchiment de capitaux. Le GIABA est une institution spécialisée de la CEDEAO, chargée du renforcement des capacités des États membres dans la prévention et la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans la région. Outre les Etats membres, le GIABA octroie le statut d’Observateur à des Etats africains et non-africains et à des organisations intergouvernementales qui soutiennent ses objectifs et ses actions et qui ont sollicité le statut d’Observateur’’. Comment le Mali, et les autres Etats de l’AES, qui a claqué la porte à la CEDEAO peut être membre d’une de ses institutions spécialisées ? I te se ka bo du denyala, ka to blon kono. En tout cas, c’est ce que semble soutenir le Directeur général du GIABA, le Libérien Edwin W. Harris Jr et notre ministre des finances Alousséni Sanou. Pour ce qui est du retrait du Mali de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le premier, pleinement conscient de la situation a fait prévaloir la neutralité technique de son institution, le GIABA : «nous ne sommes pas politiques, le Mali restera membre du GIABA» et assuré les autorités de la transition de la poursuite de la coopération avec notre pays. Le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou réitère l’adhésion de notre pays au Groupe intergouvernemental d’action contre le Blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA). Pour ce qui concerne le retrait avec effet immédiat de notre pays et les autres pays de la Confédération des États du Sahel, le 28 janvier 2024, le ministre Sanou affirme que ‘‘ce retrait n’implique aucunement, notre retrait du GIABA, mais plutôt, il induit un changement de statut au sein de l’Institution’’. Il a évoqué d’important chantier de réforme entrepris avec le GIABA, qui vise à combler les insuffisances de conformité technique et à renforcer l’efficacité de son dispositif, en matière de lutte contre le Blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Selon lui, l’achèvement de l’évaluation nationale des risques, l’adoption de la nouvelle loi sur la lutte contre le Blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme, permettra, la sortie du Mali du suivi renforcé du GIABA, est l’une des conditions pour les critères de l’examen du 3è cycle des évaluations : « objet principal de votre visite, à savoir la réduction du nombre de recommandations non conformes ou partiellement conformes à un maximum de 10 recommandations ». Quant au Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maiga, il a salué cette démarche et assuré que le Mali se tiendra en bon élève et suivra attentivement les recommandations du GIABA pour une amélioration significative de la lutte contre le blanchiment de capitaux et pour la stabilisation économique. Il a réitéré l’engagement du gouvernement de la transition à maintenir les efforts nécessaires pour sortir durablement de la crise actuelle. Sur quelle base, les autorités maliennes, souverainistes ont-t-elles décidé de rester membre à part entière du Groupe intergouvernemental d’action contre le Blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) ? Légalement, c’est possible. Bien qu’institution spécialisée de la CEDEAO, le GIABA est ouvert à des Etats non membres de la Communauté désireux d’y être. Il leur suffit d’adresser leur demande d’adhésion au Secrétariat Exécutif pour approbation par l’Autorité sur recommandation du Conseil. En effet selon l’article 3 des statuts du Groupe intergouvernemental d’action contre le Blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) sont éligibles à l’adhésion ‘‘a) Les États membres de la CEDEAO. b) Tous les autres États africains adhérant aux présents Statuts’’. En tant que membre du GIABA, quelles obligations pèsent sur notre pays ? Selon l’article 4, les États membres du GIABA doivent : Prendre des mesures pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ; Adopter les recommandations du Groupe d’Action financière (GAFI) et les mettre en œuvre efficacement ; S’approprier la méthodologie de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LAB/CFT) adoptée par le GAFI en 2004 et mise à jour de temps à autre au niveau international, entre autres. Au regard de ces obligations, rien ne s’oppose à l’appartenance du Mali à l’Alliance des Etats du Sahel et au Groupe intergouvernemental d’action contre le Blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA). PAR ABDOULAYE OUATTARA