L'andropose, la gynécomastie, l'éjaculation précoce ou la dépression chronique... Ces mots souvent murmurés ou passés sous silence sont actuellement représentés par un porte-parole inattendu : la moustache.
Le Movember, une contraction de « moustache » et « novembre », s'impose comme bien plus qu'un simple mouvement de solidarité. C'est un cri d'alerte contre ces pathologies qui menacent silencieusement la population masculine. Mais qu'on se le dise franchement : un homme reste avant toute chose un être humain qui a le droit de s'exprimer, de se défouler, ou même de transpirer des yeux ! À titre d'exemple, le cancer de la prostate frappe un homme sur huit. Le cancer testiculaire guette les jeunes adultes entre 15 et 35 ans. La dépression et le suicide masculin représentent des statistiques glaçantes : trois suicides sur quatre concernent des hommes. Ces chiffres ne sont pas de simples données froides, mais des réalités humaines qui exigent une prise de conscience collective. Né en 2003 en Australie, le Movember transforme un simple poil facial en message puissant car chaque moustache devient un outil de communication, un moyen détourné mais efficace de briser les tabous sur la santé masculine. Les hommes, traditionnellement réticents à évoquer leurs vulnérabilités, trouvent dans ce mouvement un langage nouveau. Laisser pousser sa moustache, c'est accepter de parler, de se faire dépister, de s'informer. Des actions concrètes au-delà des apparences Au-delà de son effet visuel, le Movember finance des programmes de recherche, soutient des initiatives de prévention en clamant haut et fort que les maladies ciblées ne sont pas anodines : les cancers masculins et les troubles de la santé mentale ne doivent pas passer sous silence. De ce fait, chaque moustache, naissante ou saillante, illustre une histoire de résilience, de lutte contre des maladies longtemps négligées. Le mouvement remet en question directement les normes de la masculinité traditionnelle. Exhiber sa moustache revendique que la masculinité implique de reconnaître, comprendre et lutter contre ses faiblesses plutôt que de les cacher. Des financements de projets, allant de la recherche sur le cancer de la prostate à l'aide psychologique, sont maintenant possibles grâce à la solidarité en ligne et à la visibilité médiatique de cette cause. De même, de plus en plus d'hommes sont conscients du fait que le dépistage précoce du cancer de la prostate augmente les taux de guérison à plus de 90% et qu'un accompagnement en psychologie peut éviter le suicide. Somme toute, le Movember nous rappelle une vérité fondamentale : la santé n'a pas de genre. Elle se construit dans le dialogue, la connaissance, la solidarité et l'amour de son prochain ! Houda BELABD