Le Forum Africain de l’Industrie de la Pêche et de l’Aquaculture, “Seafood4Africa”, s’est tenu à Dakhla du 4 au 6 décembre 2024. Organisé par la FENIP, cet événement a rassemblé des experts, des décideurs politiques, des acteurs économiques et des représentants d’organisations internationales autour d’un thème clé : “Partenariat pour une économie bleue et un commerce intra-africain durable”. L’objectif principal était de mettre en lumière l’immense potentiel que recèlent la pêche et l’aquaculture pour le développement économique, social et environnemental du continent africain.
Avec des ressources maritimes inégalées, le continent africain possède un potentiel immense capable, s’il est géré de manière responsable et innovante, de transformer les économies, de renforcer la sécurité alimentaire et de créer des milliers d’emplois durables. Ce forum offre l’opportunité de réinventer les modes de collaboration, de promouvoir un entrepreneuriat audacieux et de construire une économie bleue plaçant la durabilité au cœur de ses priorités.
Les débats et panels animés par des experts de renom ont abordé des thèmes cruciaux tels que la bonne gouvernance, la pêche responsable, l’innovation, la recherche et développement, le financement, l’inclusion, l’investissement et la décarbonation. L’objectif est d’identifier des solutions novatrices face aux défis actuels et futurs du secteur.
Cet événement s’inscrit aussi dans une dynamique continentale, s’appuyant sur des initiatives telles que la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF), qui ouvre de nouvelles perspectives pour un marché de plus de 700 millions de consommateurs. L’enjeu est de taille : renforcer la sécurité et la souveraineté alimentaires, piliers du développement durable du continent.
Dakhla, un pôle stratégique en Afrique
La région de Dakhla-Oued Eddahab a été choisie pour accueillir ce forum en raison de son rôle central dans le développement de l’économie bleue au Maroc. Dotée d’une position géographique stratégique, d’un climat favorable et d’une biodiversité marine exceptionnelle, Dakhla est en passe de devenir un hub logistique et industriel majeur.
M. Yanja El Khattat, président de la région, a déclaré : « Le port de Dakhla Atlantique, actuellement en construction, sera une porte d’entrée essentielle pour les échanges commerciaux entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique. Il contribuera également à promouvoir une pêche durable et une aquaculture innovante, en ligne avec la vision royale de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. »
Ce projet s’inscrit dans une stratégie nationale visant à transformer les provinces du sud en moteurs de développement économique et écologique, tout en renforçant les liens commerciaux intra-africains.
Une bourse bleue pour l’Afrique
Dans son discours d’ouverture, M. Hassan Sentissi El Idrissi, président de la Fédération Nationale des Industries de Transformation et de Valorisation des Produits de la Pêche (FENIP), a lancé un appel à des actions concrètes : « L’économie bleue est l’un des moteurs les plus prometteurs pour l’Afrique. Il est temps de dépasser les théories et de traduire nos idées en actions concrètes pour mettre nos jeunes, nos femmes et nos communautés côtières au cœur du développement durable. » Parmi ses propositions phares figure la création d’une bourse halieutique africaine, un outil structurant visant à fluidifier les échanges, fixer les standards et maximiser la valeur ajoutée des produits de la mer à l’échelle continentale.
Ce plaidoyer trouve un écho dans les propos de M. Adnane Debbarh, conseiller du président de l’ASMEX : « Ce forum est une preuve concrète du dynamisme de nos provinces du Sud et de leur intégration dans la vision royale de développement. Il est essentiel d’agir en synergie pour structurer nos approches, valoriser les ressources locales et faire de l’économie bleue un moteur de transformation régionale. »
Préserver les ressources marines face aux pressions multiples
Les ressources marines africaines font face à des défis sans précédent, notamment la surexploitation, le changement climatique, la pollution et la dégradation des habitats. Ces menaces, si elles ne sont pas maîtrisées, pourraient avoir des répercussions dramatiques sur la sécurité alimentaire et les économies locales. M. Abdelmalek Faraj, directeur de l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH), a insisté sur l’importance d’une gestion intégrée des ressources : « Nous ne pouvons plus nous contenter d’une vision purement biologique de la gestion des ressources. Il est impératif d’adopter une approche globale qui inclut les dimensions économiques et sociales pour garantir une exploitation durable. »
Le Royaume du Maroc a investi 1,5 milliard de dirhams sur dix ans pour renforcer la recherche halieutique et mettre en place des outils de suivi scientifique avancés. Six navires de recherche sillonnent désormais les eaux marocaines pour évaluer les stocks halieutiques et surveiller les écosystèmes marins.
En Gambie, le secteur des pêches contribue à hauteur de 12 % au PIB national et fournit des emplois à environ 200 000 personnes. M. Musa Drammeh, ministre des Pêches de Gambie, a souligné les défis auxquels le pays fait face : « Si nous n’agissons pas rapidement pour endiguer la surexploitation et la pollution, les stocks de poissons pourraient disparaître, mettant en danger les moyens de subsistance de milliers de familles et la sécurité alimentaire de notre nation. »
Durabilité et innovation au cœur des priorités
La durabilité et l’innovation ont été au centre des discussions lors du forum. Plusieurs intervenants ont mis en avant l’importance des technologies innovantes pour améliorer les pratiques de pêche et d’aquaculture. Abdelmalek Faraj a évoqué les avancées en matière de systèmes de recirculation d’eau en aquaculture, qui permettent d’augmenter la production tout en minimisant l’impact environnemental.
Pour sa part, Mme Lamia Znagui, directrice de la FENIP, a appelé à une approche proactive en matière de décarbonation : « La décarbonation n’est pas seulement un impératif environnemental, c’est aussi une opportunité unique pour améliorer notre compétitivité sur les marchés internationaux. Elle doit être au centre de nos préoccupations régionales. »
Les participants ont également exploré des solutions innovantes, telles que l’utilisation de méthodes écologiques pour préserver la qualité des produits de la mer et réduire les pertes post-capture, afin d’améliorer la compétitivité du secteur.
Des solutions concrètes et stratégiques
Le forum a permis de présenter plusieurs initiatives concrètes pour transformer durablement le secteur halieutique africain :
La création d’une bourse halieutique africaine, qui permettrait de standardiser les échanges commerciaux et de maximiser la valeur ajoutée des produits de la mer.
La mise en place d’un crédit maritime continental, conçu pour financer des projets innovants et soutenir les PME et startups du secteur.
Le développement d’une industrie locale de transformation des produits halieutiques pour réduire les exportations de matières premières et favoriser la création d’emplois locaux.
L’investissement dans des chantiers navals écologiques, répondant aux exigences climatiques.
M. Hassan Sentissi El Idrissi a insisté sur l’importance de ces initiatives : « Avec une gestion responsable et une vision commune, l’aquaculture peut réduire la pression sur nos stocks halieutiques tout en générant des opportunités économiques. »
Coopération régionale et partenariats : tirer parti de l’expérience marocaine
Le Maroc s’est toujours positionné comme un acteur clé dans la promotion de l’économie bleue à l’échelle africaine. À travers ses politiques ambitieuses et son expertise technique, le pays partage son expérience avec d’autres nations africaines.
Le représentant de Mme Zakia Driouich, secrétaire d’État chargée de la pêche maritime, a salué cette approche : « La vision royale met en avant la solidarité et le partenariat pour un développement inclusif des ressources halieutiques africaines. »
M. Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, a également rappelé les avantages de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) : « En renforçant le commerce intra-africain, nous pouvons stimuler la croissance économique et créer des emplois pour des millions de jeunes sur le continent. »
L’ambition d’une Afrique pionnière dans l’économie bleue
Les discussions du forum ont souligné la nécessité pour l’Afrique de jouer un rôle de leader dans l’économie maritime mondiale. M. Yanja El Khattat a résumé cette ambition en déclarant : « Avec ses ressources marines uniques, l’Afrique peut devenir une référence mondiale en matière d’économie bleue. Cela nécessite des investissements stratégiques et une collaboration renforcée entre les nations. »
Les recommandations pour l’avenir
Les participants ont conclu en formulant des recommandations pour assurer un avenir durable au secteur halieutique africain :
Investir dans des infrastructures modernes et durables pour soutenir la croissance du secteur.
Encourager l’innovation technologique pour optimiser les pratiques de pêche et d’aquaculture.
Renforcer les compétences grâce à des programmes de formation continue pour les jeunes et les femmes.
Promouvoir la coopération régionale et le partage des meilleures pratiques pour maximiser la valeur ajoutée des produits de la mer.
M. Abdelmalek Faraj a conclu : « La responsabilité de préserver nos ressources marines repose sur une collaboration étroite entre tous les acteurs. C’est ensemble que nous construirons une économie bleue durable et inclusive. »
Ce forum a ainsi marqué une étape importante pour l’économie bleue en Afrique, posant les bases d’une coopération solide et d’un développement harmonieux des ressources marines au service des générations futures.The post Sea Food 4 Africa : Dakhla au cœur de la stratégie africaine bleue first appeared on FOOD Magazine.