Les éleveurs de volailles alertent sur les difficultés du secteur, marqué par des pratiques monopolistiques et des hausses de prix alarmantes, menaçant la production et le pouvoir d›achat des consommateurs.
Les éleveurs de volailles ont décidé d’adresser une correspondance au ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts pour demander une intervention urgente afin de mettre en œuvre les recommandations du rapport du Conseil de la Concurrence sur les prix des aliments pour animaux. Ils prévoient également de tenir des réunions avec les institutions ministérielles concernées par le secteur avicole pour examiner les « infractions » qui y prévalent. A cet effet, l’Association nationale des éleveurs de poulets de chair a appelé, dans un communiqué, l’Office national de sécurité sanitaire (ONSSA) à renforcer l’application de la circulaire exigeant un certificat de vide sanitaire, signé par un vétérinaire encadrant comme condition obligatoire pour l’achat de poussins. Elle a également demandé un soutien accru aux éleveurs, notamment par des mesures facilitant la réhabilitation des exploitations agricoles afin d’augmenter leur production. Les attentes des éleveurs Dans cette optique, l’association a insisté sur la nécessité d’unir les efforts des éleveurs pour contrer le monopole des poussins sur le marché noir et de s’accorder sur le refus d’acheter à des prix jugés déraisonnables. Elle a aussi proposé la création de Comités locaux pour rassembler les éleveurs, défendre leurs intérêts, et se préparer à faire face à ce qu’ils considèrent comme du monopole et de l’avidité dans le secteur. Pour répondre aux défis futurs, l’organisation recommande la mise en place de coopératives diversifiées et adaptées aux besoins des éleveurs. Elle a aussi annoncé la réduction du nombre de cycles d’élevage des poussins à quatre par an, une mesure destinée à garantir la sécurité des exploitations, améliorer la rentabilité, et élargir l’accès à davantage d’éleveurs. Par ailleurs, l’association n’exclut pas de recourir à des manifestations devant le ministère si les pratiques de monopole et de hausse démesurée des prix persistent, tout en affirmant sa détermination à défendre les intérêts des éleveurs par tous les moyens légaux. Un secteur en crise Le secteur avicole est aujourd’hui confronté à des défis multiples : la hausse des coûts de production, l’impact de la concentration des acteurs du marché des aliments composés, et les pratiques monopolistiques qui accentuent la précarité des éleveurs. Ces problèmes, aggravés par une flambée des prix de la volaille et des poussins, mettent en péril la viabilité des exploitations agricoles, tout en pesant lourdement sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Ces démarches interviennent alors que les prix de la volaille connaissent une hausse significative. Ce samedi, le prix du kilo de poulet a atteint environ 25 dirhams au détail et 21 dirhams sur les marchés de gros. Un professionnel du secteur a expliqué que cette flambée est due à l’absence de pluies, laquelle a favorisé la propagation de maladies chez les poussins. Sur les réseaux sociaux, de nombreux citoyens ont exprimé leur indignation, estimant que ces prix ne sont plus à la portée des ménages aux revenus limités. Ils ont appelé les autorités à intervenir pour protéger le pouvoir d’achat des consommateurs et réguler les tarifs. Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large, souligné par le Conseil de la Concurrence dans un récent rapport. Ce dernier a mis en lumière des dysfonctionnements sur le marché des aliments composés, où une forte concentration favorise la domination de quelques grandes entreprises. Bien que 48 entreprises soient actives dans ce domaine, deux d’entre elles détiennent à elles seules environ 50 % du marché. Le rapport a également noté que cette concentration limite les possibilités de diversification et d’innovation, au détriment des éleveurs, principaux consommateurs d’aliments composés. De plus, les entreprises dominantes recourent à des pratiques telles que la modification simultanée des prix sans calendrier précis et le recours à des facilités de paiement sous forme de crédits et chèques de garantie, ce qui accroît la dépendance des éleveurs. Face à ces constats, l’association a insisté sur l’importance de mettre en place un cadre juridique garantissant la défense des intérêts de toutes les parties prenantes du secteur avicole. Elle espère ainsi rétablir un équilibre pour assurer la pérennité et le développement durable de cette filière essentielle au Maroc.