En 2004, quand le Souverain avait initié pour la première fois la refonte de la Moudawana, la réforme était assurément courageuse, au regard des questions profondément sociétales, voire clivantes, qu’elle affrontait, et visionnaire parce que non seulement elle suivait mais surtout anticipait l’évolution naturelle de la famille et de la société marocaines.
Mais face à des questions aussi complexes et compliquées que l’héritage et la succession, la polygamie, le mariage des mineures, la tutelle légale, que d’aucuns présentaient comme quasiment intouchables au regard des aspects religieux qui rendaient toute initiative synonyme de prise de risque, le Souverain avait montré la voie en instaurant une démarche inédite basée sur des valeurs profondément ancrées dans la société marocaine : le dialogue, la tolérance, l’écoute de l’autre, le consensus. Et la réforme fut dans la sérénité.
20 ans plus tard, la société marocaine a naturellement évolué et les textes qui régissent la famille doivent nécessairement accompagner cette transformation. Certains parce que devenus obsolètes, d’autres parce qu’ils ont démontré des insuffisances. Et c’est avec la même philosophie, les mêmes valeurs et la même démarche que le Souverain a initié et supervise personnellement la deuxième réforme du Code de la famille et, cette fois-ci, en élargissant encore et davantage le champ de l’ijtihad des oulémas et en associant des juristes, des acteurs associatifs et toutes les parties prenantes sans exception. C’est ce qui permet à une réforme si lourde et profonde de se réaliser dans la sérénité.