Selon un rapport du ministère de la santé et de la protection sociale, le nombre de personnes vivant avec le VIH au Maroc est estimé à 23.000 à fin 2023, avec 970 nouvelles infections VIH et 390 décès dus au Sida. La région de Casablanca-Settat concentre plus du tiers des cas.
Le ministère de la santé et de la protection sociale vient de publier le rapport national 2024 du Sida. Ce document présente la situation du VIH/Sida au Maroc sur la base des dernières données épidémiologiques et dresse un état de lieux sur les progrès et les défis rencontrés en 2023. Selon le rapport, le nombre de personnes vivant avec le VIH au Maroc est estimé à 23.000 à fin 2023, avec 970 nouvelles infections VIH et 390 décès dus au Sida. Le mode de transmission par voie sexuelle est prédominant avec une proportion supérieure à 95%. Le ministère signale que la tranche d’âge la plus touchée reste celle des 25 à 44 ans aussi bien pour les hommes que pour les femmes. La proportion la plus élevée des cas dépistés à un stade asymptomatique est parmi les 15 à 19 ans. La proportion des hommes notifiés au stade VIH est plus élevée par rapport aux femmes, surtout pour les tranches d’âges de 20 à 34 ans, ce qui serait en lien avec un dépistage plus précoce des jeunes adultes. La proportion des hommes notifiés au stade Sida est également nettement supérieure à celle des femmes, surtout à partir de 25 ans, ce qui met en évidence un retard de diagnostic chez les hommes. Les cas notifiés sont essentiellement en milieu urbain (87% des PVVIH) avec une focalisation dans quatre régions qui regroupent à elles seules 76% des cas. La région de Casablanca-Settat concentre plus du tiers des notifications de VIH/Sida (32% des cas). Viennent ensuite les régions de Marrakech-Safi (16%), Souss-Massa (15%) et Rabat-Salé-Kénitra (13%).
Faible prévalence du VIH
S’agissant de la prévalence du VIH les données des dernières estimations Spectrum confirment la faible prévalence du VIH parmi la population générale adulte du Maroc et montrent une quasi-stabilité ces deux dernières années autour de 0,08%. La prévalence du VIH est supérieure chez les hommes (0,08%) par rapport aux femmes (0,07%). L’incidence des nouvelles infections VIH pour 1.000 personnes non infectées est passé entre 2010 et 2023 de 0,05 à 0,03. L’épidémie VIH au Maroc est concentrée, avec des prévalences élevées parmi les populations clés. Les dernières études bio-comportementales conduites en 2022 et 2023 ont montré des prévalences moyennes de 2,2% parmi les professionnelles du sexe (PS), de 5,3% parmi les hommes ayant des relations avec les hommes (HSH), de 5,3% parmi les personnes qui s’injectent des drogues (PID) et de 4,6% parmi les migrants. La prévalence parmi les HSH est préoccupante avec des taux de 9,9% à Rabat et de 6% à Agadir et à Fès. Chez les PS, la prévalence à Marrakech et à Agadir est de 4,9% et 4,1%. Parmi les PID, la prévalence à Nador reste très élevée (12,5%) alors que pour les migrants elle est de 7,3% à Agadir et 4,6% Casablanca. Par ailleurs, il est important de relever que les décès liés au Sida connaissent une tendance continue à la baisse depuis le pic enregistré en 2008. Le nombre des décès est passé de 810 en 2008 à 390 en 2023, ce qui marque une diminution de 52%. Les hommes représentent une proportion beaucoup plus élevée des décès que les femmes (61% contre 39%)
IST : Plus de 306.000 cas en 2023
Les déclarations des Infections sexuellement transmissibles (IST) en provenance des services du ministère de la santé et des ONG font état d’un nombre de 306.796 cas en 2023. La proportion la plus importante revient aux pertes vaginales, avec près de 66% des notifications (201.303 cas), suivi des écoulements urétraux (42.168 cas). Le nombre de maladies inflammatoires pelviennes (MIP) et d’ulcérations génitales (UG) était respectivement de 22.638 et 11 647 cas. Chez les hommes, l’écoulement urétral, simple ou récurrent, représente la majorité des cas (84%) contre 10% pour les ulcérations génitales. Chez les femmes, les vaginites isolées représentent la moitié des cas (51%) alors que les cervicites et les maladies inflammatoires pelviennes (en lien avec des infections cervicales) représentent 43% des cas.
549.927 personnes conseillées et testées
Une nette reprise des activités de dépistage du VIH a été enregistrée en 2023, après plusieurs années de recul, notamment les années 2020-2021, en raison des effets conjugués de la pandémie de la Covid-19 et des ruptures de stocks en test rapide. Le nombre de personnes conseillées et testées a atteint 549.927, soit une augmentation de 95% par rapport à 2021 et de 49% par rapport à l’année 2022. Le nombre de centres de dépistage VIH a atteint 2.081 en 2023. Les services relevant du ministère de la santé ont réalisé la proportion la plus élevée des tests VIH avec 63% en 2023. Les activités de dépistage des ONG représentent une proportion de 14%, de 17% pour le secteur privé (laboratoire d’analyses) et de 6% pour la DGAPR. Notons que près du tiers des tests VIH (31%) ont été réalisés parmi les femmes enceintes et une proportion équivalente (31%) est réalisée parmi les populations clés ou vulnérables (PS 6%, détenus 6%, IST 9%, HSH 3%, migrants 3%, tuberculeux 4%). Le dépistage du VIH parmi les femmes enceintes a connu une augmentation notable, après la période de stagnation entre 2018 et 2022. En 2023, le nombre de femmes enceintes conseillées et testées pour le VIH a atteint 170.293 contre 128.650 en 2022 (+32%). Malgré ces efforts, la couverture des femmes enceintes par le dépistage reste insuffisante (25%) et nécessite d’étendre l’accès à la consultation prénatale.
Accès au traitement
À la fin de l’année 2023, un total de 16.979 personnes vivant avec le VIH étaient suivies sous traitement ARV au niveau des centres référents de prise en charge, soit une augmentation de 6% par rapport à l’année 2022. Parmi les personnes vivant avec le VIH sous traitement ARV à fin 2023, 96% sont des adultes dont 50% des hommes et 46% des femmes. Les enfants de moins de 15 ans représentent 4%. Près des deux tiers sont pris en charge dans 3 villes, Agadir (28%), Casablanca (23%) et Marrakech (13%). Le taux de couverture par le traitement ARV des PVVIH, estimés est de 74% à fin 2023. Ce taux est nettement plus élevé chez les femmes (80%) que chez les hommes (68%). Chez les enfants de moins de 15 ans, le taux est de 85%. La connaissance du statut sérologique parmi les PVVIH qui est de 78%, marque un écart de 17% par rapport au premier objectif 95. Signalons que le dépistage du VIH parmi les patients tuberculeux (TB) a connu une progression en 2023 pour atteindre 59% de couverture. Ainsi, 19.280 patients tuberculeux ont été testés pour le VIH, dont 127 étaient positifs. Le taux de positivité est de 0,66%, celui-ci est quasi stable depuis 2015. 94% des malades TB testés positifs au VIH ont été mis sous traitement ARV.