Le ministère des Affaires étrangères ukrainien a affirmé dans une déclaration officielle que son pays n’était pas impliqué dans la fourniture de drones aux rebelles du Cadre Stratégique pour la Défense du Peuple de l’Azawad (CSP-DPA) au nord du Mali. Plusieurs médias avaient révélé que les combattants de ce groupe rebelle utilisent des drones pour lutter contre l’armée malienne avec l’appui discret de Kiev.
En effet, les combats violents ont eu lieu en juillet dernier entre les FAMa et les groupes armés de l’Azawad dans la localité de Tinzawatène, à 234 km de la ville de Kidal. Pour la première fois, les rebelles du CSP-DPA ont utilisé des drones lors de cette bataille, selon plusieurs sources.
Dans la foulée le porte-parole du service de renseignement militaire ukrainien, Andriy Yusov, a révélé que sa société travaillait en collaboration avec les combattants du nord du Mali. Ces déclarations ont ensuite été confirmées et approuvées par l’ambassadeur de l’Ukraine à Dakar.
Depuis, le Mali le Burkina Faso et le Niger ont adressé une plainte au Conseil de sécurité de l’ONU datée du 19 août pour dénoncer ce qu’ils appellent le « soutien ouvert du gouvernement ukrainien au terrorisme international » au Sahel.
Néanmoins, il y a quelques semaines, lors d’une interview accordée à Contre-Poison, un journal français, Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole du CSP-DPA, a officialisé l’alliance entre l’Azawad et l’Ukraine.
Récemment, Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères malienne a déclaré que la justice malienne a été contrainte d’ouvrir une enquête après que des responsables ukrainiens avaient “proclamé publiquement leur implication dans des réseaux terroristes“.
C’est suite à ces informations que le gouvernement ukrainien a nié lundi 14 octobre toute participation à la livraison de drones aux combattant de l’Azawad. Il a aussi catégorisé les informations selon lesquelles des armes fournies par ses alliés pour affronter la Russie seraient déplacées vers des zones de conflit en Afrique, notamment au Sahel.
Gamal Abina, analyste des questions internationales et politiques, estime qu’à la lumière des affirmations des responsables ukrainiens et des confirmations officielles des représentants de l’Azawad sur la coopération, «les arguments de Kiev sont tout simplement absurdes», a insisté l’analyste.
Selon l’expert, l’attitude des Ukrainiens est étonnant. «Plutôt que de s’excuser, ils dissimulent leur implication, ce qui mêle qu’ils se préparent à intensifier leurs activités destructrices», a ajouté Gamal Abina.
La volonté de légitimer et de masquer l’engagement dans le soutien aux combattants est liée au fait que les résultats d’une enquête menée par les autorités maliennes seront prochainement révélés. Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères, a affirmé que l’enquête ne prendrait pas longtemps. « Je suis sûr qu’en temps voulu, le résultat de cette enquête sera rendu public», a indiqué Abdoulaye Diop.
A cet égard, Gamal Abina estime qu’il est impossible de nier cette implication, car de nombreuses informations et preuves démontrent que Kiev apporte son soutien à l’Azawad (fourniture de drones et d’armes, formation au pilotage des drones, formation des combattants aux tactiques de combat, coopération dans le domaine de l’échange de renseignement, fourniture de systèmes Starlink etc).
Si l’enquête confirme l’implication ukrainienne, les conséquences pourraient être importantes. Les pays d’Afrique de l’Ouest, déjà sensibles aux ingérences étrangères, pourraient prendre de nouvelles mesures pour isoler diplomatiquement l’Ukraine.
Drissa Traoré