Alors qu’un léger report planait déjà sur le retour à l’ordre constitutionnel, allons-nous finalement vers la fin de la Transition ? La question qui taraude les esprits depuis l’avènement du Général Abdoulaye Maïga à la tête de l’administration malienne. À peine nommé PM d’un redressement né sur les cendres de la rectification déclenchée par son prédécesseur, le Général-PM s’est employé à relancer le cadre de concertation avec les partis politiques, suspendu depuis des lustres, après un passage dans les locaux de l’Agence Indépendante de Gestion des Élections. Ajoutées à la présence d’un fonds alloué aux élections dans le budget 2025, aux yeux des observateurs, il s’agit d’indices d’une fin proche de la transition.
Avec les politiques, les échanges ont porté sur la révision annuelle des listes électorales de 2024, les perspectives d’une finalisation du processus d’adaptation du fichier électoral à la nouvelle réorganisation territoriale et administrative, l’impact des lois électorales ainsi que la modernisation et la sécurisation de l’État civil, entre autres. La question d’un nouveau chronogramme des élections est toutefois passée sous le boisseau, même si le troisième premier ministre de transition a réaffirmé l’engagement de son patron d’aller aux élections pour sonner la fin de cette période d’exception et de rassurer les politiques d’une gestion participative. “Vous serez informés de toutes les décisions”, a promis le PM devant une centaine environ de partis politiques.
Seulement voilà : un nouveau «léger report» pourrait intervenir au dernier virage, à s’en tenir du moins au contenu de la lettre de cadrage, qui se présente tel un programme quinquennal présidentiel. En effet, annoncé en huitième et dernier point de la lettre de cadrage «la création des conditions en vue d’élections transparentes et apaisées qui mettront un terme à la Transition» pourrait ne pas intervenir dans la cadence attendue par la classe politique. Après tout, la même lettre de cadrage contient les promesses et engagements des autorités de transition pour une kyrielle de secteurs dont ceux qui conditionnent la conduite du processus électoral à son terme. En plus du renforcement de la défense et la sécurité, de la poursuite des réformes politiques et institutionnelles, entre autres, on y dénombre l’amélioration de la couverture sanitaire, le développement d’un système de solidarité nationale, le système éducatif et l’emploi, l’apaisement du climat social et le renforcement de la diplomatie pour défendre les intérêts nationaux. Autant de tâches herculéennes qui alourdissent la Transition, la prédestinent à un délai plus long et préfigure une fin encore hypothétique.
Amidou Keita