« La dernière répétition » de Yassine Fennane
DNES à Tanger Mohamed Nait Youssef
C’est l’une des pépites de la 24ème édition du festival national du film de Tanger. « La dernière répétition », nouveau film du réalisateur Yassine Fennane, a créé un émoi et un débat lors de sa projection, lundi soir. En effet, le cinéaste explore le huis clos en plongeant le public dans l’univers des comédiens, mais aussi des déboires du métier de l’acteur et du metteur en scène. Tout commence lorsqu’une troupe se prépare pour une éventuelle pièce de théâtre qui sillonnera les planches d’ici et d’ailleurs. D’ailleurs, le décor qui saute aux yeux nous plonge dans une ambiance théâtrale classique. On y voit les deux grandes comédiennes Hasna Tamtaoui et Jamila El Haouni en pleine répétition des répliques d’une adaptation de la fameuse pièce « les bonnes » de Jean Genet. Les choses vont bon train, jusqu’à la montée agitée sur scène du réalisateur de la pièce, Nabil, incarné avec brio par le comédien Nabil El Mansouri, qui a chamboulé l’atmosphère. Neveux, instable, capricieux, imprévisible, Nabil et personnage problématique attise la panique dans les lieux. L’atmosphère est devenue morose et invivable avec ses confusions et hallucinations.
Un choix économique et un personnage problématique…
Pour le réalisateur, le huis-clos est un choix d’abord économique, purement économique parce que dans un huis clos, on ne change pas le décor. « C’est plus facile. En tant que réalisateur, il y a un côté ludique c’est-à-dire comment ne pas ennuyer le spectateur sans se répéter en termes de mise en scène. Donc, je dois être le plus créatif possible.», nous confie Yassine Fennane dans une interview accordée à Al Bayane. Et d’ajouter : « j’ai toute sur histoire du huis-clos avec « Reservoir Dogs» de Tarantino, un des premiers films qui m’a réellement donné envie de devenir un metteur en scène. »
Le metteur en scène n’est pas un simple personnage parmi d’autres. Il est problématique, nerveux, dynamique et sous antidépresseurs. Yassine Fennane a pu saisir tous ses états d’esprit.
«Le choix de suivre un personnage, caméra à l’épaule, dans une salle de théâtre, j’avais besoin d’un excellent comédien par le biais du scénariste qui est aussi comédien, et qui métrisait bien son scénario. C’était plus facile pour que rentre dans sa tête en tant que metteur en scène. », révélé le réalisateur.
Des plans rapprochés, Yassine Fennane a suivi minutieusement son personnage. «Il faut je sois très proche de son visage. Je filme aussi tous sons qu’il entend, et en travaillant bien sûr sur le champ et l’image d’une manière à rentrer dans sa tête.», a-t-il fait savoir.
Des affinités artistiques…
Yassine Fennane, le réalisateur et Nabil El Mansouri, le cinéaste ont des affinités artistiques. Chose qui a naissance à cette aventure mêlant le cinéma et théâtre.
« Yassine Fennane est un ami. On a des affinités. On a travaillé ensemble sur de nombreuses œuvres pour la télévision et le cinéma. », nous révèle Nabil El Mansouri, acteur principal du film.
Selon lui, « La dernière répétition » était le fruit d’une réflexion qui a vu le jour d’un échange. « On était derrière un moniteur, en travaillant sur un projet, on s’est mis d’abord sur l’idée d’un film. Effectivement, on a travaillé sur le théâtre puisque j’ai fait la mise en scène et je suis lauréat de l’ISADAC. Au début, on a eu l’idée de travailler sur la pièce de théâtre « les bonnes », mais par la suite on a opté pour une œuvre qui met en lumière les coulisses et le vécu des comédiens. On a travaillé ensemble sur ce projet en collaboration avec Oumaima Bouzid qui m’a beaucoup aidé dans le scénario.», a-t-il affirmé.
Pour Nabil El Mansouri, les approches qui traitent l’art sont un peu difficiles. « Qu’on fait un travail de mise en abyme, il est plus compliqué qu’on aborde une histoire simple. C’était le défi : montrer aux gens la souffrances d’un metteur en scène dont le rêve de réaliser une pièce de théâtre qui sillonnera les planches.», a-t-il précisé.
Aux côtés, de Abdelilah Ajil, Jamila El Haouni, Hasna Tamtaoui, des comédiens tels que Hassan Foulane, Hind Belaoula, Bouthayna El Yaagoubi et Taha Benaim ont brillé de mille feux dans le film.
«On était une famille. Il y avait presque un travail de résidence. C’était une expérience importante et remarquable dans mon parcours de comédien et de metteur en scène.», nous confie Nabil El Mansouri.
Il est à rappeler que «La dernière répétition», tourné pendant la période de la pandémie, a été projeté, lundi 21 octobre, dans le cadre de la compétition de longs métrages de fiction.
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