Saoudi El Amalki
Notre pays traverse une phase cruciale de son histoire. Les acquis notoires qu’il a cumulés en termes de réformes dans moult domaines, institutionnel,énergétique, socio-économique, écologique,culturel… sont,un choix juste afin de poursuivre la mise en avant des chantiers multiformes et opter pour un développement égalitaire et pérenne… Cependant, il y a lieu de constater que ces prouesses plausibles à l’œil nu que d’aucuns ne pourraient contester sont entachées de réelles contre-performances, en revanche. C’est assez énigmatique pour une nation qu’on pourrait, en principe, ranger parmi le camp des contrées émergentes ! Depuis plus d’un quart de siècle, la ruée vers la mise en avant des grands travaux, tous azimuts, ne cesse de révolutionner, avec vigueur, la courbe exponentielle, en matière de projets et d’infrastructures. A contrario, les indices de croissance accusent des reculs, de plus en plus, affreuxau point de générer une sorte de polarisation sociale encore plus criante que les disparités usuelles de l’homme et de l’espace. Cette dichotomie saillante à maints niveaux, présente bizarrement des indicateurs assez absconsd’un Maroc à double vitesse.
Assurément, le pays s’adjuge un bel atout de créer l’équilibre escompté. C’est bel et bien, cette capacité qu’on ne trouve nulle part, consistant à évoluer constamment dans la stabilité, quoique le torchon brûle au cœur de son territoire. En fait, tant que cette fracture gangrène les ramifications de son système d’évolution, on ne pourrait guère prétendre à l’émergence. Pis encore, cette panne ne fera qu’hypothéquer ce potentiel précédemment mis en valeur qu’est la stabilité. Ainsi, l’effort consenti à présent dans les grands chantiers serait vain, si l’on continue à ignorer le réel aplomb social dont le relèvement du taux de croissance pourrait impacter la vie du peuple. Les déficiences fortement préjudiciables des politiques publiques, au niveau des services vitaux de la société que sont l’éducation, la santé, l’emploi, l’habitat, la culture et la création présentent des freins ravageurs à l’essor et, de ce fait, accentuent les marges de corruption, de dépravation, de délinquance, de radicalisation…
En conséquence, notre pays nécessite, d’une manière urgente et inéluctable, de mettre un terme à l’élargissement de ce fossé qui fait que son développement s’effectue dans des conditions quasiment hybrides et métissées. Il s’agirait, à notre sens, de mettre en œuvre un nouveau contrat politique susceptible de poursuivre l’approche judicieuse des grands travaux, mais également de rehausser le niveau de croissance en menant pour de bon une politique résolument tournée vers la libération et l’optimisation de son capital humain. Le front national qui avait introduit le pays, au côté de la monarchie, dans le processus de l’expansion, depuis, maintenant plus de deux décennie, est appelé à se ressaisir et à se déployer à fond, sans se cantonner dans les calculs réducteurs et les vanités stériles. Il importe donc de sortir de ce mode d’inertie et d’attentisme chroniques. L’élite nationale constitue l’épine dorsale de la résurrection escomptée puisque les innovations contenues dans la constitution, jusqu’ici en état d’hibernationont foncièrement besoin de cerveaux créatifs et accompagnateurs de grands changements de société qui s’opèrent dans notre pays de manière galopante.
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