« Un traumatisme qui résonne à travers les générations » : l’ONU dénonce l’utilisation de la violence sexuelle comme arme

Les Nations Unies ont célébré les 15 ans de leur mandat sur la violence sexuelle et les conflits avec une cérémonie de commémoration organisée mercredi à New York. Le mandat a été établi par la résolution 1888 (2009) du Conseil de sécurité qui demandait la nomination d’un Représentant spécial pour diriger les efforts de l’ONU […]

« Un traumatisme qui résonne à travers les générations » : l’ONU dénonce l’utilisation de la violence sexuelle comme arme
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Les Nations Unies ont célébré les 15 ans de leur mandat sur la violence sexuelle et les conflits avec une cérémonie de commémoration organisée mercredi à New York. Le mandat a été établi par la résolution 1888 (2009) du Conseil de sécurité qui demandait la nomination d’un Représentant spécial pour diriger les efforts de l’ONU pour lutter contre le viol en période de conflit, entre autres actions. « Elle reconnaît que, comme les balles, les bombes et les lames, l’utilisation systématique et généralisée de la violence sexuelle décime les communautés, entraîne des déplacements et inflige des traumatismes qui se répercutent sur plusieurs générations », a déclaré Pramila Patten, l’experte de l’ONU qui œuvre pour éradiquer ce crime. Les femmes sous la menace des armes La violence sexuelle dans les conflits est aussi ancienne que la guerre elle-même et est utilisée pour instiller la peur, dominer et déplacer les populations. Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée. La commémoration a eu lieu dans un contexte de troubles mondiaux croissants, les conflits étant à leur plus haut niveau depuis la Seconde Guerre mondiale. L’année dernière, plus de 170 conflits ont été recensés dans le monde et les dépenses militaires mondiales ont dépassé 2.200 milliards de dollars. Aujourd’hui, plus de 612 millions de femmes et de filles vivent dans des situations de conflit, notamment au Soudan, en Ukraine, à Gaza, au Myanmar, en République démocratique du Congo et en Haïti. Justice pour les survivantes Les survivantes et les défenseurs présents à l’événement ont partagé leurs témoignages. Lyudmila Huseynova, d’Ukraine, a parlé de la torture et des violences sexuelles qu’elle a subies pendant plus de trois ans de captivité russe après la guerre de 2014 dans l’est. Elle a été kidnappée en 2019 et libérée lors d’un échange de prisonniers en octobre 2022. Depuis, elle travaille avec une organisation qui défend les femmes ukrainiennes toujours détenues par la Russie. « Elles sont des milliers à souffrir d’horreurs inimaginables, séparées de leurs enfants, sans accès à une aide médicale ou juridique », a-t-elle déclaré par l’intermédiaire d’un interprète. En rendant hommage aux survivantes, Mme Patten a souligné qu’elles « ont besoin d’une action décisive pour transformer les résolutions en résultats grâce à une meilleure prestation de services, des opportunités économiques et un accès à la justice et à la réparation », mais surtout elles ont besoin de paix et de tranquillité d’esprit. « Aucune protection, assistance ou responsabilité après coup ne peut remplacer la paix », a-t-elle déclaré. Que les auteurs de violences sexuelles rendent des comptes Le « crime odieux » de violences sexuelles dans les conflits n’est pas seulement une violation flagrante des droits humains, mais aussi un obstacle redoutable à la paix, à la sécurité et au développement, a ajouté la Vice-Secrétaire générale de l’ONU Amina Mohammed, affirmant qu’il n’a jamais été aussi urgent de mettre fin à ce fléau. « Nous devons faire en sorte que les auteurs rendent des comptes, mais nous devons également innover pour prévenir ces atrocités en premier lieu », a-t-elle déclaré dans un message vidéo. « Nous devons identifier des stratégies innovantes et créatives, non seulement pour répondre aux violences sexuelles liées aux conflits, mais aussi pour les prévenir, et enfin, consigner ces violations dans les annales de l’histoire une fois pour toutes », a-t-elle ajouté. Davantage de progrès sont nécessaires : Hillary Clinton L’ancienne Secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, qui a présidé la réunion du Conseil de sécurité où la résolution 1888 sur la fin des violences sexuelles en temps de guerre a été adoptée à l’unanimité, a prononcé le discours liminaire. « Nous savions que ce mandat ne serait qu’une étape d’un long voyage, et au fil des années, des progrès ont été réalisés, mais pas suffisants », a-t-elle déclaré. La fin des conflits étant le moyen le plus sûr d’éradiquer les viols en temps de guerre, « la recherche de la paix doit être notre priorité absolue », a-t-elle dit, soulignant la nécessité de soutenir les survivants et de les écouter. La communauté internationale doit également soutenir les réparations pour les survivantes, tandis que leur reconnaissance juridique en tant que victimes civiles de la guerre est essentielle. Ce statut devrait également inclure les enfants nés de viols en temps de guerre. Liste de la honte « Quatrièmement, et peut-être le plus important de tout, la reddition des comptes est cruciale, et elle commence par ceux qui sont au sommet – ceux qui ordonnent des attaques contre des populations civiles, et ceux qui mènent ces attaques en recourant au viol systématique, ils sont coupables de crimes contre l’humanité et doivent en subir les conséquences », a-t-elle affirmé. « C’est pourquoi je demande aujourd’hui que la Russie soit ajoutée à la liste de la honte du Secrétaire général de l’ONU », a-t-elle poursuivi. « Je ne me fais aucune illusion : la honte à elle seule arrêtera la guerre sanglante du Kremlin, une guerre qui se déroule non seulement en vidant ses prisons, en forçant ses propres civils à quitter les rues pour les forcer à la guerre, mais qui s’apprête maintenant à utiliser des soldats nord-coréens pour poursuivre cette invasion sanglante, injustifiée et sans précédent », a ajouté Mme Clinton. Rapport de l’ONU Le dernier rapport de l’ONU sur les violences sexuelles liées aux conflits, qui concerne l’année 2023, couvre 21 contextes préoccupants. L’annexe du rapport énumère 50 groupes armés étatiques et non étatiques qui sont soupçonnés de manière crédible d’avoir commis ou d’être responsables de violences sexuelles dans des situations de conflit armé. Parmi eux figurent Daech en Iraq et en Syrie, Al-Shabaab en Somalie et les deux armées rivales qui se livrent à la guerre brutale au Soudan. De nombreux groupes figurant dans l’annexe sont mentionnés à plusieurs reprises depuis plusieurs années, alors que les violations se poursuivent. Source: https://news.un.org/fr