Le Parlement israélien a voté, lundi, à une écrasante majorité en faveur d'un projet de loi interdisant les activités en Israël de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), provoquant un tollé international, qui reste au stade de tollé.
L'Unrwa a dénoncé une mesure "scandaleuse" à son encontre, alors qu'elle est le principal acteur des opérations humanitaires dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par plus d'un an de guerre entre Israël et le Hamas. Le texte, qui interdit "les activités de l'Unrwa" en Palestine, y compris à Al Qods, secteur de la ville sainte occupé et annexé par Israël depuis 1967, a été approuvé à la Knesset par 92 voix contre 10. Un second texte, également largement adopté (89 contre 7), interdit aux responsables israéliens de travailler avec l'Unrwa et ses employés, ce qui devrait considérablement perturber les activités de l'agence, alors qu'Israël contrôle strictement toutes les entrées de cargaisons d'aide humanitaire vers Gaza. Les deux lois prendront effet 90 jours après leur adoption, selon la Knesset. Le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a dénoncé cette interdiction, qui "crée un dangereux précédent" et va "aggraver les souffrances des Palestiniens". L'Unrwa, créée par l'Assemblée générale de l'ONU en 1949, gère notamment des centres de santé et des écoles à Gaza et en Cisjordanie occupée. Fournissant abris, nourriture et soins de base, elle est considérée comme "la colonne vertébrale" de l'aide à Gaza, en proie à une catastrophe humanitaire. Si cette interdiction est mise en œuvre, "c'est un désastre, notamment en raison de l'impact qu'elle aura probablement sur les opérations humanitaires à Gaza et dans plusieurs parties de la Cisjordanie", a déclaré à l'AFP la porte-parole de l'agence, Juliette Touma. Une décision "intolérable" aux "conséquences dévastatrices" Avant même le vote, les Etats-Unis s'étaient déclarés "très préoccupés" et "avaient exhorté le gouvernement à ne pas approuver" ce texte, selon le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller, qui a réitéré le rôle humanitaire "crucial" de l'Unrwa à Gaza. Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé une décision "intolérable" qui aura des "conséquences dévastatrices". "Elle contrevient aux obligations et aux responsabilités d'Israël", a-t-il ajouté, en soulignant que "l'Unrwa est une bouée de sauvetage irremplaçable pour le peuple palestinien". Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est dit "gravement préoccupé", tandis que l'Allemagne a "critiqué vivement" cette décision. L'Irlande, la Norvège, la Slovénie et l'Espagne, quatre pays ayant reconnu l'Etat de Palestine, ont "condamné" dans un communiqué commun ce texte en jugeant "essentiel et irremplaçable" le travail de l'Unrwa. Côté palestinien, le Hamas a dénoncé une "agression sioniste", tandis que son allié le Jihad islamique a condamné "une escalade dans le génocide" de la population. Certains des plus gros donateurs ont suspendu leurs contributions à l'Unrwa en début d'année après qu'Israël a accusé une vingtaine des 13.000 employés de l'agence à Gaza d'avoir participé à l'attaque du 7 octobre 2023. La plupart des donateurs ont depuis repris leur soutien, à l'exception notable du principal, les Etats-Unis. Neuf personnes "pourraient avoir été impliquées" dans les attaques, selon une enquête de l'ONU en août, alors qu'au moins 223 employés de l'agence ont perdu la vie depuis plus d'un an dans le territoire.