Valeur du dirham : le Maroc compte s’ouvrir à d’autres devises

La cotation de la monnaie nationale se réfère actuellement à un panier composé exclusivement de l’euro et du dollar US La réforme du système de change sera réactivée dans un avenir proche. Plutôt que d’aller vers un régime flottant, le Maroc préfère avancer par étape. Et la prochaine portera cette fois-ci sur le panier de […]

Valeur du dirham :  le Maroc compte s’ouvrir à d’autres devises
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La cotation de la monnaie nationale se réfère actuellement à un panier composé exclusivement de l’euro et du dollar US Finance. Le Royaume qui est engagé depuis 2018 dans un processus de réforme de son système de change compte passer dans les prochains mois à une étape supérieure ciblant cette fois-ci le panier de cotation. Eclairages. La réforme du système de change sera réactivée dans un avenir proche. Plutôt que d’aller vers un régime flottant, le Maroc préfère avancer par étape. Et la prochaine portera cette fois-ci sur le panier de cotation. Il y a quelques mois l’agence internationale spécialisée dans l’actualité financière avait annoncé suite à un entretien avec le wali de Bank Al-Maghrib que «le Maroc vise à assouplir le régime de change du Royaume en 2026, revenant ainsi à un processus de réforme progressif qui a été interrompu pendant la pandémie». Les données recueillies dans le cadre de l’interview réalisée avec le wali de la Banque centrale en marge des Assemblées du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington laissaient entendre que la prochaine «étape consisterait à éloigner progressivement le dirham de son ancrage actuel, qui est actuellement composé d’un panier d’euros et de dollars américains. Le pays va ainsi renouer avec un dispositif qui était en vigueur. Selon Bank Al-Maghrib, le Maroc adopte un régime de change intermédiaire de parité fixe, avec un rattachement de la monnaie nationale à un panier de monnaies qui représente la structure des échanges extérieurs du Maroc, la parité du dirham est déterminée à l’intérieur d’une bande de fluctuation de +/- 5%, par rapport à un cours central fixé sur la base d’un panier de devises composé de l’euro (EUR) et du dollar américain (USD) à hauteur respectivement de 60% et 40%. Le panier de devises a pour objectif d’assurer la stabilité du dirham en termes de taux de change effectif nominal et d’atténuer l’effet sur le dirham des fluctuations des principales monnaies internationales. La cotation du dirham est effectuée sur la base d’un panier de devises depuis 1973. En 1990, en perspective de l’accord d’association avec l’Union européenne et d’une plus grande intégration de l’économie à cette zone, une révision du panier de cotation a été opérée en vue de renforcer la part des monnaies européennes. En 1999, l’avènement de l’euro a conduit à une révision de la structure du panier en vue de remplacer les anciennes monnaies européennes par l’euro. En outre, l’adoption de nouveaux cours de référence a permis d’intégrer les fluctuations enregistrées depuis 1990 et ce, en vue de préserver la stabilité de la valeur externe du dirham et de disposer de cours de change actualisés. En avril 2001, un réaménagement du panier a été opéré, limitant sa composition à l’euro et au dollar américain avec des pondérations respectives de 80% et 20%. Ce réaménagement avait pour objectif de réduire les fluctuations du dirham vis-à-vis de l’euro, monnaie du principal partenaire commercial du Maroc. En avril 2015, les pondérations des devises du panier de cotation du dirham ont été actualisées afin de refléter l’évolution de la structure des échanges extérieurs du Maroc. Les nouvelles pondérations ont été fixées à 60% pour l’euro et 40% pour le dollar US. Flexibilité Le 15 janvier 2018, le Maroc a engagé une transition volontaire et graduelle d’un régime de change fixe vers un régime de change plus flexible, avec le lancement de la première phase de la réforme du régime de change, qui s’est traduite par un élargissement de la bande de fluctuation du dirham de ±0,3% à ±2,5% par rapport à un cours central fixé sur la base du panier de référence en vigueur, lequel est composé de l’euro (EUR) et du dollar américain (USD) à hauteur respectivement de 60% et 40%. La mise en œuvre de la première phase de cette réforme a été accompagnée d’un certain nombre de mesures visant l’amélioration du mécanisme de formation des prix par le marché ainsi que la dynamisation de l’activité sur le marché de change interbancaire. Dans ce sens, Bank Al-Maghrib a mis en œuvre des mesures visant à dynamiser le marché de change interbancaire et à améliorer sa liquidité. A cet effet, la banque a mis en place le statut de teneur de marché conférant aux banques l’accès exclusif aux adjudications de devises en contrepartie de leurs engagements de cotations fermes sur le marché de change interbancaire. Ces cotations fermes sont également utilisées par la banque dans la détermination des cours de change de référence des devises contre le dirham conformément aux standards internationaux. En effet, Bank Al-Maghrib a mis à la disposition des banques teneurs de marché une plateforme électronique de négociation de devises. La banque a également procédé à la refonte du cadre de ses interventions sur le marché de change visant à les réduire progressivement. Aujourd’hui, il semble que le temps soit venu pour amorcer une nouvelle étape de la réforme démarrée en 2018. Reste à savoir quelles seront les devises sur lesquelles le Maroc pourra s’ouvrir en plus du dollar et de l’euro. Y aura-t-il un mix entre monnaie occidentale et asiatique? Plus loin encore même si ce scénario paraît beaucoup trop téméraire : pourra-t-on inclure les cryptomonnaies dans les calculs? Il faut préciser que le président américain, Donald Trump, avait signé, jeudi 6 mars, un décret pour l’établissement d’une «réserve stratégique de bitcoins». Selon le décret, le secrétaire au Trésor et le secrétaire au commerce américains auront la possibilité de proposer l’acquisition de bitcoins ce qui reviendrait à remplacer par des bitcoins, des avoirs détenus par l’Etat fédéral sous d’autres formes, devises classiques (dollar ou autre) ou titres financiers. Le décret précise cependant que les bitcoins supplémentaires éventuellement achetés ne seront pas versés à la réserve stratégique, dont le montant demeurera inchangé. C’est une nouvelle ère qui commence pour la finance internationale avec une place de plus en plus importante pour les cryptomonnaies dans ce qui semble être un processus irréversible. Conseil de BAM Evénement. La banque centrale se prépare à tenir son premier conseil d’administration de l’année 2025. Un conseil qui va décider du sort du taux directeur. En attendant la décision de la Banque centrale, les avis des observateurs du marché divergent. Pour rappel, Fitch solutions avait annoncé: «En 2025, une inflation plus faible et des facteurs spécifiques à chaque pays encourageront la Banque centrale d’Égypte (CBE) et Bank Al-Maghrib (BAM) à réduire leurs taux directeurs, tandis qu’une inflation supérieure à la moyenne en Algérie et en Tunisie incitera les autorités à maintenir la politique monétaire inchangée l’année prochaine». Fitch avait justifié ces prévisions par la volonté du pays de stimuler l’emploi et la croissance au cours des prochains mois et années, tout en agissant sur les coûts des emprunts étatiques, sans oublier la convergence avec les tendances chez les principales Banques centrales dans le monde, à savoir la Banque Centrale Européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine. D’autres avis pensent que la Banque centrale va garder le taux directeur inchangé à l’issue de sa prochaine réunion. A noter que Bank Al-Maghrib avait décidé de réduire le taux directeur de 25 points de base, à 2,50%, à l’issue de son dernier conseil de l’année 2024, tenu le 17 décembre dernier à Rabat. Une décision expliquée par l’évolution de l’inflation qui ressort à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix.