XXI – Le retour en force des néofascistes en Occident

Sionisme, antisionisme et antisémitisme Mokhtar Homman Dans de nombreux pays occidentaux, les partis d’extrême droite et néofascistes gagnent en voix et leurs idées sont adoptées bien au-delà de leurs rangs par d’autres forces politiques et au sein de la société. Passons en revue quelques exemples de pays où ces courants sont devenus très influents, y compris... L’article XXI – Le retour en force des néofascistes en Occident est apparu en premier sur ALBAYANE.

XXI – Le retour en force des néofascistes en Occident
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Sionisme, antisionisme et antisémitisme Mokhtar Homman Dans de nombreux pays occidentaux, les partis d’extrême droite et néofascistes gagnent en voix et leurs idées sont adoptées bien au-delà de leurs rangs par d’autres forces politiques et au sein de la société. Passons en revue quelques exemples de pays où ces courants sont devenus très influents, y compris en prenant le pouvoir. En Europe de nombreux pays connaissent un taux électoral des partis d’extrême droite très important : Hongrie, Pologne, Pays-Bas, Suède, France, Belgique, Allemagne, Italie, Autriche, Espagne, Finlande … certains accédant même au gouvernement. Il y a vingt ou trente ans, la plupart de ces courants ne dépassaient pas les quelques pour cent et les idées combattues non seulement pas les forces de gauche, dont le recul général favorise évidemment la montée de l’extrême droite, mais même par les partis de droite démocrates. Au Parlement européen l’extrême droite compte 192 élus sur 720, mais ses idées débordent cet ensemble et imprègnent la droite qui dispose de 277 élus. Soit une majorité absolue de politiques anti-immigrés et islamophobes. Plusieurs d’entre eux ont su capter l’opposition à la position belliciste de l’Union européenne, et malheureusement d’une grande partie de la gauche européenne, sur la guerre en Ukraine. Ces partis sont aussi des soutiens intransigeants d’Israël et de sa politique génocidaire sous couvert du « droit d’Israël à se défendre ». En Amérique du sud la victoire de Milei en Argentine a provoqué un démantèlement de l’État et des protections sociales aussi violent qu’au Chili de Pinochet. Bien entendu, deux des premières mesures de Milei ont été de transférer l’ambassade argentine à Jérusalem et de décliner l’invitation d’intégrer les BRICS+. En Amérique du nord la victoire attendue de Trump aux États-Unis constitue une nouvelle régression pour les droits sociaux. Mais là aussi, comme en Europe, Trump a su capter le rejet de la politique de soutien à l’Ukraine du parti démocrate, en réalité une guerre à la Russie par procuration. Comme les autres forces d’extrême droite en Europe et le parti démocrate américain, Trump donne plein soutien à la politique expansionniste d’Israël. Les aides militaires, la volonté de chasser les Palestiniens de Gaza, les menaces directes de « créer l’enfer » à Gaza si ses exigences sionistes ne sont pas satisfaites l’illustrent parfaitement. Au Proche-Orient, Israël est dirigé par le gouvernement le plus extrémiste au monde, totalement amoral et inhumain, se proclamant fièrement génocidaire aux côtés duquel l’extrême droite européenne passerait pour des gauchistes romantiques. En synthèse la montée en puissance de l’extrême droite dans les pays occidentaux est marquée par des politiques de régression sociale, de violence anti-immigration et islamophobe et d’un soutien extrême à Israël et au génocide à Gaza. Les victimes, bébés compris, étant des Arabes et en grande majorité des Musulmans l’indifférence est de rigueur. Est-ce surprenant quand on sait comment l’histoire coloniale a été déformée pour faire des massacres et du pillage une « mission civilisatrice » ? En même temps les forces de gauche ont vu leur poids électoral rétrécir et leurs idées supplantées, et certaines, tout le courant social-démocrate, basculer dans le libéralisme, l’atlantisme et le sionisme. L’effondrement et l’échec de l’expérience socialiste en URSS et en Europe de l’Est ne finit pas d’avoir des conséquences négatives sur les idées de progrès, sur la paix, sur l’égalité de droits. Ceci se produit en Europe dans le cadre du Traité de Lisbonne, qui remplace le Traité Constitutionnel rejeté par les peuples européens (1). Ce Traité exige des États l’adoption de mesures de plus en plus libérales (« économie de marché ouverte où la concurrence est libre »). Ainsi en France la réforme des retraites a été adoptée contre l’avis de l’immense majorité de la population et contre la majorité du Parlement. C’est l’usage abusif d’un article précis de la Constitution de la Vème République, le fameux 49.3, qui ont forcé le Parlement à valider cette réforme. Comment appelle-t-on un régime qui adopte des lois contre l’avis du peuple et du parlement par la volonté d’un seul homme, issu de la finance, et dont l’élection a été forcée par la manipulation des médias aux mains des ultras riches ? Ultra riches dont la fortune a plus que doublé avec l’actuel président français ? Cela s’appelle une oligarchie. Le recours à l’extrême-droite s’impose pour le système libéral lorsqu’il doit adopter des mesures de plus en plus antisociales en ayant de moins en moins de moyens (crise financière 2008/09 et récession actuelle). Le système nécessite alors du recours de mesures répressives de plus en plus violentes, comme on l’a vu en France contre les gilets jaunes et les écologistes, ou aux Pays-Bas contre les agriculteurs. Les dirigeants européens, pris de court par le revirement américain sur l’Ukraine, les privant de leur principal appui qu’était le parti démocrate américain, se lancent dans une politique de réarmement contre la menace fictive de la Russie (2). Cela va inéluctablement réduire les budgets sociaux. Pour maintenir l’ordre, les moyens de répression devront s’accentuer, les politiques racistes se développer, les politiques de peur se généraliser. L’islamophobie en dénominateur commun L’islamophobie ou arabo-phobie affirmée comme une vertu, « l’autre composante » de l’antisémitisme (3), est un des traits communs de cette montée en puissance de l’extrême droite européenne et israélienne. Alimentée par certains médias, sur la base de l’ignorance de l’Islam et de la civilisation arabo-islamique, de généralisations grotesques et de raisonnements absurdes (4), elle vise à désigner les immigrés comme responsables de la situation sociale dans leurs pays, ce que confirment les politiques anti-immigrés (5). Elle sert aussi à banaliser la mort des Arabes et des Musulmans sous les bombes occidentales et sionistes, à rendre insensibles les opinions publiques occidentales aux massacres perpétrés par Israël en Palestine, comme ce fut le cas par les pays occidentaux en Irak, en Afghanistan, au Yémen, en Somalie et ailleurs. Cette ignorance n’est pas le propre uniquement des médias, des propagandistes ou des politiciens occidentaux (6). On la trouve aussi dans les cercles universitaires, parmi des intellectuels éminents, où la civilisation arabe et son apport sont court-circuités. Comme si la civilisation arabe n’avait pas apporté un progrès immense aux sciences, comme si Cordoue n’avait pas été la plus célèbre des universités européennes en plein Moyen-Âge obscurantiste, jouant un rôle essentiel dans la renaissance intellectuelle de l’Europe. Comme si Spinoza n’avait jamais étudié les penseurs arabes pour s’en inspirer, comme si Ibn Khaldoun n’était pas le fondateur de la sociologie politique. Ignorance… ou cécité volontaire ? (7) La fenêtre d’Overton En parallèle, la mesure de la gravité pour les victimes et pour les acteurs d’un même acte terroriste est hiérarchisée par les médias et dirigeants occidentaux, selon qu’ils sont musulmans, occidentaux ou juifs, dans le sens crescendo (pour les victimes) et decrescendo (pour les criminels), jusqu’à la négation du caractère terroriste et génocidaire de la guerre d’Israël à Gaza et au Liban. La proclamation du principe d’égalité en Occident ne résiste pas à sa confrontation avec la réalité. C’est le conditionnement massif des citoyens qui s’opèrent de jour en jour, de manière de plus en plus extrême. C’est la technique de la fenêtre d’Overton. Cette technique consiste à faire passer des politiques du statut d’impensable à celui de politique publique, en passant par les degrés decrescendo en termes de libertés : de l’impensable au radical, du radical à l’acceptable, de l’acceptable au raisonnable, du raisonnable au populaire, du populaire à l’adoption d’une politique publique. C’est ainsi que les politiques racistes se sont instaurées en Europe. Il était impensable il y a quelques décennies qu’un ministre en Europe puisse proposer la déchéance de nationalité selon les origines, que les droits sociaux ou l’accès à la santé soient restreints en cas d’immigration même légale. La violation du principe d’égalité des humains inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, impensable il y a un demi-siècle, est devenue la normalité : les Palestiniens ont moins de droits que les Israéliens, tuer des enfants par dizaines de milliers, palestiniens bien sûr, au nom de la « démocratie » est plus qu’acceptable, c’est officiellement la politique publique des « démocraties occidentales ». Est-ce idéologiquement surprenant chez les pays qui ont persécuté les Juifs pendant des millénaires, qui ont colonisé des peuples entiers en y provoquant la mort par dizaines de millions, qui ont employé la guerre, la famine, les massacres pendant des siècles ? Un mélange explosif La synergie de ce néofascisme de plus en plus influent avec le bellicisme occidental, que nous avons analysé dans l’article précédent, entraîne la banalisation du recours à la force, loin du respect du droit international. Même au sein de l’OTAN, les récentes déclarations de Donald Trump pour prendre de gré ou de force le Groenland au Danemark, sous le silence assourdissant des pays de l’Union Européenne, prétendre l’annexion du Canada aux États-Unis, reprendre le canal de Panama (8) montrent que l’impérialisme ne respecte même pas ses alliances les plus anciennes. Dans ce cas aussi, s’il venait à se réaliser, nous assisterions à une violation majeure du droit international. Espérons alors que, dans ce cas, l’effet collatéral amène l’autodestruction de l’OTAN ! Mais l’OTAN, créée en 1949 en tant qu’organisation défensive, n’a théoriquement plus de raison d’être depuis la disparition de l’URSS et du Pacte de Varsovie, fondé en 1955 pour contrer l’OTAN. On assiste au contraire à sa transformation en organisation offensive comme les guerres de Yougoslavie, d‘Afghanistan, de Libye et d’Ukraine le prouvent. Les pays de l’OTAN étant de plus en plus vassaux des États-Unis (même la France s’est réintégrée dans le commandement militaire de l’OTAN sous la présidence de Sarkozy), sont amenés à élargir leur périmètre d’action en dehors de l’Atlantique Nord, comme on l’a vu en Afghanistan et en Libye. Ainsi ils sont poussés, du moins sous la présidence Biden, on verra pour celle de Trump, à s’aligner sur la politique américaine contre la Chine, comme le sont la Corée du Sud, le Japon, les Philippines et l’Australie. Ajoutons la création de l’AUKUS, une alliance de type OTAN entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie. L’impérialisme, comme le fait le sionisme depuis 1947, a recours à une politique de force qui se substitue ainsi de plus en plus ouvertement au droit international. La nouvelle présidence Trump montre ouvertement son style impérial. Israël se dit être l’avant-garde de l’Occident, de cet Occident-là, néofasciste et belliciste, très à l’avant-garde. Face à cela, suivant le principe de l’action et la réaction, un autre monde se lève. Un affrontement planétaire que nous analyserons dans le prochain article. Mokhtar Homman, le 7 mars 2025 Demain : XXII – L’affrontement hégémonisme Occident/Sud global Notes 1.Une des plus claires, massives et violentes attaques à la démocratie et au vote populaire. 2.  Les dirigeants et médias occidentaux ont manipulé les opinions publiques en présentant l’invasion de l’Ukraine par la Russie comme une guerre non provoquée décidée par un « dictateur fou ». Avec cette explication, toute fantaisie est permise. Un « dictateur fou » n’a pas besoin de raisons pour s’attaquer aux pays baltes, à la Pologne etc… Mais la réalité est autre : la Russie a été poussée, provoquée, menacée dans ses intérêts vitaux par l’expansion de l’OTAN à l’est. Avant cela la Russie s’accommodait très bien de la coopération économique avec l’Europe (et réciproquement). La Russie souhaite même la paix et la coopération avec l’Occident pour développer ses immenses territoires aux ressources immenses. Pourquoi irait-elle envahir d’autres pays sans motif ? 3.Etienne Balibar, in Etienne Balibar et al : Antisémitisme : l’intolérable chantage, p. 90. 4.Le comble du ridicule est chez certains islamophobes en France reprochant à l’Islam de ne pas être laïc ! Mais aucune religion n’est laïque ! D’autres reprochent aux musulmans de placer la loi religieuse au-dessus des lois de la République, mais quel croyant de quelle religion place le Président de la République au-dessus de Dieu ? 5. En France des lois islamophobes dictent aux femmes comment elles doivent s’habiller en public, et certains politiciens veulent même imposer l’interdiction d’accès à l’Université selon l’habit. La France rejoint ainsi le rang des pays dictant aux femmes comment s’habiller, voire limitant leur accès au savoir. 6. Le dévoiement anti musulmans de la laïcité en France, c’est-à-dire la neutralité de l’État, et seulement de l’État, par rapport aux religions est utilisé jusqu’à l’absurde. Ainsi les mamans accompagnant les sorties scolaires d’enfants ont failli être interdites de porter un hijab, le vote du Sénat en 2019 en faveur de son interdiction n’ayant pas été retenu. 7.Fouad Laroui : Plaidoyer pour les Arabes, p. 25 et suivantes. (8)     Les travaux de construction du canal avaient démarré par la France en 1880, dirigés par Ferdinand de Lesseps, qui avait construit le canal de Suez, mais cette tentative échoua. Les États-Unis achetèrent le canal, encore en travaux, en 1889 à la suite du scandale de Panama, contre l’avis de la Colombie dont le Panama était un département. Les États-Unis multiplièrent les interventions militaires dans l’isthme entre 1850 et 1902. Le Panama proclama son indépendance, ou fit sécession, de la Colombie en 1903, les indépendantistes étant soutenus par États-Unis. Cette opportune indépendance permit aux États-Unis d’achever le chantier du canal de Panama en 1914 dont ils étaient souverains jusqu’en 1999. Bibliographie Balibar, Etienne et al : Antisémitisme : l’intolérable chantage. Éditions La Découverte, Paris, 2003. Laroui, Fouad : Plaidoyer pour les Arabes. Mialet-Barrault Éditeurs, Flammarion, Paris, 2021. L’article XXI – Le retour en force des néofascistes en Occident est apparu en premier sur ALBAYANE.