XXIV – Le génocide de Gaza : méthodes et complicités

Sionisme, antisionisme et antisémitisme Mokhtar Homman Le génocide perpétré par les deux composantes du sionisme, le juif via Israël et le chrétien via l’appui militaire financier diplomatique et juridique occidental, à Gaza pendant presque un an et demi était la pratique courante depuis l’occupation sioniste en Palestine, mais à très grande échelle. Les opérations précédentes... L’article XXIV – Le génocide de Gaza : méthodes et complicités est apparu en premier sur ALBAYANE.

XXIV – Le génocide de Gaza : méthodes et complicités
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Sionisme, antisionisme et antisémitisme Mokhtar Homman Le génocide perpétré par les deux composantes du sionisme, le juif via Israël et le chrétien via l’appui militaire financier diplomatique et juridique occidental, à Gaza pendant presque un an et demi était la pratique courante depuis l’occupation sioniste en Palestine, mais à très grande échelle. Les opérations précédentes Le génocide en cours à Gaza fait suite à 4 opérations militaires israéliennes de grande envergure, pour ne parler que des plus importantes, depuis le retrait israélien de Gaza en 2005. Il s’agit du concentré d’un génocide progressif (1) perpétré depuis 2006 à Gaza, depuis trois quarts de siècle en Palestine. Voici le bilan humain de ces opérations selon l’ONU : Opération Plomb durci du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009 (22 jours) : 1 400 morts dont 759 civils, dont 318 enfants et 111 femmes, des milliers de blessés. Opération Pilier de défense du 14 au 21 novembre 2012 (8 jours) : 174 morts dont 107 civils, et parmi eux 33 enfants et 13 femmes, plus de 1 000 blessés. Opération Bordure protectrice du 8 juillet au 26 août 2014 (50 jours) : 2251 morts, dont 1462 civils, dont 551 enfants et 299 femmes, plus de 11 000 blessés. Opération Gardien des murailles du 10 au 21 mai 2021 : 256 morts, dont 129 civils, dont 66 enfants et 39 femmes, plus de 1 900 blessés. Toutes ces opérations ont connu des destructions massives d’infrastructures et d’habitations. En parallèle de ces opérations sanglantes c’est aussi un fil continu de mini opérations ponctuelles, de tirs sans motifs de soldats sur la population civile. Ainsi l’ONG israélienne Breaking the Silence composée d’anciens soldats israéliens, a recueilli de nombreux témoignages concernant des comportements abusifs ou immoraux de la part de l’armée israélienne. Certains témoignages attestent de tirs injustifiés sur des civils ou d’une utilisation excessive de la force. Des organisations comme Human Rights Watch et Amnesty International ont documenté des cas où des civils palestiniens ont été tués par des tirs israéliens dans des circonstances suggérant une absence de menace immédiate. L’impunité des crimes de guerre sionistes Tous ces crimes de guerre sont restés impunis. Tout au plus, l’armée annonce mener des enquêtes internes débouchant presque toujours sur une justification du comportement de ses soldats. Même le cas de Rachel Corrie, une militante américaine, membre de l’International Solidarity Movement (ISM) n’a donné lieu à aucune peine. Elle a été tuée le 16 mars 2003 à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, par un bulldozer militaire israélien. Rachel Corrie, âgée de 23 ans, participait à une action non violente visant à empêcher la démolition de maisons palestiniennes par l’armée israélienne. Elle portait un gilet fluorescent et utilisait un mégaphone pour se faire voir et entendre. Selon les témoins présents, le bulldozer a continué à avancer malgré sa présence visible, l’a renversée, et l’a écrasée (action courante à Gaza, avec des tanks et des bulldozers). Une enquête militaire israélienne a conclu que l’opérateur du bulldozer n’avait pas vu Rachel Corrie et l’a exonéré de toute faute. Selon B’Tselem, une ONG israélienne qui surveille les droits humains, de 2000 à 2023 des milliers de civils palestiniens ont été tués par des forces israéliennes, mais seuls quelques soldats ont été inculpés ou condamnés. Le taux de condamnation est faible, la plupart des enquêtes sont closes sans poursuite, et les cas qui atteignent les tribunaux aboutissent souvent à des peines légères ou à des acquittements. En 2004, une fillette palestinienne de 13 ans, Iman al-Hams, a été tuée à Rafah par un officier israélien qui a tiré plusieurs balles sur son corps après qu’elle ait été abattue pour être entrée dans une zone interdite. L’officier a été jugé pour avoir vidé son chargeur sur elle après sa mort, mais il a été acquitté des accusations criminelles en 2005. Les journalistes aussi ont été victimes d’assassinats régulièrement. Parmi les plus emblématiques figure la journaliste palestino-américaine, reporter d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh tuée par l’armée israélienne, l’intention ne fait aucun doute (l’armée sioniste a même tiré sur un homme qui voulait lui porter secours), le 11 mai 2022 à Jénine. Les multiples enquêtes israéliennes et occidentales n’ont abouti à aucune condamnation. Telle est l’armée israélienne, que la propagande sioniste qualifie de « plus morale au monde », structurellement coupable de crimes de guerre et de « victimes collatérales » en masse. Bien entraînée au génocide, elle va dépasser toutes les limites en 2023 et 2024. Les méthodes sionistes Dans la suite nus utilisons le présent et non le passé pour deux raisons : les crimes de guerre se poursuivent à Gaza et en Cisjordanie, malgré le cessez-le-feu, et l’incertitude sur la poursuite du génocide tel que Netanyahou le confirme publiquement en refusant la négociation de la phase II de l’accord et en réduisant le volume d’aide humanitaire autorisée. Israël utilise des bombes à Gaza de 500 et 1 000 kg, au prétexte de tuer tel ou tel militant palestinien, dans le but évident de maximiser le nombre de « victimes collatérales », dans un rapport d’environ 80 à 150 civils tués pour un supposé militant tué. Un rapport d’enquête du Wall Street Journal affirme qu’Israël a déversé plus de bombes sur Gaza au cours des trois premiers mois de la guerre que les États-Unis n’en ont largué sur l’Irak en six ans (2). Israël organise la famine de la population, détruit hôpitaux, universités, bâtiments administratifs, infrastructure, habitations. Des snipers israéliens assassinent volontairement des femmes et des enfants, des journalistes, le personnel médical. L’armée sioniste en opération à Gaza (source : +972 Magazine, 16 février 2025) L’armée sioniste bombarde les ambulances, brûle les camps de réfugiés même en « zone sûre ». Israël terrorise la population en les forçant à se déplacer vers des zones qu’elle bombarde ensuite. L’horreur et la cruauté sans bornes est quotidienne sous les hourrahs des soldats et d’une population israélienne endoctrinée ayant perdu toute valeur morale (3). 83% des Israéliens juifs, selon un sondage en septembre 2024 (4), considèrent que le comportement moral de l’armée israélienne à Gaza est bon ou excellent. Les Palestiniens déplacés par l’offensive aérienne et terrestre israélienne sur la bande de Gaza fuient les quartiers de Khan Younès suite à un ordre d’évacuation de l’armée israélienne, lundi 22 juillet 2024 (source : TV5Monde, AP Photo/Abdel Kareem Hana). Pendant ce temps il y a redoublement de la répression en Cisjordanie où les colons se livrent quotidiennement à des exactions et des crimes sous le regard et avec le soutien des forces militaires israéliennes. L’armée israélienne utilise même des ambulances pour perpétrer ses crimes (5). Il y a aussi le flot continu d’actions moins importantes mais significatives : des destructions d’échoppes de fruits et légumes détruites volontairement par des camions militaires, des expéditions punitives de colons, des destructions de maisons, des incendies de mosquées, des déracinements d’oliviers … L’armée sioniste s’attaque aux camps de réfugiés à Tulkarem, à Jénine, causant des dizaines de morts civils. Les prisonniers palestiniens, y compris des mineurs, illégalement et arbitrairement détenus, au nombre d’environ 6 000 avant le 7 octobre, 9 450 autres à Juin 2024, subissent une accentuation des tortures et des atteintes à leur dignité. Le ministre israélien Itamar Ben Gvir a appelé le 30 Juin 2024 (6) à voter une loi permettant de tirer une balle dans la tête des prisonniers palestiniens. « La peine de mort pour les terroristes est la bonne solution au problème de la surpopulation carcérale » (7). Problème carcéral dû aux Palestiniens, adultes et mineurs, arrêtés massivement et arbitrairement, sans preuves, sans jugement, pour lesquelles ce ministre réclame la peine de mort parce qu’ils sont Palestiniens. Les ministres israéliens utilisent un langage et des arguments assimilables à ceux du nazisme, c’est-à-dire basés sur la discrimination ethnique et la définition de « races inférieures » (les Palestiniens), pour justifier leurs actions. Ce langage et ces méthodes étaient déjà présents dans le discours des sionistes chrétiens au XIXe siècle. Netanyahou et ses ministres invoquent des références bibliques, Amalek (8), pour appeler ouvertement à l’extermination complète d’une population, y compris femmes et enfants, à Gaza (9). L’extrémiste Baruch Goldstein, qui assassina 29 personnes dans une mosquée à Hébron en février 1994, invoqua aussi Amalek pour justifier son acte terroriste. Sa tombe est devenue lieu de pèlerinage pour l’extrême droite israélienne et il est admiré par le ministre Ben Gvir. Cette référence biblique, génocidaire, n’est pas exprimée au hasard. Netanyahou sait qu’elle va susciter l’approbation d’une large majorité d’Israéliens juifs, que les soldats vont être poussés à commettre des crimes de guerre, de participer au génocide, satisfaits, joyeux de le faire. Dans l’enseignement primaire israélien les enfants de neuf et dix ans « ont appris et continuent d’apprendre les faits d’armes de Josué. […] Le ministère israélien de l’Éducation n’a jamais éprouvé la nécessité d’émettre des réserves sur les passages effrayants de la Bible qui n’ont fait l’objet d’aucune censure. […] Le système d’enseignement a maintenu son refus de toute prise de distance vis-à-vis de ces embarrassants récits d’extermination » (10). Ainsi Israël éduque et conditionne les enfants à être favorables à l’extermination des non juifs. Les sondages au sein de la population israélienne juive majoritairement favorables au génocide de Gaza trouvent là leur explication de fond. Les évènements actuels sont exactement la réalisation des objectifs du sionisme chrétien au XIXe siècle. C’est donc l’aboutissement logique de la politique sioniste. Une politique barbare. Le but réel est l’expulsion des Palestiniens de Gaza en Égypte ou d’autres pays arabes. Que l’idée ait été reprise par le nouveau Président américain n’est sans doute pas un hasard. La complicité occidentale Les dirigeants des pays occidentaux, à quelques exceptions près (Espagne, Irlande où la mobilisation populaire pour dénoncer le génocide a été immense) ont immédiatement soutenu et fourni toutes sortes d’armements et d’appui diplomatique à Israël, notamment les États-Unis, qui alimentent en continu l’effort l’armée israélienne et ont mis leur veto à toutes les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU pour imposer le cessez-le-feu. Le président américain, Joe Biden, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans le Bureau ovale, le 25 juillet 2024 (source : France24 et Elizabeth Frantz, Reuters). Face à la mobilisation des peuples occidentaux en soutien du peuple palestinien et pour un cessez-le-feu, les dirigeants et medias occidentaux « couvrent » les crimes de guerre sionistes en cherchant à les banaliser, ce qu’on peut comparer avec la couverture des évènements en Ukraine (11). L’accent est mis sur les évènements du 7 Octobre, dont les victimes civiles israéliennes méritent le respect autant que les palestiniennes, en reprenant le discours israélien sur le « droit d’Israël à se défendre » légitimant ses actions disproportionnées, en reprenant sans vérification les fake news (12) les plus sordides. La causes profondes et historiques de l’attaque du 7 Octobre sont niées, réduite à une attaque terroriste sans raison (13). Rien sur l’emprisonnement à ciel ouvert de plus de deux millions de Palestiniens sur 365 km2 depuis des dizaines d’années, l’occupation et le déni des droits légitimes palestiniens depuis plus de 75 ans, les milliers de détenus administratifs palestiniens. L’action de la résistance palestinienne est dénaturée en terrorisme judéo-phobe. Seuls les « otages » israéliens sont pris en compte, omettant les milliers de détenus administratifs palestiniens, des otages en réalité, y compris des enfants (14) dont la libération était un objectif majeur des résistants palestiniens via la capture de prisonniers militaires et de civils (ce qui contredit la volonté de tuer, leur objectif étant de les capturer vivants pour maximiser l’échange). On assiste également à la multiplication des évènements et articles empathiques ou valorisants à l’égard des Juifs et d’autres dévalorisants à l’égard de tout ce qui est arabe. C’est au travers d’un article du journal Le Monde (15) où des soldats israéliens sont présentés souffrant d’un stress post-traumatique que l’on apprend qu’ils le sont pour avoir écrasé vivants des Palestiniens avec leurs tanks. Indignation dans les medias ou par les politiciens en Occident pour une telle barbarie ? Même les victimes palestiniennes chrétiennes ne méritent que le silence quasi absolu des médias des pays majoritairement chrétiens. Les Occidentaux s’étant volontairement enrôlés dans l’armée israélienne pour combattre et commettre des crimes de guerre à Gaza ne sont nullement inquiétés à leur retour en Europe ou en Amérique du Nord. Que Donald Trump soit parvenu à imposer un cessez-le-feu est la preuve irréfutable que le génocide a eu lieu par la volonté de l’Occident, plus que complice. Mokhtar Homman, le 7 mars 2025 Dans le numéro de lundi : XXV – Le monde arabe à la croisée des chemins. Notes 1.Ilan Pappé : Brève histoire d’un génocide progressif, in Noam Chomsky & Ilan Pappé : Palestine, p. 141. 2.Jared Malsin: “ The Ruined Landscape of Gaza After Nearly Three Months of Bombing”, The Wall Street Journal, 30 Décembre 2023. 3.Une telle perte massive de valeurs, une telle inhumanité chez la population israélienne juive, y compris des médecins appelant à la destruction des hôpitaux à Gaza, pose question. Lee Mordechai: Bearing witness to the Israel Gaza War, p. 46. 4.Lee Mordechai: op. cit., p. 10. 5.Lorenzo Tondo:  HYPERLINK « https://www.theguardian.com/world/2025/jan/14/suddenly-there-was-a-car-of-men-the-day-israeli-soldiers-attacked-a-refugee-camp » Israel admits soldiers used ambulance in raid on refugee camp, The Guardian, 14 Janvier 2025.  6. Le ministre israélien Itamar Ben Gvir appelle à l’assassinat des prisonniers palestiniens – Agence Media Palestine, 5 Juillet 2024. 7.Itamar Ben Gvir : « L’exécution de détenus palestiniens est le meilleur moyen de lutter contre la « surpopulation carcérale » » – Association France Palestine Solidarité, 19 Avril 2024. 8.Dans son discours du 28 Octobre 2023 au moment du lancement de l’invasion de Gaza, Netanyahou incita les Israéliens à « se rappeler ce qu’Amalek vous a fait subir ». Amalek, dans la Bible, est un peuple que Dieu ordonne aux Israélites d’exterminer. Les Écritures expliquent de quoi il s’agit : « Va maintenant, frappe Amalek, et détruit tout ce qui lui appartient ; tu ne l’épargneras point, et tu feras mourir hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes ». Exactement ce qui a cours à Gaza. On trouvera aisément sur les réseaux sociaux des vidéos de soldats israéliens célébrant la « réussite » de ce type d’actions en assimilant les Palestiniens aux Amalécites. 9.Noah Lanard: ”The dangerous history behind Netanyahu’s Amalek rhetoric”. 10.Shlomo Sand : Comment la terre d’Israël fut inventée, p. 117. 11.Selon le Haut-Commissariat aux Nations Unies aux droits de l’homme, on recensait 11 284 morts civils en Ukraine en Juin 2024, 28 mois après l’invasion russe. Cela représente 0,05% environ de la population ukrainienne restée en Ukraine. À Gaza : 6 fois plus de morts directs (selon The Lancet) en deux fois moins de temps, environ 9% de la population avec les morts indirects. 12.Didier Fassin : Une étrange défaite, p. 19 et suivantes. 13.Pour Gaza comme pour l’Ukraine, l’attaque de la résistance palestinienne et celle de la Russie sont considérées « non provoquées » par le discours occidental. 14.Lors de l’échange de prisonniers palestiniens contre des otages israéliens en Novembre 2023, sur les 240 Palestiniens libérés figuraient 107 mineurs et 68 femmes, contre 105 otages dont 81 Israéliens. 15.Isabelle Mandraud : « Des soldats israéliens, bourreaux et victimes, soignés pour des troubles de stress post-traumatique : Pour vous, nous sommes des monstres, n’est-ce pas ? ». Le Monde du 18 Novembre 2024. Bibliographie Chomsky, Noam & Pappé, Ilan : Palestine. Les Éditions Écosociété, 2016 (Tarik Éditions, 2016, au Maghreb). Fassin, Didier : Une étrange défaite. Sur le consentement à l’écrasement de Gaza. Éditions La Découverte, Paris, 2024. Lanard, Noah: ”The dangerous history behind Netanyahu’s Amalek rhetoric”. Mother Jones, 3 Novembre 2023. Mordechai, Lee: Bearing witness to the Israel Gaza War. Version 6.5.5, 5 Décembre 2024. Sand, Shlomo : Comment la terre d’Israël fut inventée. De la Terre promise à la mère patrie. Éditions Fayard, Paris, 2012. L’article XXIV – Le génocide de Gaza : méthodes et complicités est apparu en premier sur ALBAYANE.