Dans le cadre de la visite du président français au Maroc, les autorités des deux pays ont fait part de leur volonté d’engager une collaboration plus étroite. Cet élan diplomatique se concrétise notamment par des avancées sur les questions de sécurité, de migration, d’énergie et de développement économique, tout en intégrant des initiatives dans les secteurs de l’inclusion sociale et de l’égalité des genres.
Partenariat diplomatique et souveraineté territoriale
À l’issue de ses entretiens avec Jean-Noël Barrot, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Nasser Bourita, chef de la diplomatie marocaine, a précisé que le partenariat entre le Maroc et la France s’inscrit dans un cadre exemplaire, avec des objectifs communs en matière de stabilité et de développement. Selon M. Bourita, cet état d’esprit guidera non seulement les relations bilatérales quotidiennes mais également les démarches conjointes dans les instances internationales et multilatérales. Dans cette perspective, une Déclaration relative au “Partenariat d’exception renforcé” a été signée par les deux chefs d’État, marquant ainsi une nouvelle phase de gouvernance et définissant les secteurs prioritaires de la coopération.
Sur la question sensible du Sahara marocain, la France a affiché son soutien en publiant une carte officielle du Maroc incluant le Sahara sur le site du Quai d’Orsay. Ce geste, accompagné de l’élargissement de la circonscription consulaire française aux provinces du Sud marocain, confère à la diplomatie maroco-française une dimension politique importante. M. Bourita a souligné le rôle de la France au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, notant l’influence potentielle de ce partenariat sur le dialogue international concernant cette région.
Renforcement de la coopération sécuritaire
Les questions de sécurité et de migration, marquées par des enjeux stratégiques pour les deux pays, sont au cœur du partenariat bilatéral. Lors d’un point de presse à l’issue de ses entretiens avec Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur du Maroc, a insisté sur les composantes sécuritaires comme socle solide de cette coopération. Celle-ci repose sur une vision commune des défis sécuritaires actuels et l’échange d’informations stratégiques, en particulier dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.
Les deux pays ont également convenu de coopérer pour traiter les questions migratoires de manière concertée et équilibrée. Les responsables ont évoqué la nécessité d’un agenda global incluant des mécanismes de mobilité légale, la lutte contre l’immigration irrégulière, la coopération en matière de réadmission, et la prévention des départs clandestins. Les autorités marocaines ont rappelé que des procédures pour le retour des mineurs non accompagnés, mises en place depuis 2018, sont déjà en vigueur. En parallèle, la question des Obligations de quitter le territoire français (OQTF) est traitée dans le cadre d’une approche de “responsabilité partagée”, visant à assurer des retours respectueux des droits et des engagements des deux parties.
Pour améliorer la coordination, les ministères de l’Intérieur des deux pays se sont engagés à tenir des réunions régulières du Groupe migratoire mixte permanent, abordant ainsi l’ensemble des sujets liés aux mobilités légales et irrégulières. Cette démarche inclut aussi des échanges techniques sur la gestion des frontières et la lutte contre le trafic de drogues.
Transition écologique, un Nouveau tournant
Le domaine de l’énergie est un autre axe majeur des accords signés, illustrant le potentiel stratégique que représente le Maroc pour la France en matière de transition énergétique. Dans ce contexte, Karim Zidane, ministre marocain chargé de l’Investissement, et Olga Givernet, ministre française déléguée en charge de l’Énergie, ont souligné la solidité des relations entre les deux pays, la France ayant représenté en 2023 près du tiers des investissements directs étrangers (IDE) au Maroc.
La ministre marocaine de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, a appelé à une « nouvelle génération de partenariats » pour relever les défis climatiques. Dans le cadre de cette coopération, la France et le Maroc s’engagent à développer des projets autour de l’hydrogène vert et des énergies renouvelables, avec pour ambition d’intégrer des solutions plus écologiques et durables. Cette collaboration pourrait également permettre au Maroc de se positionner comme plateforme énergétique pour l’Afrique, ce qui contribuerait à la décarbonation et à une meilleure résilience face aux fluctuations des marchés mondiaux.
Appui aux projets structurants
Les accords ont également permis de renforcer la coopération industrielle, avec un accent particulier sur les infrastructures et les transports. Lors d’une rencontre avec Mohamed Rabie Khlie, directeur général de l’Office national des chemins de fer (ONCF), Henri Poupart-Lafarge, directeur général d’Alstom, a qualifié le Maroc de plateforme industrielle stratégique pour le groupe. Cette collaboration s’étend notamment à la fourniture de rames à grande vitesse pour le réseau ferroviaire marocain, marquant ainsi la poursuite des efforts pour moderniser les infrastructures de transport du Royaume. Le partenariat avec Alstom illustre l’engagement mutuel des deux pays pour le développement de projets ferroviaires de grande envergure, tout en visant à améliorer l’efficacité et la durabilité des transports.
Perspectives sociales partagées
Enfin, les entretiens entre responsables marocains et français ont abordé des thématiques sociales essentielles, en particulier l’inclusion des jeunes et l’égalité des sexes. Le secrétaire d’État français auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Thani Mohamed-Soilihi, a salué les progrès réalisés par le Maroc dans l’intégration sociale des femmes et des jeunes. De son côté, Naima Ben Yahya, ministre marocaine de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, a mis en avant les actions du gouvernement pour renforcer l’égalité des genres et lutter contre les violences faites aux femmes.
Au regard des avancées et des engagements mutuels, les responsables marocains et français se disent optimistes quant aux perspectives de ce partenariat bilatéral. En engageant une démarche coordonnée dans des secteurs stratégiques, le Maroc et la France veulent réaffirmer leur volonté de consolider leur coopération, tout en explorant de nouvelles opportunités pour répondre aux défis économiques, environnementaux, sécuritaires et sociaux.
LNT
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