Festival International Cinéma et Migrations
Par Saoudi El Amalki
Après vingt ans d’existence, le festival d’Agadir à thème se fraye une place au soleil parmi les festivals culturels en général et cinématographique en particuliers, plus huppés du pays, d’Afrique voire du monde par la maturité, le rayonnement et la particularité de sa thématique. Depuis 2004, ce festival a fait son bout de chemin, grâce à la persévérance d’une pléiade de mordus du septième art, à travers un groupe d’intellectuels et universitaires dans une association baptisée « Initiative Culturelle » sur le thème de la migration. Deux décennies ont, à priori, suffi pour que cette structure associative acquière toute l’envergure d’ancrer la tradition du cinéma en cette contrée qui brille à présent, de mille feux en vue de se hisser en métropole. Le parcours de ces militants ont persévéré à feu et à sang, pendant des années où la bâtisse du cinéma s’est effritée, au grand dam de toute la population locale dont la citation de François Truffaut, figure majeure de la Nouvelle Vague française : « Qui aime la vie va au cinéma », fait frémir. Cette vingtième manche du festival a déroulé le tapis rouge, dans le site mythique de la Médina, en présence d’une constellation de festivaliers tout feu tout flamme, côtoyant en chair et en os une imposante assistance venue voir de visu ses stars préférées qu’elle a l’habitude d’admirer en chaînes de télévision. Cette cérémonie de lever de rideau de la grande messe était fort rehaussée par l’adhésion à ce moment festif d’institutionnels, conduits par le Wali de la région Souss Massa qui en gentleman guilleret, a volé la vedette à la myriade de sommités du cinéma, puisque toute cette vague humaine s’est empressée de se poser en photos souvenirs en sa compagnie, au point de trouver toutes les peines du monde de s’en être libéré, notamment au terme de cette séance de rêve. Les deux sympathiques présentateurs des deux langues officielles du royaume ont débuté par annoncer un hommage posthume en direction de la diva du cinéma marocain qui n’est autre que feue Naïma Lemcherqui qui rendit l’âme, il y a juste quelques temps. Un instant pathétique traduit en si grande émotion par Dr Omar Halli, l’un des fondateurs du festival, avec raffinement et lubricité. En guise de reconnaissance pour la défunte cantatrice du cinéma, un trophée a été dédié au premier responsable de la région pour symboliser ce geste hautement saisissant. Puis, c’est au tour des jurys du long et court métrage en compétition de monter sur l’estrade afin de saluer la foule, en hilarité béate. Cette flopée de citoyens qui a pris d’assaut ce prestigieux site a eu droit par la suite, à la cascade de prestations de chant et danse, de troupe latino-américaine et de bercail pour clore la soirée en apothéose. Il faut bien dire qu’au préambule de la soirée, le président de l’association organisatrice de ce festival, avec l’appui d’institutions publiques et privées auxquelles il n’a pas manqué de leur rendre un vibrant hommage, a surtout rappelé, évènement oblige, la symbolique de la marche verte qui avait cimenté les fondements de cette appartenance à la patrie de la Monarchie et le Peuple marocain. Le mot du président était de toute finesse, illustré par l’audition de l’hymne national de manière créative et inédite.
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