« Éviter Charybde pour tomber en Scylla ! », avait alerté la mythologie grecque dans l’odyssée où Ulysse affrontait deux écueils concomitants. En fait, cette litanie de l’antiquité peut convenir aux obstacles qui continuent à entraver la marche de notre pays vers l’essor salutaire.
En référence aux deux termes de cette citation légendaire, on se trouve devant le cyclone de l’exercice politique et le typhon de la justice sociale. Deux handicaps qui ne cessent de retarder le décollage souhaité de la Nation. On aura beau contourner les deux contraintes, on se heurte irrévocablement à des camouflets cinglants, au fil du temps. En effet, au plan politique, l’épreuve paraît broyer du pain noir, tant que les formations partisanes n’assument pas pleinement leurs rôles de médiateurs clefs, comme le stipule clairement la Loi suprême.
Pour la plupart, elles sont fort émoussées sans autonomie ni souveraineté notoires, alors qu’un groupuscule extrémiste et nihiliste semble planer sur le tapis volant du Grand Soir crépusculaire, sans aucune incidence sur le cours des événements. Hormis certaines exceptions sérieuses, on se noie dans l’archaïsme et la médiocratie. Ce traitement hybride qu’on s’entête d’imprimer à la pratique partisane entachée d’immixtion et de mainmise, est d’autant plus périlleux qu’il expose le pays, non seulement à la technocratie aux centres de décisions, mais aussi à la dérive du totalitarisme bas.
La vie démocratique est d’abord des choix politiques à adopter, après débat libre et serein entre les divers antagonistes politiques de toutes obédiences. Cet affront laborieux, il n’y a que les partis forts et probes qui puissent le faire dans un pays en pleine ascension!
La seconde impasse n’est autre que la condition humaine comme approchée dans notre pays. Là encore, un gros effort est à déployer pour prétendre se hisser à un État dont l’élément humain est au centre des soucis. Or, il parait que cet aspect est bel et bien relégué au dernier plan. En dépit des actions saupoudreuses qu’on tente d’asseoir dans le tissu social du pays, la problématique est encore loin de faire des « heureux » dans le camp des couches défavorisées. Ceci étant, la diabolisation du champ politique national ne peut conduire alors qu’à la panne sociale.
Charybde et Scylla sont donc dans nos murs. Ils nous assaillent, cernent de toutes parts et hypothèquent sans doute, le chemin vers la délivrance. Seule une politique, fondée sur le respect du paysage partisan, toutes sensibilités confondues, et sur l’intérêt réel, porté sur la ressource humaine, pourrait mener notre bateau à bon port.
A ce prix, ni l’écueil de Charybde ni celui de Scylla ne sauraient interrompre l’expédition gagnante de notre vaisseau vers la démocratie, le progrès et la justice sociale auxquels notre pays ne cesse d’aspirer ! Le cœur des populations palpite pour cette grande chevauchée parce qu’elles ont hâte de bénéficier de ses apports sur leur vie quotidienne à court, moyen et long terme, bien que les affres soient toujours dans les parages. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ! », disait le polymathe français du 17è siècle, Blaise Pascale.
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