À la faveur d'un raz de marée électoral, Donald Trump retourne à la Maison Blanche. Un come-back fracassant de l’artisan de la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara. Décryptage.
Il est de nouveau le maître incontestable de Washington. Donald Trump vient de faire l’un des retours les plus spectaculaires de l’Histoire de la politique américaine. Élu par 50,9% des voix avec 295 grands électeurs, Trump a reconquis son trône au Bureau ovale après l’avoir cédé amèrement à Joe Biden en 2020. Il sort victorieux d’une bataille impitoyable contre une Kamala Harris dépassée par la vague trumpiste qui a submergé les Swing States, les Etats qui font et défont les présidents. Le triomphe républicain est tel que Trump a gagné plus que jamais le vote des minorités noires et hispaniques que les démocrates considéraient comme une éternelle chasse gardée. Contre un establishment politico-médiatique hostile, le candidat républicain a triomphalement battu sa rivale démocrate, Kamala Harris, à l’issue d’une campagne rocambolesque digne des films d’Hollywood où tous les coups furent permis. Clashs verbaux, insultes, vulgarités, dénigrement réciproque, attentats en direct… Jamais une campagne n’a été aussi violente. Ni le matraquage médiatique ni les tentatives d’assassinat n’ont eu raison du 47ème président des Etats-Unis qui a manifesté une énergie débordante durant la campagne malgré ses 78 ans. Une surprise prévisible ! Le président Joe Biden avait péché par orgueil lorsqu'il avait prétendu que Trump n’était qu’un intermède amer dans l’Histoire des Etats-Unis. Maintenant il est de retour. “Trump a gagné le cœur de l’Amérique anglo-saxonne qui veut que les Etats-Unis restent américains”, explique Alexandre Del Valle, géopolitologue et consultant international, auteur du livre “Vers un choc global”, qui précise que la débâcle de Mme Harris est le résultat du virement très à gauche du parti démocrate. “C’était parti modéré qui devient un courroi de transmission de l’idéologie woke, de l’écologie radicale et de l’immigrationnisme effréné qui diabolise toute volonté de contrôle des frontières”, poursuit notre expert. “Donald Trump porte la colère de ceux qui se sentent méprisés par l'élite politico-médiatique de Washington”, note pour sa part David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS et rédacteur en chef de la revue "Orients stratégiques". Les conséquences géopolitiques de la vague trumpiste Maintenant, une nouvelle ère s'ouvre qui tourne la page du court règne de Joe Biden qui laisse derrière lui un héritage tumultueux et une scène mondiale mouvementée par les guerres en Ukraine et au Proche Orient. Ultra pragmatique et imprévisible, Trump suscite des réactions mitigées à l’international. Réaliste, isolationniste et protectionniste, Trump fait d’ores et déjà peur aux Européens qui se préparent d’ores et déjà à un éventuel désengagement américain en Europe, notamment en Ukraine. La Russie de Poutine préfère le juger sur ses actes tandis que la Chine, qui l’a félicité, observe une prudence optimiste. Pour leur part, les pays arabes, dont les Etats du Golf, l’Egypte, ont félicité le président élu. SM le Roi Mohammed VI a lui a adressé, au nom du Maroc, une lettre de facilitations avec des mots chaleureux. Le Souverain a tenu à réitérer à M. Trump sa reconnaissance et celle du peuple marocain pour avoir reconnu le Sahara marocain en 2020. “Un acte mémorable”, note la lettre royale où le Souverain a assuré que “le Royaume du Maroc sera, plus que jamais, un véritable ami et un allié fidèle des États-Unis". Celui qui a reconnu la marocanité du Sahara Trump laisse un bon souvenir au Maroc où son retour à la Maison blanche est accueilli avec optimisme. Il a gravé son nom dans le marbre de l’Histoire de l’alliance maroco-américaine comme celui qui a osé reconnaître la souveraineté marocaine sur son Sahara. Une décision historique qui a déclenché une vague de soutien international sans précédent en faveur du Royaume. “La plupart des pays occidentaux, arabes et africains ont déjà reconnu la souveraineté du Maroc, l’arrivée de Trump va accélérer ce mouvement vu que les derniers pays hésitants vont aller dans ce sens”, explique M. Del Valle, convaincu que le retour de Trump au pouvoir est une très bonne nouvelle pour le Royaume. En effet, Trump est connu pour son aversion pour l’immobilisme des Nations Unies, cela pourrait donc être un facteur accélérateur de la résolution du conflit. “A ce jour, il y a deux membres permanents du Conseil de Sécurité qui reconnaissent officiellement la souveraineté marocaine et, par conséquent, l’enjeu ne se situe plus réellement sur un plan géopolitique, même si demeure posée la question d’une formalisation « juridico-politique » adéquate dans le cadre du plan de l’autonomie validé dans le cadre de cette souveraineté marocaine et en conformité avec les principes de la Charte des Nations Unies”, fait remarquer David Rigoulet Roze. Nouvel élan pour la déclaration tripartite Certes, Joe Biden a maintenu la décision de Trump et est resté un soutien acquis au Maroc au Conseil de Sécurité mais son discours était timoré au sens où la diplomatie américaine préférait parler plus du plan d’autonomie que de souveraineté. L’Administration démocrate s’est montrée d’autant moins enthousiaste qu’elle n’a pas honoré tous les engagements de la déclaration tripartite du 10 décembre 2020, notamment le projet du consulat de Dakhla qu’elle a maintenu en stand-by. A cela s'ajoutent les contrats des drones Sea Guardian qui furent parmi le package de l’accord tripartite. C’est pour cette raison que le come-back de Trump est perçu comme l’occasion de consolider des acquis d’autant plus que les républicains contrôlent désormais le Congrès et le Sénat. “Je pense que, globalement, il faut honorer la promesse du Consulat”, avait reconnu, dans une déclaration précédente à L’Opinion, Asha Castleberry-Hernandez, ex-conseillère principale au Bureau des affaires du Proche Orient du département d’État américain. Pour l’instant, la seule chose que l’on sait, c’est que “la planification est toujours en cours”, tel que l’avait précisé, en mars 2024, le Directeur du Budget au sein du Département d’Etat, Douglas Pitkin. En définitive, Trump se déclare homme de paix. Avec son style frontal et son appétence pour les deals, le nouveau président a déjà démontré par le passé sa capacité à régler des dossiers les plus épineux et faire bouger les choses.