Suite à la décision N 1311/GDB-CAB, rendue publique le 19 septembre dernier par le gouverneur de Bamako, 7 marchés à bétail (garbal) devront être fermés et réaménagés dans sur de nouveaux sites. L’opération de déguerpissement a commencé à Lafiabougou Kôda ainsi qu’à Djélibougou, au grand dam des marchands de bétails. Ils sont d’ailleurs pour la plupart rétifs, à l’idée de se retrouver isolés en brousse en dehors de la ville. Selon certains vendeurs approchés par nos soins, aucun des sites ne leur a été présenté ni aménagé aux normes d’un marché à bétail. Le président de la jeunesse du «garbal» de Djéllibougou, Mamadou Coulibaly, se dit prêt en tant que Malien à accepter la décision du gouvernement, pourvu qu’elle soit revue par les autorités. Et d’indiquer que les propriétaires de bétails sont les principales victimes du phénomène djihadiste, à travers les expropriations ou vols récurrents d’animaux, les extorsions d’argent durant le transport ou dans les villages, et parfois même des assassinats de certains convoyeurs. Les occupants de garbal n’ont par conséquent aucun intérêt à aider ces individus malveillants, soutient notre interlocuteur, ajoutant qu’à Djélibougou seul le gardien est autorisé à passer la nuit dans le marché qui ouvre entre 08h du matin à 20h du soir. Le président des jeunes se prévaut en outre de la confection des cartes d’identification pour chaque membres, en vue de réduire les intrusions. Quant aux nouveaux sites devant les accueillir, il les juge trop éloignés et susceptibles d’entraîner une hausse considérable du prix de la viande, à cause des charges inhérentes au transport.
Pour sa part, son homologue du même marché, Ba Niamé Coulibaly, se dit surtout surpris par la façon dont la triste nouvelle leur est parvenue. «Nous avons été étonnés d’apprendre la décision de fermeture au lendemain des attaques djihadistes simultanées dans le district de Bamako », a-t-il confié, mentionnant les promesses de réaffectation d’autres sites aménagés alors qu’il était initialement plutôt question de fermeture pour des besoins d’enquêtes. Le président Coulibaly se plaint ainsi de leurs nouvelles conditions : «Ils nous demandent de partir, alors que les zones indiquées ne sont pas aménagées, sont très éloignées des clients en plus d’autre de nous exposer à l’insécurité ainsi que et nos biens».
Cette décision va amplifier de plus belle le phénomène de chômage déjà crucial, estimé par ailleurs M Coulibaly, indiquant qu’au moins 3/4 des vendeurs ne pourront pas partir sur le nouveau site.
Nombreux sont les vendeurs de la Rive Gauche qui se posent des questions sur les liens de leurs marchés à bétails avec le terrorisme. Pour eux, le problème semble venir du côté de la Rive Droite et ils trouvent injuste que les autorités se rabattent sur eux au lieu d’aller droit au but et de commencer leurs recherches à la source du problème qui est nos voisins.
Pour le président Ba Niamé Coulibaly, des solutions alternatives au déguerpissement ne manque. Elles pourraient consister mettre en place des comités de surveillance dans chaque marché à bétails ou encore à installer de postes de contrôle pour mieux maîtriser la situation sécuritaire.
Aly Poudiougou