Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
Bien qu’ils aient longtemps considéré comme terroriste, le groupe islamiste radical « Hay’at Tahrir al-Sham » (HTS) qui a fait tomber, le 8 décembre, le régime de Bachar al-Assad, les Etats-Unis ont envoyé, ce vendredi, à Damas, une délégation pour prendre contact avec le nouveau dirigeant de la Syrie et chef du HTS, Ahmed al-Charaa, plus connu sous son nom de guerre de Abou Mohammed al-Joulani.
Cette délégation, qui est la première à avoir été dépêchée par Washington, en Syrie, depuis le déclenchement de la guerre civile, en 2011, et qui comprend Barbara Leaf, la responsable du Moyen-Orient au sein du département d’Etat, Roger D. Carstens, l’envoyé spécial pour les affaires d’otages et Daniel Rubinstein, le conseiller spécial pour la Syrie, a évoqué, avec les nouveaux responsables syriens, le processus de transition et le sort des différentes minorités ethniques et religieuses du pays.
Il convient de préciser, néanmoins, qu’en comprenant Roger D. Carstens, qui est chargé de collecter des indices sur les Américains portés disparus en Syrie comme Austin Tice, kidnappé en août 2012 et de nombreux autres, cette délégation vise à renouer le dialogue avec les nouveaux maîtres du pays mais, également, à retrouver les traces des citoyens américains disparus en Syrie.
Aussi, pour le New York Times, Washington, qui avait rompu ses relations diplomatiques avec Damas en 2012, chercherait, à travers cette visite, qui représente « un pas timide vers un engagement dans un pays où l’implication des Etats-Unis, au cours des dernières années, s’est, également, faite par le biais de l’armée (…) à s’informer sur le paysage politique de la Syrie » mais, surtout, à « le façonner ».
Après cette rencontre qui fut « positive », aux dires d’un responsable des nouvelles autorités syriennes, et durant laquelle les deux parties ont abordé la question de l’avenir des kurdes dans le nord de la Syrie après que des milliers d’entre eux aient manifesté à Qamichli contre les attaques des milices armées et financées par la Turquie alors que Washington soutient les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), une coalition créée à l’effet de lutter contre l’« État islamique » et dominée par les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), les émissaires américains sont, également, partis à la rencontre des représentants de la société civile syrienne pour discuter de leur vision de l’avenir de leur pays et de la manière selon laquelle les Etats-Unis pourraient les soutenir.
Après cette rencontre, Barbara Leaf a, immédiatement, porté à la connaissance des médias, que les Etats-Unis ont abandonné l’offre de récompense pour l’arrestation du nouveau dirigeant syrien, l’islamiste Ahmad al-Charaa, plus connu sous son nom de guerre Abou Mohammad al-Joulani, qu’ils avaient classé comme terroriste et ajouté avoir fait part à ce dernier de « la nécessité cruciale de veiller à ce que les groupes terroristes ne puissent pas constituer une menace à l’intérieur de la Syrie ou à l’extérieur, y compris pour les États-Unis et (leurs) partenaires dans la région » ; ce qu’en faisant preuve de « pragmatisme », le dirigeant syrien « s’est engagé à le faire ».
Est-ce l’ouverture d’un nouveau chapitre dans les relations entre les Etats-Unis et la Syrie post-Bachar al-Assad ? Attendons pour voir…
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