Des systèmes de culture innovants dans la lutte contre les nématodes

Les nématodes à galles sont des vers microscopiques vivant dans le sol qui s’attaquent aux plantes et provoquent des dégâts considérables en culture maraîchère et fruitière. Dans le cadre du projet GeDuNem, les chercheurs INRAE de l’Institut Sophia Agrobiotech (ISA) ont mis en place des prototypes de systèmes de culture maraîchers combinant des techniques de […]

Des systèmes de culture innovants dans la lutte contre les nématodes
   agri-mag.com
Les nématodes à galles sont des vers microscopiques vivant dans le sol qui s’attaquent aux plantes et provoquent des dégâts considérables en culture maraîchère et fruitière. Dans le cadre du projet GeDuNem, les chercheurs INRAE de l’Institut Sophia Agrobiotech (ISA) ont mis en place des prototypes de systèmes de culture maraîchers combinant des techniques de lutte contre les nématodes avec l’utilisation de variétés de plantes portant des résistances. Ces systèmes se sont avérés efficaces, entraînant une diminution du nombre de nématodes présents dans le sol ainsi qu’une résistance des plantes plus durable dans les sites analysés. Cette expérimentation ouvre la voie à des techniques alternatives pour la gestion des nématodes à galles. Des vers ronds gloutons  Présents dans le monde entier, les nématodes à galles sont très fréquents dans les cultures. Connus pour les dégâts caractéristiques (galles sur racines) qu’ils causent sur de nombreuses plantes, cultivées ou non, ils sont capables de contourner les gènes de résistances présents dans ces plantes. Ces bioagresseurs sont préoccupants car ils se conservent dans le sol et se multiplient dans les plantes en réalisant plusieurs cycles par an, ce qui leur permet de proliférer rapidement. Ils peuvent occasionner des dégâts considérables dans les exploitations, entraînant de fortes pertes de rendement pouvant conduire dans certains cas à une perte totale de récolte. Les nématicides chimiques pour lutter contre ces bioagresseurs sont prohibés ou soumis à des restrictions d’emploi. De plus, utilisées individuellement, les autres méthodes biologiques, physiques, génétiques ou culturales ont toutes montré leurs limites. Les chercheurs étudient donc de nouvelles méthodes de lutte durables et efficaces pour le contrôle de ces bioagresseurs. GeDuNem, un projet agroécologique interdisciplinaire  L’objectif du projet GeDuNem est de concevoir des systèmes de culture innovants pour gérer les populations de nématodes à galles et augmenter la résistance des variétés face à cet agresseur. L’approche s’appuie sur la complémentarité des connaissances de chercheurs (pathologistes, nématologistes, généticiens, agronomes) et de praticiens (ingénieurs, conseillers techniques).  Trois prototypes de systèmes de culture ont été mis en place pendant quatre ans par les chercheurs de l’Institut Sophia Agrobiotech (ISA), sur les sites de producteurs maraîchers du sud de la France. Souvent utilisées individuellement, les pratiques comme la solarisation (technique de désinfection thermique du sol), l’utilisation d’engrais verts nématicides ou de plantes-pièges, ont été combinées dans cette étude avec des variétés résistantes (tomates, piments) dans le cadre de rotations de cultures hôtes. L’efficacité de ces systèmes a été comparée à celle des systèmes classiquement utilisés en culture maraîchère sous abris dans la région. Des analyses ont ensuite été réalisées pour comprendre leur fonctionnement, évaluer leur impact sur le sol et sur les rendements et observer les potentiels contournements de résistance par les nématodes.  Des systèmes de culture efficaces Lors de l’étude, une diminution des populations de nématodes à galles (de 70 à 90 %) a été observée dans les différents sites ainsi qu’une protection des Solanaceae à résistance partielle. Les systèmes de culture se sont avérés plus efficaces dans les sites riches en matière organique, où les équilibres biologiques du sol étaient favorables et où la nématofaune était la plus diversifiée et la plus abondante. De plus, ils se sont révélés sans effets négatifs sur les espèces de nématodes qui ne sont pas parasites de plantes et qui contribuent à la santé des sols. Cette étude a également démontré par une enquête auprès des agriculteurs motivés à utiliser ces pratiques agroécologiques, qu’ils les trouvent plutôt acceptables.  Ces résultats ouvrent la voie à l’utilisation de systèmes de culture innovants en maraîchage. Cependant, ils doivent encore être améliorés, en interaction avec les producteurs et diffusés plus largement.