Éditorial : Rôles inversés

Depuis la sortie du Royaume-Uni de l’UE, la Manche qui sépare les côtes françaises et celle britannique est devenue une des routes principales de l’immigration irrégulière et un filon pour les passeurs et autres mafias. En 2023, ils ont été plus de 30.000 à faire la traversée à bord d’embarcations de fortune et des milliers […]

Éditorial : Rôles inversés
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Depuis la sortie du Royaume-Uni de l’UE, la Manche qui sépare les côtes françaises et celle britannique est devenue une des routes principales de l’immigration irrégulière et un filon pour les passeurs et autres mafias. En 2023, ils ont été plus de 30.000 à faire la traversée à bord d’embarcations de fortune et des milliers d’autres y ont laissé la vie. En 2024, le chiffre sera probablement et de loin supérieur puisque pour les seuls sept premiers mois de l’année, le flux des migrants était déjà à 18.000. La situation est inédite aussi bien pour le Royaume-Uni que pour la France. Cette dernière, et l’Union européenne avec elle, découvre en fait la difficulté d’être un pays de passage et combien, sur le terrain, il est plus compliqué qu’il n’y paraît de maîtriser des flux et de retenir des individus déterminés à faire la traversée. Malgré tous les moyens et l’organisation déployés par la France et l’UE à travers sa super agence spécialisée, Frontex, le flux de migrants paraît difficile à endiguer. Non pas par manque de volonté mais simplement parce qu’il s’agit d’un phénomène plus complexe à cerner et où une multitude d’acteurs et de filières mafieuses agissent. Il y a quelques années, quand le Maroc et l’Espagne ont été tous deux confrontés à une situation similaire voire plus préoccupante, les instances européennes ont toujours pensé qu’il suffisait de « bétonner » les frontières pour endiguer les flux. Il n’en était rien et seule une véritable action commune et concertée quotidiennement de part et d’autre du Détroit de Gibraltar, une coopération sincère dans la durée et un partage des visions entre le Maroc et l’Espagne ont permis d’assécher substantiellement ce couloir de migration.