Après une profonde traversée du désert, plusieurs acteurs de la classe politique commencent à sortir la tête de l’eau, pour prendre position…
Après les événements d’août 2020 et le coup de force de mai 2021, de nombreux partis politiques ont sombré dans une léthargie indescriptible.
Cette situation était liée au discours politique favori, qui consiste à dire que la faillite de l’Etat était de la responsabilité des acteurs politiques. C’est ainsi que de nombreux responsables politiques se sont retrouvés diabolisés et vilipendés au sein de l’opinion et sur les réseaux sociaux
Sans compter que la gouvernance fondée sur la lutte contre l’impunité a permis d’enclencher contre plusieurs leaders (dont certains ont servi comme ministres dans des régimes antérieurs) des poursuites pour délinquance financière présumée. Même si la plupart de ces poursuites n’ont pas abouti….
Mais, à l’approche des échéances électorales, il semble que le niveau du thermomètre politique remonte progressivement. Ce qui est marqué par des rencontres statutaires de quelques formations, des sorties de certains leaders politiques. Tout cela pour marquer les consciences sur les éventuels échecs des gouvernants du jour.
C’est dans ce sens que le leader du parti CODEM, l’ancien ministre et ancien député Housseini Amion Guindo, avait récemment fustigé des menaces de mort contre des dirigeants de pays frères comme la Côte d’Ivoire et le Bénin. Avant cela, le leader de la CODEM avait indiqué que les dirigeants de la Transition doivent accélérer la cadence de la gouvernance pour aller vers la tenue des élections.
Pour sa part, le président d’honneur du parti YELEMA, le Changement, l’ancien Premier ministre Moussa Mara n’a de cesse d’appeler les dirigeants à « réduire le train de vie de l’Etat », à associer le dialogue à la gestion de la crise sécuritaire, mais aussi à faire des efforts pour gérer dans la transparence les finances publiques du pays. Ce dernier ne manque pas d’occasion pour appeler les plus hautes autorités à prendre des mesures appropriées pour soulager les difficultés des entreprises, surtout les plus fragiles, par rapport au paiement de la dette intérieure de l’Etat.
S’y ajoutent des leaders politiques, qui sont en exils forcés, qui redoublent d’ardeur pour appeler à plus de démocratie et à la protection des libertés individuelles dans la gestion des affaires publiques.
Tout ce regain de vitalité de la scène politique est le signe d’un tour de chauffe en vue de préparer l’opinion nationale et internationale aux prochaines échéances électorales. Celles-ci semblent pointer à l’horizon.
Sauf qu’en l’absence de chronogramme électoral, des indications budgétaires comme « dépenses électorales » laissent planer des doutes.
En effet, le Conseil National de Transition(CNT) lors de l’ouverture, le lundi 7 Octobre dernier, sa session budgétaire. Et cette session devrait permettre aux parlementaires de la Transition d’examiner la loi de finances 2025, qui prévoit des dépenses dites électorales, mais aussi d’apporter des modifications à la loi électorale. Ces éléments du menu parlementaire constituent des indices assez clairs sur le fait que le pouvoir du Col Assimi Goïta projette organiser les élections devant concrétiser le retour à l’ordre constitutionnel, qui est un processus irréversible.
Seulement, le hic est que l’on se demande si la volonté politique des plus hautes autorités de la Transition est clairement affichée sur cet agenda électoral. Car, l’on s’attendait depuis un moment à ce que le gouvernement publie un chronogramme électoral. Ce qui doit convaincre les acteurs politiques à préparer efficacement les scrutins..
En outre, il faut reconnaître qu’un certain nombre de responsables politiques sont en détention préventive et certains pourraient même être, le cas échéant, condamnés à des peines d’emprisonnement fermes. Ce qui pourrait entacher leur éligibilité, si ce n’est déjà le cas. Sans compter que d’autres responsables politiques rasent les murs ou sont en exil forcé pour diverses raisons.
Tout cela n’a pas empêché le ministre d’Etat, porte-parole du gouvernement, le tout-nouveau Général de Brigade Abdoulaye Maïga a rassuré sur la ferme volonté des hauts dirigeants de sceller bientôt le processus du retour à l’ordre constitutionnel. Et les responsables de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) de renchérir dans ce sens. « Les élections vont se tenir dans les meilleurs délais ; mais c’est aux autorités de fixer le cap », avait récemment laissé entendre le président de l’AIGE, Me Moustapha Cissé.
Sur un autre plan, la question du financement de ces élections est-elle déjà réglée ? Puisque, dans un passé récent, un haut cadre d’une institution de la République avait publiquement indiqué que le pays n’était pas prêt pour organiser les élections faute d’argent pour ce faire. L’Etat du Mali pourra-t-il alors, à brève échéance, boucler le financement de la centaine de milliards F CFA nécessaires pour la tenue de l’élection présidentielle ?
Toutes ces questions incitent certains observateurs à se demander si les autorités sont décidées à aller vraiment aux élections, ou s’il s’agit d’un simulacre pour endormir les consciences et prolonger ad vitam aeternam cette période de transition en cours. Bref, après les prolongations antérieures, l’année 2025 sera-t-elle la bonne pour amener le peuple malien aux urnes ? Trop tôt pour le dire !
Boubou SIDIBE/maliweb.net