L’avocat franco-sénégalais, Robert Bourgi, a évoqué, hier, les relations entre le président de la République et son Premier ministre, et la victoire du parti Pastef. Il écarte toute éventualité de crise dans leurs rapports.
Par Amadou MBODJI – Avocat et spécialiste de la françafrique, Robert Bourgi ne voit aucune éventuelle crise dans les rapports entre le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son Pm Ousmane Sonko. Indiquant que ceux qui pensent le contraire en parlant de dualité au sommet de l’Etat vont déchanter.
«Ceux qui pensent à une crise entre Sonko et Diomaye n’ont qu’à se détromper», affirme l’avocat Robert Bourgi lors de son intervention hier au «Grand Jury» de la Rfm dont il était l’invité. Même s’il reconnaît qu’il ne pourrait manquer de «bisbilles», il estime que «celles-ci n’auront pas de prise sur leurs relations». «Il peut y avoir, de temps à autre, de petites anicroches, c’est normal dans le commerce intellectuel entre individus, mais je les vois réussir», insiste Bourgi.
L’avocat qualifie d’«inimaginables» les propos de Ismaïla Madior Fall en s’en démarquant. S’écartant des propos de l’ancien ministre de la Justice qui pense à une réforme de la Constitution au sein de la Magistrature suprême.
Pour Robert Bourgi, «le parti Pastef reste la seule force politique au niveau du pays, les autres partis ou coalitions étant morts».
Le débat sur le prochain président de l’Assemblée nationale a été évoqué par M. Bourgi qui suggère à Ousmane Sonko de rester à la Primature. La raison tient au fait que, suivant les explications de Bourgi, si Sonko garde son poste de Pm, cela lui permet de «faire le travail effectif en liaison avec le président de la République».
«On dit maintenant qu’il doit aller à l’Assemblée nationale. Si la question m’était posée par le Premier ministre, je lui conseillerais de rester à la tête du gouvernement et de nommer quelqu’un d’autre à l’Assemblée», a affirmé Robert Bourgi. Ce dernier reconnaît la suprématie de Pastef.
«Aujourd’hui, dans l’espace politique sénégalais, il n’y a que Pastef. Il n’y a que Sonko. Il n’y a que le Président et tous les alliés de Pastef. Les autres partis sont pratiquement inexistants», a-t-il déclaré. «Dans les cinq à dix prochaines années, je vois difficilement Pastef perdre de son influence, pour la simple et unique raison que les acteurs de l’ancien régime se feront de plus en plus âgés. La jeunesse, qui représente au moins 65% de la population sénégalaise, se renforcera. Dans cinq ans, les jeunes de 12 ans aujourd’hui seront en âge de voter», a-t-il anticipé. Par ailleurs, il estime que le duo Diomaye-Sonko pourrait gagner des conseils de l’ancien Pm Amadou Ba en collaborant avec lui.
Les rapports entre le tandem Diomaye-Sonko et la France sont passés à la loupe par Robert Bourgi. Parlant ainsi de système gagnant-gagnant en l’évoquant. «C’est fini la forme de gouvernement qui existait sous la françafrique», a déclaré M. Bourgi. Ce dernier soutient qu’il est d’avis que la «françafrique» est dépassée. «Il faut s’adapter au mouvement général du monde. Aujourd’hui, il n’est pas pensable, à moins d’être fou, de croire qu’on pourrait pérenniser ou réactualiser des anciennes relations qui ont existé entre la France et les républiques africaines. Pas du tout», fait-il savoir.
Pour lui, avec la mondialisation, «c’est gagnant-gagnant. Il n’est plus question d’un retour quelconque de la forme de relation de gouvernement qui existait sous la «françafrique». C’est fini. C’est terminé», persiste et signe M. Bourgi.
Selon l’avocat franco-libanais, les nouveaux dirigeants de certains pays africains n’accepteront plus d’être sous la tutelle de la France. «Aujourd’hui, Ousmane Sonko et Diomaye Faye, nos officiers du Mali, du Burkina Faso, du Niger et de la Guinée, et bientôt d’autres pays, n’accepteront pas le tutorat. Absolument pas», a-t-il conclu.
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