Sur invitation du Parlement vénézuélien au Forum mondial des parlementaires sur le fascisme, le néofascisme et autres formes similaires, une délégation du Conseil national de la transition (CNT) du Mali conduite par le président de la commission santé, Aboubacar Sidick Fomba, séjourne depuis le début de cette semaine à Caracas, capital
Dans son discours le chef de la délégation malienne a rappelé que cette rencontre est une réponse à une menace persistante qui, malgré les leçons de l’histoire, continue d’assombrir notre époque à travers le fascisme, le néofascisme et toutes les expressions de haine et d’autoritarisme. Ces idéologies, dira-t-il, bien que réprimées, trouvent aujourd’hui de nouvelles formes d’expression qui se dissimulent souvent derrière des discours populistes ou des appels trompeurs au “fascho-multilatéralisme”.
“Mais nous ne pouvons être dupes. Nous savons que le fascisme ne se limite pas à un ensemble de slogans ou de symboles du passé ; il s’incarne dans les actes qui divisent, qui bafouent les droits humains, qui exploitent les vulnérabilités économiques et sociales pour justifier la haine et la violence. Face à cela, nous avons une responsabilité historique. Nous devons être plus qu’un rempart juridique ; nous devons être des voix, fortes et claires, qui défendent sans compromis les valeurs de liberté, d’égalité et de dignité humaine. Il est impératif que nous ne laissions pas ces forces éroder les principes sur lesquels reposent nos sociétés”, a-t-il ajouté.
Démocratie n’est pas un acquis permanent
Selon lui, nous devons également reconnaître que le combat contre le fascisme et le néofascisme ne peut être mené qu’en collaboration avec nos concitoyens. Et d’ajouter que la démocratie n’est pas un acquis permanent, car elle se construit jour après jour, dans chaque école, chaque institution, chaque communauté. Avant d’inviter à investir dans l’éducation et la culture, non seulement en tant que pilier de la connaissance, mais en tant que rempart contre la haine et le repli sur soi. A l’en croire, l’une de nos priorités doit être d’éveiller chez les jeunes générations une conscience critique, de leur transmettre les valeurs culturelles et sociétales authentiques qui sont le ciment de la paix. “Nous devons encourager le dialogue, le respect de la diversité et la solidarité, qui sont des antidotes naturels aux idéologies de haine. Je vous invite aujourd’hui à agir non seulement en tant que parlementaires, mais en tant que garants d’un avenir commun. Notre action ne doit pas se limiter à condamner le fascisme. Nous devons le combattre activement en renforçant nos institutions, en protégeant les droits de chaque citoyen, et en construisant une société où chacun se sent protégé et respecté”, a-t-il mentionné.
A ses dires, depuis une décennie, le Mali est victime d’une guerre importée et imposée qui a fait des milliers de morts. Cette guerre, poursuivra-t-il, fait suite à l’attaque néocolonialiste de l’Otan contre le régime du guide libyen Mouammar Kadhafi. Et de poursuivre que pendant 10 ans, malgré la présence de l’Armée française et ses alliés européens de l’Otan ainsi que la Minusma en tant que force de paix des Nations unies, notre pays avait perdu les 2/3 de son territoire et des milliers de vies humaines civiles et militaires, des écoles brûlées, des villages décimés, des camps militaires détruits, des champs agricoles ravagés et des troupeaux de bétail volés ou massacrés.
Les 2/3 de son territoire reconquis en trois ans
“Nous avons assisté impuissamment à l’assassinat des enfants, des femmes enceintes et à l’exécution sommaire des jeunes et des vieux. L’armée malienne réduite à une armée de répression, était cantonnée et réduite impuissante face à des terroristes fortement armés”, a rappelé le président de la commission santé du CNT.
A l’entendre, notre pays, était sous tutelle de l’Armée française et de l’Otan et sous-tutelle de la communauté internationale à travers la Minusma. Avant de rappeler qu’avec la complicité des organisations régionales et les autorités politiques de l’époque, le Mali a été contraint de signer un accord de partition programmée du pays, appelé Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Et de renchérir que c’est dans ce contexte que le peuple a pris son destin en main et les forces armées patriotiques ont parachevé la révolution populaire en mettant fin au régime complice de cette situation désastreuse. C’est ainsi que sous la transition, notre pays, après le départ des forces étrangères, a reconquis en trois ans les 2/3 de son territoire.
Pour lui, le pays a enregistré des réformes importantes notamment l’adoption d’une nouvelle constitution adaptée à nos valeurs et réalités sociales, l’adoption d’un nouveau code pénal et code de procédure pénale pour la refondation de la justice, l’adoption d’un nouveau code minier et son contenu local nationalisant nos ressources naturelles, l’adoption d’une nouvelle loi domaniale et foncière pour la sécurité juridique et judiciaire et la protection des droits de propriété et l’adoption d’une charte des valeurs associée au programme national d’éducation aux valeurs.
Veto systématique de la France
Au cours de cette guerre de libération, précisera-t-il, les autorités maliennes ont pris la main des autorités politiques françaises dans le sac de la promotion et du soutien au terrorisme et ont demandé à cet égard une réunion spéciale du Conseil de sécurité des Nations unies depuis le 15 août 2022. Cependant, la tenue de cette réunion fait toujours l’objet d’un veto systématique de la France, profitant et abusant ainsi de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
Il a saisi l’occasion pour demander au forum d’adopter une résolution pour soutenir le Mali dans l’examen de sa plainte contre la France au Conseil de sécurité des Nations unies. Car, cette épreuve de la vérité permettra de situer les responsabilités et de mettre fin à cette nouvelle forme de fascisme que le Sahel appelle le fascho-multilatéralisme, une forme plus sournoise du néofascisme.
Boubacar Païtao