“Education, soutien aux victimes et renforcement des lois sont essentiels pour toutes les femmes”
Ingénieur de la géologie et détentrice d’un master 2 MBA en management des projets d’ingénierie commerciale de l’Université internationale Sup Management en collaboration avec l’Université euro-américaine, certifiée maintes fois dans les domaines comme la fourniture des biens et services aux mines, en digital learning, en contenu local…, Mme Ilham Ait Addi Dienta, est hyper sensible sur la question des droits des femmes dans un contexte de violences basées sur le genre (VBG) exacerbées dans le monde. Elle a bien voulu nous entretenir à ce sujet avec des propositions frappées au coin du bon sens. Accessoirement, elle s’exprime sur la relation bilatérale Mali-Maroc et des moyens pour la renforcer et l’hospitalité malienne qu’elle salue à sa juste valeur. Entretien.
Aujourd’hui-Mali : Les violences faites aux femmes sont d’actualité cruciale dans le monde entier. Quelle analyse faites-vous de ce fléau mondial ?
Mme Ilham Ait Addi Dienta : Les violences faites aux femmes constituent un problème mondial grave, affectant des millions de femmes de tous âges et de toutes cultures. Elles englobent des formes variées, telles que la violence domestique, les agressions sexuelles, le harcèlement et la traite des êtres humains. Ce fléau est enraciné dans des inégalités profondes entre les sexes et des structures de pouvoir déséquilibrées. Les conséquences de ces violences sont vastes, incluant des impacts physiques et psychologiques graves pour les victimes, ainsi que des effets sociaux et économiques négatifs pour les communautés et les nations.
La pandémie de Covid-19 a exacerbé la situation, augmentant les cas de violences domestiques en raison du confinement et des tensions économiques. Des initiatives globales, telles que la Convention d’Istanbul et la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, visent à sensibiliser et à renforcer les mesures de protection. Cependant, un changement culturel profond et des politiques plus robustes sont nécessaires pour éradiquer ce fléau. Education, soutien aux victimes et renforcement des lois sont essentiels pour progresser vers l’égalité des sexes et la sécurité pour toutes les femmes.
Le Mali, à l’instar du monde entier, vient d’organiser 16 jours d’activisme contre les VBG. Quelle appréciation faites-vous de l’engagement des acteurs de la lutte et des pouvoirs publics contre ce fléau ?
Comme dans de nombreux pays, les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG) représentent une opportunité cruciale pour sensibiliser, mobiliser et renforcer l’engagement des divers acteurs dans la lutte contre ce fléau.
Voici quelques points d’appréciation concernant les acteurs de la lutte et les pouvoirs publics au Mali :
Mobilisation des acteurs : Les organisations non gouvernementales (ONG), les associations de femmes et les groupes communautaires jouent un rôle central. Ils sensibilisent la population, offrent des services de soutien aux victimes et plaident pour des changements de politiques. Leur engagement local est vital pour toucher les communautés.
Rôle des pouvoirs publics : L’engagement des gouvernements est essentiel pour mettre en place des lois et des politiques efficaces. Au Mali, des efforts ont été faits pour renforcer le cadre légal contre les VBG, mais la mise en œuvre reste un défi. La volonté politique à tous les niveaux est cruciale.
Sensibilisation et éducation : Les campagnes de sensibilisation, comme celles durant les 16 jours d’activisme, sont importantes pour changer les mentalités. Elles permettent de briser le silence autour des VBG et encouragent les victimes à se manifester.
Coordination et partenariat : La collaboration entre les ONG et les autorités est nécessaire pour créer un impact durable. Des partenariats solides peuvent renforcer les efforts en matière de prévention et de soutien aux victimes.
Défis persistants : Malgré les avancées, des obstacles subsistent, comme des stéréotypes de genre profondément ancrés, un manque de ressources et des défis logistiques dans les zones rurales. La sécurité des femmes et l’accès à la justice restent des enjeux majeurs.
Si on vous demandait de faire une étude comparée des combats menés au Mali et au Maroc, que diriez-vous ? Est-il possible, selon vous, de mettre en lien Maliens et Marocains pour le triomphe du bien-être général de la femme, de l’avancée de la lutte contre les VBG.
Les combats menés contre les violences basées sur le genre (VBG) au Mali et au Maroc, révèlent des contextes, des stratégies et des défis variés. Voici un aperçu de ces deux pays et des possibilités de synergies pour promouvoir le bien-être des femmes.
Contexte au Maroc
Cadre juridique : Le Maroc a renforcé son cadre juridique avec des lois contre les violences faites aux femmes, notamment la loi 103-13 adoptée en 2018, qui pénalise les violences physiques et psychologiques.
Sensibilisation : Des campagnes de sensibilisation et des programmes éducatifs sont mis en place pour changer les mentalités et réduire la stigmatisation des victimes.
Services de soutien : Des centres d’écoute et des plateformes de soutien sont disponibles, bien que leur accès puisse encore être limité dans certaines zones rurales.
Contexte au Mali
Cadre juridique : Bien que le Mali dispose de lois contre les VBG, leur application reste faible en raison des traditions culturelles qui minimisent la violence à l’égard des femmes.
Mobilisation communautaire : Plusieurs ONG et initiatives communautaires travaillent à conscientiser la population et à offrir du soutien aux victimes, mais ces efforts sont souvent entravés par le climat social et autre.
Défis socioculturels : Les normes traditionnelles aggravent la situation des femmes, limitant leur autonomie et leur accès à la justice. Possibilités de Synergies ;
Partage des connaissances : Échanger des bonnes pratiques entre les deux pays en matière de législation, de programmes de sensibilisation et d’interventions communautaires.
Collaboration entre ONG : Les organisations non gouvernementales pourraient travailler ensemble pour mettre en place des projets transnationaux, favorisant ainsi l’entraide et le partage des ressources.
Formations et capitalisations : Former des agents de changement dans les deux pays pour mieux lutter contre les VBG, en intégrant des voix et des expériences locales.
Plaidoyer commun : Unir les voix pour un plaidoyer international afin d’attirer l’attention sur les problématiques de genre et gagner en soutien politique et financier. Utilisation des technologies : Développer des plateformes numériques pour la sensibilisation et le soutien aux victimes, tirant parti de l’augmentation de l’accès à Internet et à la téléphonie mobile dans les deux pays. Ces synergies pourraient contribuer à renforcer les efforts pour faire triompher le bien-être des femmes et à créer un environnement plus sûr et plus équitable.
Quel jugement portez-vous sur la coopération Mali-Maroc ?
La coopération entre le Mali et le Maroc est marquée par plusieurs points forts qui renforcent les relations bilatérales entre les deux pays. Voici quelques aspects clés :
Coopération économique et commerciale : Les deux pays travaillent ensemble pour améliorer les échanges commerciaux. Le Mali et le Maroc cherchent à diversifier leurs partenariats économiques, notamment dans les domaines de l’agriculture, des infrastructures, et des énergies renouvelables.
Investissements marocains : Le Maroc a investi dans divers secteurs au Mali, y compris la banque, les télécommunications, et l’industrie pharmaceutique. Ces investissements contribuent au développement économique du Mali.
Coopération en matière de sécurité : Face aux défis sécuritaires dans la région sahélienne, le Maroc et le Mali collaborent en termes de formation et de partage d’informations pour mieux lutter contre le terrorisme.
Partenariats éducatifs et culturels : Le Maroc offre des bourses d’études aux étudiants maliens, facilitant ainsi l’accès à l’enseignement supérieur. Il y a aussi des initiatives pour renforcer les échanges culturels et promouvoir la compréhension mutuelle.
Appui au développement : Le Maroc a aidé le Mali dans plusieurs projets de développement, notamment dans le secteur agricole et sanitaire. Cette coopération contribue à améliorer les infrastructures et la qualité de vie au Mali. Ces points forts témoignent d’une relation bilatérale fructueuse et multidimensionnelle, axée sur le développement mutuel et la stabilité régionale.
Est-ce que les Maliens sont hospitaliers en particulier à l’égard des Marocains ?
L’hospitalité des Maliens est une caractéristique culturelle profondément ancrée dans leur mode de vie. Voici quelques points marquants qui soulignent cette hospitalité : Les Maliens sont reconnus pour leur accueil chaleureux. Lorsqu’un invité arrive, il est souvent reçu avec une grande cordialité, qu’il soit un étranger ou un visiteur. L’hospitalité est également liée à la valeur que les Maliens accordent aux relations sociales.
Au-delà de l’hospitalité formelle, les Maliens entretiennent des relations amicales qui incluent souvent des visites impromptues. Les amis et la famille sont toujours les bienvenus à tout moment. Cette hospitalité fait partie intégrante de la culture malienne et contribue à créer un environnement convivial et inclusif. 9. la violence basée sur le genre (VBG) est un enjeu crucial dans la construction de relations saines et respectueuses. Voici quelques conseils pour les nouveaux couples afin de prévenir l’installation de la VBG dans leur ménage :
Communication ouverte : Établissez un dialogue franc et ouvert dès le début de la relation. Parlez de vos attentes, de vos valeurs et de vos préoccupations. Une communication honnête peut prévenir des malentendus et des conflits.
Respect mutuel : Le respect est fondamental dans toute relation. Attendez-vous à être traité avec dignité et respect, et assurez-vous de faire de même envers votre partenaire. Évitez les comportements humiliants ou dégradants.
Égalité : Promouvez une dynamique de couple équilibrée où les décisions importantes sont prises ensemble. Évitez les stéréotypes de genre qui peuvent conduire à des déséquilibres de pouvoir.
Éducation et sensibilisation : Informez-vous sur les droits des femmes et la lutte contre la VBG. Participer à des ateliers ou à des formations peut renforcer la compréhension des enjeux de la VBG.
Soutien communautaire : Entourez-vous d’un réseau de soutien, que ce soit des amis, de la famille ou des groupes communautaires qui promeuvent des relations saines et respectueuses. Recourir aux ressources communautaires peut également fournir de l’aide en cas de besoin.
Gestion des conflits : Apprenez à gérer les conflits de manière constructive. Évitez des comportements agressifs ou négatifs lors des désaccords et cherchez à résoudre les problèmes par le dialogue et la négociation.
Empowerment : Encouragez-vous mutuellement à poursuivre vos ambitions et vos projets. L’autonomisation dans le couple contribue à renforcer l’estime de soi et à réduire les tensions.
Prévention de la violence : Soyez vigilant face à tout comportement suspect. Si un comportement abusif est détecté, abordez-le immédiatement et recherchez un soutien si nécessaire. En mettant l’accent sur ces éléments, les nouveaux couples peuvent travailler ensemble pour construire une relation fondée sur le respect, la confiance et l’égalité, contribuant ainsi à prévenir la VBG dans leur ménage.
Votre mot de la fin ?
La violence basée sur le genre est une violation grave des droits humains qui affecte la dignité et le bien-être de millions de personnes, en particulier des femmes et des filles. Il est impératif que tous les acteurs concernés (gouvernements, organisations de la société civile, communautés et citoyens) unissent leurs efforts pour sensibiliser, prévenir et répondre efficacement à cette problématique. Ensemble, en renforçant la législation, en promouvant l’éducation et en soutenant les victimes, nous pouvons bâtir une société où chacun vit dans la sécurité, le respect et l’égalité.
Propos recueillis par El hadj A. B. HAIDARA